Globicyclette en Thaïlande (1)

 

 

 

Amis voyageurs, bienvenue en Asie du Sud-Est !

Rizières, bouddhas dorés, chapeaux pointus et yeux bridés : nos stéréotypes de ce bout du monde-là sont-ils vraiment à l'image de ce que nous allons y trouver ? Après les steppes, les déserts, les plaines immenses et les sommets solitaires de l'Asie Centrale, envolez-vous avec nous pour la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam : le pédalage des six prochains mois se fera... au(x) pay(s) du riz ! Est-ce que c'est vraiment plat, l'Asie du Sud-Est ? vraiment aussi peuplée que ça ? Allons-nous retomber dans l'enfer des alphabets indéchiffrables ? Allons-nous vraiment abandonner nos chères pâtes à la tomate pour le riz au soja ? Suivez-nous, nous allons voir ça de plus près...
Les derniers carnets vous avaient laissés à la frontière entre le montagneux Kirghizstan et les plaines casaques. Mais le temps se rafraîchit, et les températures négatives sous la tente (voire pendant le pédalage...) nous incitent à partir à la recherche de pays plus chauds... Préparez-vous, c'est l'heure de la Globicyclette Migration, direction : la Thaïlande !

 


6-16 octobre : derniers coups de pédale en Asie Centrale

 
Nos derniers kilomètres en Asie Centrale se feront au Kazakhstan : après un détour par le très beau Sharyn Canyon au sud-est du pays (voir nos photos sur Picasa, album Kazakhstan le retour ), nous avons rejoint la capitale, Almaty, pour y attraper un avion en partance pour Bangkok.

Deux jours en ville nous permettront de revoir nos amis Abuadam et Inessa (voir carnets du Kazakhstan), et de retaper nos vélos au magasin de vélos du quartier. Nous y ferons connaissance avec le patron, Igor, un fan du Tour de France avec qui nous parlerons vélos toute une soirée... Puis c'est l'heure d'un pédalage nocturne vers l'aéroport, par -1°C, les pieds glacés et les doigts blancs sur le guidon bien froid : vivement les tropiques !

 


17 - 23 octobre : à la découverte de Bangkok

 

Mais nous allons vite regretter d'avoir espéré un peu plus de chaleur... car nous allons être servis ! On s'en rend compte dès notre sortie de l'avion, encore couverts de nos vestes, polaires et doudounes enfilées à Almaty (non seulement à cause du froid, mais aussi pour gagner un maximum de poids sur nos bagages enregistrés, bien plus lourds que la limite autorisée !).

Quelle idée, débarquer en Thaïlande à la fin de la mousson ! Nous avons passé le mois précédent à habituer peu à peu nos organismes à vivre entre 0 et 10 degrés, au point qu'à Almaty, nous étouffions déjà dans les habitations non chauffées. Et là... il fait déjà bien trop chaud dans l'aéroport, quand soudain nous réalisons avec effroi que nous sommes... dans un espace climatisé ! argh. Les amis, ça va chauffer....

Mission asiatique number one : sortir de l'aéroport et parvenir à gagner l'appartement de Margot et Pénylène, deux françaises que nous avons trouvées sur le site de Couchsurfing (si vous ne connaissez pas encore allez vite y faire un tour) et qui vont nous héberger pendant notre séjour à Bangkok.
Premier constat : l'alphabet thai fait de très jolis panneaux, mais on n'y comprend, bien sûr, absolument rien... Second constat : après un pédalage incertain sur la voie rapide à sens unique qui sort de l'aéroport, nous réalisons un peu tard que... la conduite se fait à gauche ! oups, sous l'effet de la fatigue et du décalage horaire, nous avions oublié ce détail crucial : heureusement que ce n'était pas une double voie !
Troisième constat : on étouffe ! (ou serait-ce le premier constat??). Nous ruisselons dès le second tour de pédales, et la vitesse s'en ressent : tant mieux, ça nous laisse le temps d'essayer de comprendre les panneaux !
Ce qui ne nous empêche pas de nous perdre dans la jungle des autoroutes entrecroisées qui semblent jaillir de l'aéroport, comme des tentacules emmêlés d'une pieuvre de béton géante. Tiens.. du béton ! Hé oui, nous voici de retour en pays moderne ! Du béton, des affiches géantes de publicité, des voitures de moins de 20 ans d'âge, des hommes d'affaires en costume-cravate au volant : après les yourtes et les charrettes à cheval du Kirghizstan, ça fait tout drôle !

Qui dit pays moderne dit aussi embouteillages et vapeurs des pots d'échappement... nous n'y échappons pas, justement, découvrant que les grandes artères de Bangkok sont souvent enfermées sous d'autres voies surélevées, et siège d'un trafic aussi infernal que bruyant... On se perd, on redécouvre la joie des queues de poisson des bus, on perd en deux heures tout le bénéfice que l'air frais des montagnes avait apporté à nos poumons, bref on est finalement ravis d'arriver enfin chez nos couchsurfeuses !

On découvre deux jeunes femmes aussi sympas que jolies, avec qui nous nous sentons tout de suite à l'aise, dans un appartement qui, après les yourtes, nous semble immense et lumineux. Et c'est bon de reparler un peu français !
Nous allons passer quelques jours chez elles, le temps de découvrir Bangkok, de s'habituer à la chaleur, et de préparer notre itinéraire à venir. Elles sont adorables et aussi bavardes que nous ! Elles nous apprennent nos premiers mots de thaïlandais, nous introduisent au plaisir des repas thais pris dans la rue, et ne semblent même pas terrifiées par l'énorme bazar que nos mettons avec nos affaires au milieu de leur salon : des hôtes parfaites ! Nous partons visiter Bangkok avec Margot (à pied et en touk-touk, pas en vélo!), et découvrons une ville animée et joyeuse. Que de monde partout ! Ici, tout se passe dans la rue. On s'y promène, on y mange, on y achète tout aux étals des marchés qui semblent border chaque coin de rue, le tout dans un festival de couleurs et d'odeurs qui nous éblouit.

Et la nourriture ! un délice, pour trois fois rien. A chaque coin de rue, un marchand avec sa carriole propose, qui des fruits délicieux (ananas, mangue, pastèque) en brochettes saupoudrées de sucre au piment!! (surprenant au début!), qui des bananes grillées, des brochettes de viandes inconnues, des crêpes miniatures arrosées de lait concentré, du café instantané, des « fruit shakes » à base de poudres à tous les parfums, des desserts étranges, colorés, gélatineux et terriblement sucrés, des insectes grillés, et tant d'autres mystères exotiques... Notre préféré reste le marchand de « Pad Thai », le plat de nouilles local qui se prépare en quelques minutes sous nos yeux, dans d'énormes woks noircis par la flamme des butagaz des rues : nouilles sautées à l'œuf, mélangées avec des oignons verts, des pousses de soja, des morceaux de porc ou de poulet, ou de minuscules crevettes déshydratées, le tout arrosé de petits morceaux de cacahuète... Un petit délice de saveurs qui tient au corps, le tout pour moins d'un demi euro !

Nous découvrons que les thaïlandais mangent de tout et à toute heure, toujours dans la rue, debout ou posés au petit bonheur sur de minuscules tabourets de plastique. Pas de vrai grand repas, mais plein de petits grignotages au hasard des rues... Inutile de dire qu'on adore ça ! L'animation qui en résulte est presque étourdissante, d'autant qu'elle est associée à un éternel trafic vrombissant. Personne ne conduit vite, mais tout le monde conduit partout… et n'importe où ! Nous prenons en premier le « bateau taxi », une sorte de métro sur l'eau : il y a des « arrêts » sur des pontons le long du fleuve, et une jonque à moteur ultra-rapide y passe toutes les 10 minutes. Ah, le fleuve, enfin un peu de fraîcheur ! Et après le bateau, c'est en «touk-touk» que nous visitons le centre, fascinés par l'adresse virtuose de notre chauffeur, qui se faufile entre les voitures à toute vitesse : on n'en est pas encore là sur nos vélos !

Nous découvrons les temples (ou « Wat ») du centre, décorés de mosaïques rutilantes et de dorures à la fois kitsch, impressionnantes et merveilleuses. L'un d'entre eux, le Wat Pho, abrite la statue gigantesque d'un bouddha couché entièrement recouvert d'or. L'ensemble donne une impression d'exiguïté des lieux, ou de gigantisme du lieu... au choix !

Le dépaysement est total, et avec la chaleur jointe à la fatigue du voyage, nous flottons au milieu de cette animation et de ces couleurs comme dans un rêve. Le soir, fourbus par cette journée de marche (nos muscles de pédaleurs ont perdu l'habitude des pieds sur terre !), nous nous offrons un massage local, guidés par Margot. Quel délice ! Enfin, pas pour tout le monde : car les massages thaïlandais se font notamment par étirement des muscles... et Olivier, pas vraiment souple, va subir le martyre sous les rires des masseuses. Il faut souffrir pour être détendu, semble-t-il, hi hi ! en tout cas, ça marche, nous sortons de là à la fois reposés et revigorés, c'en est presque magique.
Mais il est temps de quitter les lumières et les folies de la vie citadine pour retourner sur nos fidèles destriers. Toujours aussi assommés par la chaleur, nous avons décidé d’en profiter pour nous alléger un peu : nous quittons Bangkok, mais y repasserons en janvier, après un tour au Laos. Nous décidons donc de laisser chez Pénylène et Margot notre chère BOB, la remorque, remplie de toutes les affaires chaudes qui ne nous seront absolument pas utiles avec les 40 degrés ambiants : gants, bonnets, duvet, bouilloire, doudounes et grosses chaussettes vont rester sur place ! « Ah, qu'on est mieux, avec simplement deux sacoches ! », s'extasie Olivier. « Heu, pas si vite jeune homme, répond Amanda : moi, j'ai toujours mes quatre sacoches, toujours remplies, alors on va redistribuer tout ça au plus vite ! ». Mais même après répartition plus équitable, on apprécie l'allègement. Autre différence notable avec les pays précédents : ici, il y a de la nourriture disponible absolument partout : il devient même inutile (et plus cher) de cuire soi-même ses repas... et surtout de transporter des vivres ! Voilà qui nous fera encore moins lourd à porter...
Le programme des semaines à venir, c'est de gagner rapidement... le Laos. Car on nous y attend : nous avons prévu de passer deux mois dans une petite association humanitaire, EranLao, basée juste à côté de Vientiane. Nous avons donc quinze jours pour traverser un bon morceau de la Thaïlande : c'est parti !

 


23 -26 octobre : temples anciens et nouveaux copains

 

C'est parti, ou presque : en prévision de notre arrivée prochaine au Laos, nous partons d'abord nous renseigner à l'ambassade sur les visas nécessaires (pas de souci, on peut les faire directement à la frontière).

Alors que nous sortons de l'ambassade, une vision improbable à quelques mètres : une deux-chevaux ! une vraie bien française, avec plaque d'immatriculation de l'Hérault. Derrière le petit pare-brise, un couple, Coralie et Fabien, qui nous interpellent tout de suite : ça alors, d'autres voyageurs fous ! Eux ont décidé de rallier Montpellier – Laos avec Rustine, leur Deuch', et mènent en parallèle un projet sur l'eau dans le monde (voir leur très bon site web : www. noriaproject.com).

En quelques phrases nous accrochons tout de suite : « Dommage qu'on ne puisse pas discuter plus... Vous allez où ? ». On découvre alors que nous prévoyons de quitter Bangkok à peu près en même temps, et dans la même direction : celle des très beaux temples d'Ayuttaya, à 80 km au nord de Bangkok : pourquoi ne pas s'y retrouver ? « Rendez-vous là-bas dans deux jours! ». Chouette, de nouveaux copains en perspective...
Enfin pour le moment, l'objectif premier est de parvenir à quitter Bangkok, vivants, avec des poumons encore alvéolés, et si possible sur la bonne route. Courage ! On déteste le pédalage à la sortie des grandes villes... Ici, on en aura pour une bonne journée dans le bruit et le trafic, à se perdre dans le réseau complexe des grandes routes surélevées qui entoure la ville. Celle-ci n'en finit pas, au point que nous nous trouvons obligés de dormir dans un hôtel pour notre premier soir, car après 60 km aucun autre bivouac possible n'est apparu. Heureusement, on a aussi découvert la bonne surprise de l'Asie du Sud-Est : ses prix réduits ! 50 ct d'euro pour un Pad Thai, 3 euros pour une chambre d'hôtel climatisée, 15 ct pour un de ces cafés frappés fabuleusement sucrés que l'on vous concocte en quelques secondes à tous les coins de rue. Vive la Thaïlande !

Et puis doucement, la ville laisse place aux champs, et nous finissons par arriver à Ayuttaya : tiens tiens, une Deuch' devant l'office de tourisme ! Avec sa déco de joyeuses bulles bleues, Rustine est inratable. Fab et Coco sont au rendez-vous ! Nous allons passer avec eux deux excellentes journées à visiter les temples, et autant de soirées en bivouac sauvage, où nous nous découvrirons un commun amour pour les crêpes cuisinées au réchaud. Et comme nous le pressentions, ces deux-là vont devenir de vrais amis ! C'est que malgré nos deux modes différents de transport, nous partageons une myriade de points communs... On s'amuse même à échanger quelques minutes nos montures, et Fabien aura du mal à renoncer à pédaler: qui sait si ces deux-là ne repartiront pas en vélo couché un jour...?

Copineries mises à part, Ayuttaya est splendide. Nous découvrons une dizaine de sites disséminés dans la petite ville, où trônent des temples souvent envahis de végétation mais encore bien conservés, vestiges d'une civilisation du XIIème siècle. Quand on dit temple, on pense le plus souvent au temple « grec », avec son toit, ses colonnes... mais ici les temples n'ont rien à voir. Certes, il en reste souvent une plate-forme surmontée de colonnes un peu bancales, mais il faut y ajouter un haut monument qui domine le tout, le stupa (ou chedi), souvent accompagné de copies plus petites.

Ce sont des espèces de tours en forme de cloche, terminées au sommet par une pointe simple, ou annelées, ou en forme de fleur ou bourgeon de lotus. On dit qu'elles sont bâties sur des reliques sacrées, de bouddha ou de rois...Les stupas préférés d'Olivier sont les Praang, de style khmer, qui ne ressemblent pas du tout aux autres : ici les tours sont de forme oblongue, phallique même, et sont décorées d'innombrables petites niches ornées de bas-reliefs. Elles sont effectivement magnifiques.

Temples et stupas étaient à l'origine recouverts d'une sorte de crépi orné de motifs, et probablement peints, mais aujourd'hui il ne subsiste qu'en de rares endroits, laissant à nu les briques de latérite rouges et poreuses qui étaient au-dessous.
L'ensemble dégage une atmosphère de grandeur passée et de mystère, impression renforcée par les lianes et les herbes qui envahissent le tout. Nous voilà dans la cité des singes du Livre de la Jungle ! Des heures durant, appareil photo en main, on se laisse charmer par la magie de ces vieilles pierres que le temps a fait onduler : plus rien n'est droit, tout est un peu bancal, et c'est encore plus beau ainsi, comme un visage ancien buriné par le temps...


27 octobre – 5 novembre : en route vers le Laos

 

Suite du programme après cette escapade dans le passé : laisser partir (à regret) nos deux Deuxchevaucheurs vers leurs aventures cambodgiennes, tandis que nous allons de notre côté filer vers Vientiane, au Laos : Hervé et Toun, les fondateurs de l'association Eranlao, nous y attendent pour début novembre.
La chaleur humide qui ne nous a pas quittés depuis notre atterrissage à Bangkok rend le pédalage pénible : en quelques minutes, nous sommes couverts de sueur, et vers midi la température avoisine les 50 degrés. Au secours, nous voilà presque de retour en Mauritanie ! Sauf que là, l'eau n'est plus un problème. La densité de population fait qu'il ne se déroule jamais guère plus d'un kilomètre sans habitation, et ici, qui dit habitation, dit nourriture dans la rue, et donc eau!

En parlant d'eau... la pluie, que nous maudissons d'habitude allègrement, devient une bénédiction. Ce qui tombe bien, car nous allons être servis: le ciel nous tombe sur la tête au moins une fois par jour, parfois pour 10 minutes, parfois pour plus d'une heure... Au plus fort des averses, impossible de pédaler: soit on a de la chance, et un abribus en bois ou une boutique sont dans les parages, soit... on a droit à la douche sur place ! Mais si en d'autres lieux se faire tremper était catastrophique (en Islande par exemple), ici tout sèche en quelques minutes. Un soir, nous décidons même de ressortir de la tente que nous venions de dresser, et de se savonner sous l'averse : ça y est, on est en pleine pub « Tahiti Douche »! (on précise que pour une rare fois, nous avions trouvé un bivouac à l'abri des regards...).

Mais le rafraîchissement ne dure qu'un temps, et bien vite, nous revoilà suant sur nos vélos, ou en plein sauna sous la tente. Sous la tente? C'est que les bivouacs à la belle étoile ne sont plus de mise par ici : dès que les derniers rayons du soleil disparaissent, les moustiques attaquent.. en légions virevoltantes et assassines. Même une fois sous la tente (dans le suffocant délice des 40 degrés qui y règnent), la chasse continue jusqu'à extermination féroce des derniers envahisseurs qui y sont entrés avec nous... Comme quoi, on trouve toujours de quoi occuper ses soirées!
Bref, en journée comme en soirée, tout est poisseux, surtout nous. Une nuit, l'averse se poursuivra pendant des heures, et nous découvrirons vite que le sol de notre tente n'est plus étanche: le sauna devient la baignoire, et nous pataugeons, cernés par des grenouilles qui ont décidé de nous souhaiter la bienvenue dans le monde aquatique par un concert nocturne assourdissant. Bon, soyons positifs, il n'y a plus un moustique aux alentours!

Le pédalage n'est cependant pas dépourvu de charme. D'abord, le retour à l'asphalte, après les routes cabossées d'Asie Centrale, est un vrai délice. Délestés d'un peu de poids à Bangkok, nous filons sur ces routes faciles et retrouvons enfin le plaisir d'avaler des kilomètres. Les paysages, bien que relativement plats, sont superbes, avec une végétation qui décline toutes les nuances de vert. On aime! Et surtout, en Thaïlande, on trouve... les Thaïlandais! Nous ne tardons pas à découvrir la douceur et la gentillesse de la population. Malgré la barrière de la langue (sorti de Bangkok, peu de monde parle anglais), nous parvenons à nous comprendre plutôt bien, et tous les thaïlandais que nous croisons sont terriblement serviables et enthousiastes devant nos vélos.

Et la nourriture! plus de cuisine sous la tente, nous nous arrêtons simplement quand la faim se fait sentir: il y a toujours quelque-chose de bon qui se cuisine à deux pas, dans la rue ou dans un marché voisin. Nous avons simplement dû apprendre deux mots majeurs: « Kor Pet », c'est-à-dire « non pimenté » ! D'ailleurs ça ne marche pas toujours, la notion de pimenté n'étant pas la même pour tout le monde...

Assez vite, nous nous lassons des grandes routes nationales, souvent à quatre voies, où passe un trafic assourdissant de pick-up, camions et 4*4. Bifurquons sur les petites routes! Le chemin sera plus long, mais bien plus agréable. D'autant qu'ici, même les petites routes sont larges et asphaltées: on est loin des pistes de mulets de l'Asie Centrale! A l'exception toutefois de quelques-unes, et nous l'apprendrons à nos dépens. Nos bifurcations nous ont amenés à proximité du parc national de Tad Ton, plutôt joli, et nous retrouvons un peu de relief: tiens, ce n'est donc pas si plat, la Thaïlande? en tout cas, on va grimper... mais pour rien! Car le jour suivant, nous découvrons que la route que nous suivions est coupée: les récentes pluies ont raviné la piste, qui est devenue un tas de boue impraticable… Demi-tour! Zut, on vient de perdre presque deux jours de pédalage… Mais on comprend enfin pourquoi les locaux nous montraient la direction d'où nous venions lorsqu’on leur demandait la route pour le village situé devant nous! bon ben, pas le choix, on redescend, et l’on finira par rejoindre la grosse nationale pour rattraper le retard et arriver à temps au Laos.

En route, nous croisons une vendeuse de cerf-volants: tiens, ça ferait joli sur nos vélos! Aussitôt dit, aussitôt fait, et nous pédalons à présent avec deux nouveaux compagnons flottants, à la grande joie des enfants qui nous croisent.

Nous découvrons aussi la friandise locale, vendue elle aussi sur le bord des routes à l’ombre de petits parasols de plage: des morceaux de bambou creux fourrés d’un mélange de riz collant, haricots rouges, lait concentré, et lait de coco. Le snack idéal du pédaleur ! Il nous faudra juste découvrir comment ça se mange…

Avec tout ça, la route défile, et nous voilà déjà à la frontière laotienne: mince, la Thaïlande est passée trop vite! Mais pas de souci, nous la retrouverons dans deux mois et demi, après un petit tour par le nord du Laos. A bientôt, pays du sourire !

 


Le
s petits détails du quotidien... 

 

Mangeons gaiement...

Aaaaah, la nourriture Thaïlandaise ! Après six mois de « tout au mouton » en Asie Centrale, nous aurions vendu nos vélos pour quelques fruits...(heu, ou presque !). Et là... Où que l'on pointe nos pédales, des délices nous attendent, au point que nous avons remisé réchaud et casseroles au fond des sacoches. De toutes façons, le concept de supermarché n'a pas dépassé Bangkok, et si les magasins « SevenEleven » omniprésents rappellent régulièrement que nous nous trouvons en pays « occidentalisé », on n'y trouve guère que des chips et des sucreries. Plus de pâtes, plus de flocons d'avoine, plus de crêpes, de toutes façons il fait trop chaud pour cuisiner ! Et à quoi bon ? Lorsque l'estomac gargouille, il suffit de descendre de vélo... Pour déguster, par exemple :

  • le riz bien sûr ! Omniprésent, le « Kao » accompagne presque chaque plat, souvent frit au wok («Kao Pad») et accompagné de légumes et morceaux de viande ou omelette. Il existe aussi en version « collante ». C'est le Kao Niao, ou « sticky rice », ou riz collant (on dit aussi « riz gluant » mais il n'a rien de gluant en fait!). A Bangkok, il est très souvent servi avec du lait de coco, du lait concentré sucré, et des tranches de mangue : « Mango Sticky Rice »... miam !
  • le Pad Thai : ici, les nouilles maison remplacent le riz (voir description plus haut). Ce plat complet et particulièrement copieux est toujours servi avec de grands verres d'eau glacée: une bénédiction pour le pédaleur surchauffé...
  • les fruits ! des mangues, des bananes bien sur, mais aussi des fruits plus mystérieux : le «fruit du dragon», au rose fushia étonnant qui révèle lorsqu'on le coupe une chair blanche parsemée de petits grains noirs, un peu comme un kiwi, en plus fade; les mangoustans, qui sont les rois des fruits, comme de petites pommes à la peau coriace qu'il faut éplucher pour en déloger des quartiers blanchâtres un peu gluants, mais sucrés et délicatement parfumés... un délice...; le tamarin, qui peut faire penser de loin à une cacahuète géante non décortiquée, mais dont l'enveloppe cassante cache une pâte brune collante au goût acidulé; les papayes, qui sont ici l'équivalent de nos melons, énormes, à la chair orange vif sucrée et riche en eau. Et tant d'autres, que nous n'avons pas encore eu l'occasion de goûter : on verra ça à notre second passage !

  • les desserts à la glace pilée : l'idéal par cette chaleur... Prenez un bol, déposez-y une bonne quantité de cubes de gélatine colorée (si possible bleue, verte ou rose fushia), puis recouvrez le tout de glace pilée jusqu'à ras bord. Arrosez ensuite de sirop coloré (le plus souvent rose fushia aussi) et de lait concentré sucré (plus c'est sucré, plus c'est poisseux, meilleur c'est !). Et voilà ! Le dégustateur peut ensuite mélanger le tout pour former un bouillon glacé de couleur indéfinissable où flottent des bouts de gélatine. C'est comme les poupées Barbie : c'est rose, c'est plastique, ça horrifie les parents, et ça fait le bonheur des bambins... Nous, on est du côté des enfants à la langue rose fluo !

Ce n'est bien sûr qu'un minuscule échantillon : la gastronomie thaïlandaise est absolument fabuleuse et bien plus raffinée que ces quelques lignes ne le laissent penser ! Mais nous y reviendrons... dans les prochains carnets sur notre retour en Thailande, d'ici quelques mois !

Les moments galère

  • la chaleur humide, et la pluie un peu trop présente à notre goût
  • le pédalage dans Bangkok, aromatisé aux pots d'échappement
  • le tourisme sexuel impossible à ignorer : le mal de coeur devant tous ces couples « délicieuse jeune thaïlandaise à peine majeure... et à peine vêtue / vieux européen gras, rose et bedonnant, une main tenant une bière, l'autre fièrement posée sur sa hum... conquête »
  • les grosses nationales inintéressantes et bruyantes
  • les moustiques
  • le départ de Fabien et Coralie

Les meilleurs moments

  • les soirées vraiment sympas passées avec Pénylène et Margot
  • les temples d'Ayuttaya
  • Fabien et Coralie !
  • la nourriture des rues...rrraaahhhh
  • le sourire des Thaïlandais (Olivier précise : des Thaïlandaises !)
  • l'animation colorée et toujours joyeuse des villages traversés
  • les belles routes d'asphalte et le retour en pays « moderne »