|
Globicyclette
en Thaïlande (1)
|
|
|
Amis voyageurs, bienvenue en Asie du Sud-Est
!
Rizières, bouddhas dorés,
chapeaux pointus et yeux bridés
: nos stéréotypes de ce bout du monde-là sont-ils
vraiment à l'image de ce que nous allons y trouver ? Après
les steppes, les déserts, les plaines immenses et les sommets
solitaires de l'Asie Centrale, envolez-vous avec nous pour la Thaïlande,
le Laos, le Cambodge et le Vietnam : le pédalage des six prochains
mois se fera... au(x) pay(s) du riz ! Est-ce que c'est vraiment plat,
l'Asie du Sud-Est ? vraiment aussi peuplée que ça ? Allons-nous
retomber dans l'enfer des alphabets indéchiffrables ? Allons-nous
vraiment abandonner nos chères pâtes à la tomate
pour le riz au soja ? Suivez-nous, nous allons voir ça de plus
près...
Les derniers carnets vous avaient laissés à la frontière
entre le montagneux Kirghizstan et les plaines casaques. Mais le temps
se rafraîchit, et les températures négatives sous
la tente (voire pendant le pédalage...) nous incitent à partir à la
recherche de pays plus chauds... Préparez-vous, c'est l'heure
de la Globicyclette Migration, direction : la Thaïlande !
|
|
 |
|
6-16 octobre : derniers coups de pédale en Asie Centrale
|
Nos
derniers kilomètres en Asie Centrale se feront au Kazakhstan
: après un détour par le très beau Sharyn
Canyon au sud-est du pays (voir
nos photos sur Picasa, album Kazakhstan le retour ),
nous avons rejoint la capitale, Almaty, pour y attraper un
avion
en partance pour Bangkok. |
|
Deux jours en ville nous permettront
de revoir nos amis Abuadam et Inessa (voir
carnets du Kazakhstan), et de retaper nos vélos
au magasin de vélos du quartier. Nous y ferons
connaissance avec le patron, Igor, un fan du Tour de
France avec qui
nous parlerons vélos
toute une soirée... Puis c'est l'heure d'un pédalage
nocturne vers l'aéroport, par -1°C, les pieds glacés
et les doigts blancs sur le guidon bien froid : vivement les tropiques
!
|
|
17 - 23 octobre : à la découverte de Bangkok
|
Mais nous allons vite regretter d'avoir
espéré un peu plus de chaleur... car nous allons être
servis ! On s'en rend compte dès notre sortie de l'avion,
encore couverts de nos vestes, polaires et doudounes enfilées à Almaty
(non seulement à cause du froid, mais aussi pour gagner un
maximum de poids sur nos bagages enregistrés, bien plus lourds
que la limite autorisée !).
|
Quelle
idée, débarquer
en Thaïlande à la fin de la mousson ! Nous avons
passé le mois précédent à habituer
peu à peu nos organismes à vivre entre 0 et 10
degrés, au point qu'à Almaty, nous étouffions
déjà dans les habitations non chauffées.
Et là... il fait déjà bien trop chaud dans
l'aéroport, quand soudain nous réalisons avec effroi
que nous sommes... dans un espace climatisé ! argh. Les
amis, ça va chauffer.... |
Mission asiatique number one : sortir de
l'aéroport et parvenir à gagner
l'appartement de Margot et Pénylène, deux françaises
que nous avons trouvées sur le site de Couchsurfing (si vous
ne connaissez pas encore allez vite y faire un tour) et qui vont
nous héberger pendant notre séjour à Bangkok.
Premier constat : l'alphabet thai fait de très jolis panneaux,
mais on n'y comprend, bien sûr, absolument rien... Second constat
: après un pédalage incertain sur la voie rapide à sens
unique qui sort de l'aéroport, nous réalisons un peu
tard que... la conduite se fait à gauche ! oups, sous l'effet
de la fatigue et du décalage horaire, nous avions oublié ce
détail crucial : heureusement que ce n'était pas une
double voie ! Troisième constat : on étouffe ! (ou
serait-ce le premier constat??). Nous ruisselons dès le second
tour de pédales, et la vitesse s'en ressent : tant mieux, ça
nous laisse le temps d'essayer de comprendre les panneaux ! Ce qui
ne nous empêche pas de nous perdre dans la jungle des autoroutes
entrecroisées qui semblent jaillir de l'aéroport, comme
des tentacules emmêlés d'une pieuvre de béton
géante.
Tiens.. du béton ! Hé oui, nous voici de retour en
pays moderne ! Du béton, des affiches géantes de publicité,
des voitures de moins de 20 ans d'âge, des hommes d'affaires
en costume-cravate au volant : après les yourtes et les charrettes à cheval
du Kirghizstan, ça fait tout drôle !
Qui
dit pays moderne dit aussi embouteillages et vapeurs des pots
d'échappement... nous
n'y échappons pas, justement, découvrant que
les grandes artères de Bangkok sont souvent enfermées
sous d'autres voies surélevées, et siège
d'un trafic aussi infernal que bruyant... On se perd, on redécouvre
la joie des queues de poisson des bus, on perd en deux heures
tout le bénéfice que l'air frais des montagnes
avait apporté à nos poumons, bref on est finalement
ravis d'arriver enfin chez nos couchsurfeuses ! |
|
On découvre deux jeunes femmes aussi sympas que jolies, avec
qui nous nous sentons tout de suite à l'aise, dans un appartement
qui, après les yourtes, nous semble immense et lumineux. Et
c'est bon de reparler un peu français !
Nous allons passer quelques jours chez elles, le temps de découvrir
Bangkok, de s'habituer à la chaleur, et de préparer notre
itinéraire à venir. Elles sont adorables et aussi bavardes
que nous ! Elles nous apprennent nos premiers mots de thaïlandais,
nous introduisent au plaisir des repas thais pris dans la rue, et ne
semblent même pas terrifiées par l'énorme bazar
que nos mettons avec nos affaires au milieu de leur salon : des hôtes
parfaites ! Nous partons visiter Bangkok avec Margot (à pied
et en touk-touk, pas en vélo!), et découvrons une ville
animée et joyeuse. Que de monde partout ! Ici, tout se passe
dans la rue. On s'y promène, on y mange, on y achète
tout aux étals des marchés qui semblent border chaque
coin de rue, le tout dans un festival de couleurs et d'odeurs qui nous éblouit.
|
Et
la nourriture ! un délice, pour trois fois rien. A chaque
coin de rue, un marchand avec sa carriole propose, qui des
fruits délicieux
(ananas, mangue, pastèque) en brochettes saupoudrées
de sucre au piment!! (surprenant au début!), qui des
bananes grillées, des brochettes de viandes inconnues,
des crêpes miniatures arrosées de lait concentré,
du café instantané, des « fruit shakes » à base
de poudres à tous les parfums, des desserts étranges,
colorés, gélatineux et terriblement sucrés,
des insectes grillés, et tant d'autres mystères
exotiques... Notre préféré reste le marchand
de « Pad Thai », le plat de nouilles local qui
se prépare en quelques minutes sous nos yeux, dans d'énormes
woks noircis par la flamme des butagaz des rues : nouilles
sautées à l'œuf,
mélangées avec des oignons verts, des pousses
de soja, des morceaux de porc ou de poulet, ou de minuscules
crevettes
déshydratées, le tout arrosé de petits
morceaux de cacahuète... Un petit délice de saveurs
qui tient au corps, le tout pour moins d'un demi euro ! |
Nous découvrons que les thaïlandais
mangent de tout et à toute heure, toujours dans la rue, debout
ou posés
au petit bonheur sur de minuscules tabourets de plastique. Pas
de vrai grand repas, mais plein de petits grignotages au hasard des
rues...
Inutile de dire qu'on adore ça ! L'animation qui en résulte
est presque étourdissante, d'autant qu'elle est associée à un éternel
trafic vrombissant. Personne ne conduit vite, mais tout le monde
conduit partout… et n'importe où ! Nous prenons
en premier le « bateau
taxi », une sorte de métro sur l'eau : il y a des « arrêts » sur
des pontons le long du fleuve, et une jonque à moteur
ultra-rapide y passe toutes les 10 minutes. Ah, le fleuve, enfin
un peu de fraîcheur
! Et après le bateau, c'est en «touk-touk» que
nous visitons le centre, fascinés par l'adresse virtuose
de notre chauffeur, qui se faufile entre les voitures à toute
vitesse : on n'en est pas encore là sur nos vélos
!
Nous
découvrons
les temples (ou « Wat ») du centre, décorés
de mosaïques rutilantes et de dorures à la fois
kitsch, impressionnantes et merveilleuses. L'un d'entre eux,
le
Wat Pho, abrite la statue gigantesque d'un bouddha couché entièrement
recouvert d'or. L'ensemble donne une impression d'exiguïté des
lieux, ou de gigantisme du lieu... au choix ! |
|
Le dépaysement
est total, et avec la chaleur jointe à la fatigue du voyage,
nous flottons au milieu de cette animation et de ces couleurs comme
dans un rêve. Le soir, fourbus par cette journée de marche
(nos muscles de pédaleurs ont perdu l'habitude des pieds sur
terre !), nous nous offrons un massage local, guidés par Margot.
Quel délice ! Enfin, pas pour tout le monde : car les massages
thaïlandais se font notamment par étirement des muscles...
et Olivier, pas vraiment souple, va subir le martyre sous les rires
des masseuses. Il faut souffrir pour être détendu, semble-t-il,
hi hi ! en tout cas, ça marche, nous sortons de là à la
fois reposés et revigorés, c'en est presque magique.
Mais il est temps de quitter les lumières et les folies de la
vie citadine pour retourner sur nos fidèles destriers. Toujours
aussi assommés par la chaleur, nous avons décidé d’en
profiter pour nous alléger un peu : nous quittons Bangkok, mais
y repasserons en janvier, après un tour au Laos. Nous décidons
donc de laisser chez Pénylène et Margot notre chère
BOB, la remorque, remplie de toutes les affaires chaudes qui ne nous
seront absolument pas utiles avec les 40 degrés ambiants : gants,
bonnets, duvet, bouilloire, doudounes et grosses chaussettes vont rester
sur place ! « Ah, qu'on est mieux, avec simplement deux sacoches
! », s'extasie Olivier. « Heu, pas si vite jeune homme,
répond Amanda : moi, j'ai toujours mes quatre sacoches, toujours
remplies, alors on va redistribuer tout ça au plus vite ! ».
Mais même après répartition plus équitable,
on apprécie l'allègement. Autre différence notable
avec les pays précédents : ici, il y a de la nourriture
disponible absolument partout : il devient même inutile (et plus
cher) de cuire soi-même ses repas... et surtout de transporter
des vivres ! Voilà qui nous fera encore moins lourd à porter...
Le programme des semaines à venir, c'est de gagner rapidement...
le Laos. Car on nous y attend : nous avons prévu de passer deux
mois dans une petite association humanitaire, EranLao, basée
juste à côté de Vientiane. Nous avons donc quinze
jours pour traverser un bon morceau de la Thaïlande : c'est
parti !
|
|
23 -26 octobre : temples anciens et nouveaux copains
|
C'est
parti, ou presque : en prévision de notre
arrivée prochaine au Laos, nous partons d'abord nous renseigner à l'ambassade
sur les visas nécessaires (pas de souci, on peut les faire
directement à la frontière).
|
Alors
que nous sortons de l'ambassade, une vision improbable à quelques
mètres
: une deux-chevaux ! une vraie bien française,
avec plaque d'immatriculation de l'Hérault.
Derrière
le petit pare-brise, un couple, Coralie et Fabien,
qui nous interpellent tout de suite : ça alors,
d'autres voyageurs fous ! Eux ont décidé de
rallier Montpellier – Laos
avec Rustine, leur Deuch', et mènent en parallèle
un projet sur l'eau dans le monde (voir leur très
bon site web : www.
noriaproject.com). |
En quelques phrases
nous accrochons tout de suite : « Dommage qu'on ne puisse
pas discuter plus... Vous allez où ? ». On découvre
alors que nous prévoyons de quitter Bangkok à peu
près
en même temps, et dans la même
direction : celle des très beaux temples d'Ayuttaya, à 80
km au nord de Bangkok : pourquoi ne pas s'y retrouver ? « Rendez-vous
là-bas dans deux jours! ». Chouette, de nouveaux
copains en perspective...
Enfin pour le moment, l'objectif premier est de parvenir à quitter
Bangkok, vivants, avec des poumons encore alvéolés,
et si possible sur la bonne route. Courage ! On déteste le
pédalage à la sortie des grandes villes... Ici, on
en aura pour une bonne journée dans le bruit et le trafic, à se
perdre dans le réseau complexe des grandes routes surélevées
qui entoure la ville. Celle-ci n'en finit pas, au point que nous
nous trouvons obligés de dormir dans un hôtel pour notre
premier soir, car après 60 km aucun autre bivouac possible
n'est apparu. Heureusement, on a aussi découvert la bonne
surprise de l'Asie du Sud-Est : ses prix réduits ! 50 ct d'euro
pour un Pad Thai, 3 euros pour une chambre d'hôtel climatisée,
15 ct pour un de ces cafés frappés fabuleusement sucrés
que l'on vous concocte en quelques secondes à tous les coins
de rue. Vive la Thaïlande !
Et puis doucement,
la ville laisse place aux champs, et nous finissons par arriver à Ayuttaya
: tiens tiens, une Deuch' devant l'office de tourisme ! Avec
sa déco de joyeuses
bulles bleues, Rustine est inratable. Fab et Coco sont au rendez-vous
! Nous allons passer
avec eux deux excellentes journées à visiter
les temples, et autant de soirées en bivouac sauvage,
où nous
nous découvrirons un commun amour pour les crêpes
cuisinées
au réchaud. Et comme nous le pressentions, ces deux-là vont
devenir de vrais amis ! C'est que malgré nos deux modes
différents
de transport, nous partageons une myriade de points communs...
On s'amuse même à échanger quelques minutes
nos montures, et Fabien aura du mal à renoncer à pédaler:
qui sait si ces deux-là ne repartiront pas en vélo
couché un
jour...?
Copineries mises à part,
Ayuttaya est splendide. Nous découvrons
une dizaine de sites disséminés dans la petite ville, où trônent
des temples souvent envahis de végétation mais encore bien
conservés,
vestiges d'une civilisation du XIIème siècle. Quand on
dit temple, on pense le plus souvent au temple « grec »,
avec son toit, ses colonnes... mais ici les temples n'ont rien à voir.
Certes, il en reste souvent une plate-forme surmontée de colonnes
un peu bancales, mais il faut y ajouter un haut monument qui domine le
tout, le stupa (ou chedi), souvent accompagné de
copies plus petites.
Ce
sont des espèces
de tours en forme de cloche, terminées au sommet par
une pointe simple, ou annelées, ou en forme de fleur
ou bourgeon de lotus. On dit qu'elles sont bâties sur
des reliques sacrées, de bouddha ou de rois...Les
stupas préférés d'Olivier sont les Praang,
de style khmer, qui ne ressemblent pas du tout aux autres
: ici les tours sont de forme oblongue, phallique même,
et sont décorées d'innombrables petites niches
ornées de bas-reliefs. Elles sont effectivement
magnifiques. |
|
Temples et stupas étaient à l'origine
recouverts d'une sorte de crépi orné de motifs, et probablement
peints, mais aujourd'hui il ne subsiste qu'en de rares endroits, laissant à nu
les briques de latérite rouges et poreuses qui étaient au-dessous.
L'ensemble dégage une atmosphère de grandeur passée et de
mystère, impression renforcée par les lianes et les herbes qui
envahissent le tout. Nous voilà dans la cité des singes du Livre
de la Jungle ! Des heures durant, appareil photo en main, on se laisse charmer
par la magie de ces vieilles pierres que le temps a fait onduler : plus rien
n'est droit, tout est un peu bancal, et c'est encore plus beau ainsi, comme un
visage ancien buriné par le temps...
|
|
27 octobre – 5
novembre : en route vers le Laos
|
Suite du programme après
cette escapade dans le passé : laisser partir (à regret)
nos deux Deuxchevaucheurs vers leurs aventures cambodgiennes, tandis
que nous allons de notre côté filer vers Vientiane,
au Laos : Hervé et Toun, les fondateurs de l'association
Eranlao, nous y attendent pour début novembre.
La chaleur humide qui ne nous a pas quittés depuis notre atterrissage à Bangkok
rend le pédalage pénible : en quelques minutes, nous sommes couverts
de sueur, et vers midi la température avoisine les 50 degrés. Au
secours, nous voilà presque de retour en Mauritanie ! Sauf que là,
l'eau n'est plus un problème. La densité de population fait qu'il
ne se déroule jamais guère plus d'un kilomètre sans habitation,
et ici, qui dit habitation, dit nourriture dans la rue, et donc eau!
|
En
parlant d'eau... la pluie, que nous maudissons d'habitude
allègrement,
devient une bénédiction. Ce qui tombe bien,
car nous allons être servis: le ciel nous tombe sur
la tête au moins une fois par jour, parfois pour
10 minutes, parfois pour plus d'une heure... Au plus fort
des
averses, impossible de pédaler: soit on a de la
chance, et un abribus en bois ou une boutique sont dans
les parages,
soit... on a droit à la douche sur place ! Mais
si en d'autres lieux se faire tremper était catastrophique
(en Islande par exemple), ici tout sèche en quelques
minutes. Un soir, nous décidons même de ressortir
de la tente que nous venions de dresser, et de se savonner
sous l'averse : ça y est, on est en pleine pub « Tahiti
Douche »! (on précise que pour une rare fois,
nous avions trouvé un bivouac à l'abri des
regards...). |
Mais le
rafraîchissement ne dure qu'un temps, et bien vite, nous revoilà suant
sur nos vélos, ou en plein sauna sous la tente. Sous la tente? C'est
que les bivouacs à la belle étoile ne sont plus de mise par ici
: dès que les derniers rayons du soleil disparaissent, les moustiques
attaquent.. en légions virevoltantes et assassines. Même une fois
sous la tente (dans le suffocant délice des 40 degrés qui y règnent),
la chasse continue jusqu'à extermination féroce des derniers
envahisseurs qui y sont entrés avec nous... Comme quoi, on trouve toujours
de quoi occuper ses soirées!
Bref, en journée comme en soirée, tout est poisseux, surtout nous.
Une nuit, l'averse se poursuivra pendant des heures, et nous découvrirons
vite que le sol de notre tente n'est plus étanche: le sauna devient la
baignoire, et nous pataugeons, cernés par des grenouilles qui ont décidé de
nous souhaiter la bienvenue dans le monde aquatique par un concert nocturne assourdissant.
Bon, soyons positifs, il n'y a plus un moustique aux alentours!
Le pédalage n'est cependant
pas dépourvu de charme. D'abord, le
retour à l'asphalte, après les routes cabossées d'Asie
Centrale, est un vrai délice. Délestés d'un peu de poids à Bangkok,
nous filons sur ces routes faciles et retrouvons enfin le plaisir d'avaler
des kilomètres. Les paysages, bien que relativement plats, sont superbes,
avec une végétation qui décline toutes les nuances de
vert. On aime! Et surtout, en Thaïlande, on trouve... les Thaïlandais!
Nous ne tardons pas à découvrir la douceur et la gentillesse
de la population. Malgré la barrière de la langue (sorti de
Bangkok, peu de monde parle anglais), nous parvenons à nous comprendre
plutôt
bien, et tous les thaïlandais que nous croisons sont terriblement serviables
et enthousiastes devant nos vélos.
Et
la nourriture! plus de cuisine sous la tente, nous nous
arrêtons simplement
quand la faim se fait sentir: il y a toujours quelque-chose
de bon qui se cuisine à deux pas, dans la rue ou dans
un marché voisin. Nous avons simplement dû apprendre
deux mots majeurs: « Kor Pet », c'est-à-dire « non
pimenté » ! D'ailleurs ça ne marche pas
toujours, la notion de pimenté n'étant pas
la même pour tout le monde... |
|
Assez vite, nous nous lassons des
grandes routes nationales, souvent à quatre
voies, où passe un trafic assourdissant de pick-up, camions et 4*4.
Bifurquons sur les petites routes! Le chemin sera plus long, mais bien plus
agréable.
D'autant qu'ici, même les petites routes sont larges et asphaltées:
on est loin des pistes de mulets de l'Asie Centrale! A l'exception toutefois
de quelques-unes, et nous l'apprendrons à nos dépens. Nos bifurcations
nous ont amenés à proximité du parc national de Tad
Ton, plutôt joli, et nous retrouvons un peu de relief: tiens, ce n'est
donc pas si plat, la Thaïlande? en tout cas, on va grimper... mais pour
rien! Car le jour suivant, nous découvrons que la route que nous suivions
est coupée: les récentes pluies ont raviné la piste,
qui est devenue un tas de boue impraticable… Demi-tour! Zut, on vient
de perdre presque deux jours de pédalage… Mais on comprend enfin
pourquoi les locaux nous montraient la direction d'où nous venions
lorsqu’on
leur demandait la route pour le village situé devant nous! bon ben,
pas le choix, on redescend, et l’on finira par rejoindre la grosse
nationale pour rattraper le retard et arriver à temps au Laos.
En route, nous croisons
une vendeuse de cerf-volants: tiens, ça ferait joli
sur nos vélos! Aussitôt dit, aussitôt
fait, et nous pédalons à présent avec
deux nouveaux compagnons flottants, à la grande joie
des enfants qui nous croisent. |
|
Nous découvrons aussi la friandise
locale, vendue elle aussi sur le bord des routes à l’ombre
de petits parasols de plage: des morceaux de bambou creux fourrés
d’un mélange de riz
collant, haricots rouges, lait concentré, et lait de coco. Le snack
idéal
du pédaleur ! Il nous faudra juste découvrir comment ça
se mange…
Avec tout ça, la route défile,
et nous voilà déjà à la
frontière laotienne: mince, la Thaïlande est passée trop
vite! Mais pas de souci, nous la retrouverons dans deux mois et demi, après
un petit tour par le nord du Laos. A bientôt, pays du sourire !
|
|
Les
petits détails du quotidien...
|
Aaaaah, la nourriture Thaïlandaise
! Après six mois de « tout au mouton » en
Asie Centrale, nous aurions vendu nos vélos pour
quelques fruits...(heu, ou presque !). Et là...
Où que l'on pointe nos pédales, des délices
nous attendent, au point que nous avons remisé réchaud
et casseroles au fond des sacoches. De toutes façons,
le concept de supermarché n'a pas dépassé Bangkok,
et si les magasins « SevenEleven » omniprésents
rappellent régulièrement que nous nous trouvons
en pays « occidentalisé », on n'y trouve
guère que des chips et des sucreries. Plus de pâtes,
plus de flocons d'avoine, plus de crêpes, de toutes
façons il fait trop chaud pour cuisiner ! Et à quoi
bon ? Lorsque l'estomac gargouille, il suffit de descendre
de vélo... Pour déguster, par exemple :
-
le riz
bien sûr ! Omniprésent, le « Kao » accompagne
presque chaque plat, souvent frit au wok («Kao
Pad»)
et accompagné de légumes et morceaux
de viande ou omelette. Il existe aussi en version « collante ».
C'est le Kao Niao, ou « sticky rice »,
ou riz collant (on dit aussi « riz gluant » mais
il n'a rien de gluant en fait!). A Bangkok,
il est très
souvent servi avec du lait de coco, du lait
concentré sucré,
et des tranches de mangue : « Mango Sticky
Rice »...
miam !
-
le Pad
Thai : ici, les nouilles maison remplacent le riz (voir
description plus haut). Ce plat complet
et particulièrement
copieux est toujours servi avec de
grands verres d'eau glacée: une bénédiction
pour le pédaleur surchauffé...
-
les fruits
! des mangues, des bananes bien sur, mais aussi des
fruits plus mystérieux : le «fruit
du dragon»,
au rose fushia étonnant
qui révèle
lorsqu'on le coupe une
chair blanche parsemée
de petits grains noirs,
un peu comme un kiwi,
en
plus fade; les mangoustans,
qui sont les rois des fruits,
comme de petites pommes à la
peau coriace qu'il faut éplucher
pour en déloger
des quartiers blanchâtres
un peu gluants, mais sucrés
et délicatement
parfumés... un délice...;
le tamarin, qui peut
faire
penser de loin à une
cacahuète
géante non décortiquée,
mais dont l'enveloppe cassante
cache une pâte brune
collante au goût
acidulé; les
papayes, qui sont ici l'équivalent
de nos melons, énormes, à la
chair orange vif sucrée
et riche en eau. Et tant
d'autres, que nous n'avons
pas encore eu l'occasion
de goûter : on verra ça à notre
second passage !

-
les
desserts à la glace pilée : l'idéal
par cette
chaleur... Prenez un bol, déposez-y une
bonne quantité de
cubes de
gélatine
colorée
(si possible
bleue, verte
ou rose fushia),
puis recouvrez
le tout de
glace pilée
jusqu'à ras
bord. Arrosez
ensuite de
sirop coloré (le
plus souvent
rose fushia
aussi) et
de lait concentré sucré (plus
c'est sucré,
plus c'est
poisseux,
meilleur
c'est !).
Et voilà !
Le dégustateur
peut ensuite
mélanger
le tout pour
former un
bouillon
glacé de
couleur indéfinissable
où flottent
des bouts
de gélatine.
C'est comme
les poupées
Barbie :
c'est rose,
c'est plastique, ça
horrifie
les parents,
et ça
fait le bonheur
des bambins...
Nous, on
est du côté des
enfants à la
langue rose fluo
!
Ce n'est bien sûr qu'un minuscule échantillon
: la gastronomie thaïlandaise est absolument fabuleuse
et bien plus raffinée que ces quelques lignes ne le
laissent penser ! Mais nous y reviendrons... dans les prochains
carnets sur notre retour en Thailande, d'ici quelques mois
!
- la chaleur humide, et la
pluie un peu trop présente à notre goût
- le pédalage dans Bangkok, aromatisé aux pots d'échappement
- le tourisme sexuel impossible à ignorer : le mal de coeur
devant tous ces couples « délicieuse jeune thaïlandaise à peine
majeure... et à peine vêtue / vieux européen
gras, rose et bedonnant, une main tenant une bière, l'autre
fièrement posée sur sa hum... conquête »
- les grosses nationales inintéressantes et bruyantes
- les moustiques
- le départ de Fabien et Coralie
- les soirées vraiment sympas passées avec Pénylène
et Margot
- les temples d'Ayuttaya
- Fabien et Coralie !
- la nourriture des rues...rrraaahhhh
- le sourire des Thaïlandais (Olivier précise : des
Thaïlandaises !)
- l'animation colorée et toujours joyeuse des villages traversés
- les belles routes d'asphalte
et le retour en pays « moderne »
|
|
|
|