Globicyclette
au Pérou
CARNET
1
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Amis
voyageurs! Il est temps à présent de troquer
le cheich contre le bonnet en alpaga, le sable contre la neige
et les chants du muezzin contre la flûte de pan, car
nous voici au Pérou!
Le Pérou, c’est le pays qui fait rêver… cordillère
des Andes, quechuas, nazca, Machu-Pichu, condors, Titicaca, incas,
des mots qui ont bercé notre enfance et qui semblent réservés
aux documentaires télé….
Eh bien, non, nous y voilà, et nous vous emmènons
y faire un tour. (En plus nous ne sommes virtuellement pas seuls,
toute
la classe de terminale S d’Amanda nous donne un "coup
de pousse!" sur les côtes de ce pays, on va être
serré dans la tente!)
Alors, on commence par quoi? heu… par 11h de vol!
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13 octobre – 16
octobre : ballades dans Lima
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C’est un peu crevés
et un peu décalés, que l’avion nous dépose
sur le sol péruvien. Il est tard et nous décidons
de dormir à l’aéroport, on aura les idées
plus claires demain. On commence à déballer nos duvets
dans un coin, quand arrivent sur nous deux hôtesses : aïe,
aïe, aïe, on va se faire virer! mais pas du tout: "Ici,
ce n’est pas tranquille, venez plutôt avec nous, on
va vous montrer où dormir au calme". Et elles s’excusent
même de l’inconfort du petit coin parfait qu’elles
nous indiquent! Bon, le voyage au Pérou commence bien!
Après un long sommeil réparateur,
on a tout de même les idées un peu plus claires!
On met en place notre plan d’action, en sirotant à deux,
un délicieux jus de fruit frais, fraise-papaye (la gastronomie
péruvienne, s’annonce bien!): trouver une borne
internet dans l’aéroport, et tenter de contacter
Norma. Norma est une péruvienne que l’on ne connait
pas, mais qui avait contacté Olivier via le site de rencontres
amicales "Hi5" et que nous avions prévenue
de notre futur passage au Pérou:
peut-être pourra-t-elle nous héberger?Et
effectivement, un email nous attend : "Vite, vite, téléphonez
quand vous arrivez !". On appelle alors au numéro
indiqué et 15mn plus tard, on a Norma devant nous,
en chair et en os! Quelle efficacité!
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Elle
nous embrasse chaleureusement, en nous souhaitant la bienvenue
au Pérou.
C’est un tout petit bout de (jeune) femme, souriante
et énergique, avec des yeux qui pétillent.
Elle nous explique que ses parents habitent à côté de
l’aéroport, et qu’ils peuvent nous héberger
pendant tout notre séjour à Lima. Chouette
! En revanche, pas question pour elle de nous laisser pédaler
dans les rues mal fréquentées du quartier de
l’aéroport. |
On réquisitionne
donc deux taxis, pour charger tout notre matériel;
10mn plus tard, nous voilà chez ses parents (et Norma
insiste pour régler le taxi!!). Nous découvrons
une famille adorable. Il y a les parents, mais aussi deux sœurs,
un frère et un neveu de Norma. Comme c’est dimanche,
une petite partie de la famille s’est réunie sous
le toit parental (les autres, car la famille est immense, n’habitent
pas à Lima).
Nous sommes les héros de la
fête: on nous entoure, on range nos bagages et vélos,
on nous assoit, on nous nourrit, et on nous pose des tonnes
de
questions! Nous sommes ravis de nous retrouver en si bonne
compagnie et nous racontons notre périple dans un sabir
franco-anglo-espagnol que Norma traduit à ses parents.
Heureusement qu’elle
parle un peu anglais! La maman, âgée, mais aussi
dynamique que sa fille, nous donne une chambre rien que pour
nous et elle s’excuse même de la simplicité de
son habitation. Elle ne se doute pas qu’après
les cases africaines, elle nous offre un luxe inouï!
Bref, nous nous confondons en remerciements, mais ils semblent
inutiles: ici, l’hospitalité est une seconde nature!
Les jours suivants, Norma nous propose d’aller visiter
la ville. Elle se révèle être un très
bon guide!
On
découvre
tout d’abord, l’enfer de la circulation dans
la capitale. L’essentiel du trafic est assuré par
des gros bus, des taxis et surtout des minibus qui font la
course entre eux pour arriver les premiers devant les clients.
Le tout dans un déchaînement constant de klaxons,
car les péruviens klaxonnent pour tout: pour doubler,
pour appeler les clients, parce que le feu est vert et que çà n’avance
pas, parce que le feu est rouge et que çà aurait
pu avancer plus vite avant, ou juste parce que les autres
klaxonnent! et les minibus sont les premiers klaxonneurs
pendant qu’il zigzaguent comme des fusées entre
les véhicules plus lents. Ici, il n’y a pas
d’arrêt de bus, avec horaires et plan de réseau. |
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Les minibus possèdent
des numéros
qui indiquent leur destination (dans un code secret connu
des seuls habitants de Lima?) qui ne correspond en général
pas du tout avec celle écrite sur leur pare-brise.
Et on peut les arrêter à peu près n’importe
où, bien que certains endroits sembleraient être
des arrêts obligatoires, mais sans aucun signalement.
Bref, un enfer pour le néophyte, mais Norma se débrouille
avec une aisance de poisson dans l’eau, et nous la
suivons de minibus en minibus, pendant que le copilote hurle
par la
fenêtre
la destination du bus pour "racoler" d’éventuels
clients.
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Entre
les trajets en bus, nous découvrons Lima, sous un
ciel gris et couvert qui semble être l’apanage
permanent de la ville… Pollution, ou simples nuages
côtiers?
Mais même sous la grisaille, Lima est lumineuse et
colorée avec ses bâtiments peints de couleurs
vives ou pastel: bleu, jaune, brique, violet, toute la
ville est colorée ! |
Entre les maisons se dressent d’innombrables églises, à l’intérieur
richement décoré. Cela nous rappelle beaucoup
les églises
visitées en Espagne: logique! Norma adore l’art
et l’architecture,
et nous abreuve d’informations sur les lieux visités.
Il y a par exemple, cette église dont un seul élément
a par deux fois échappé à de terribles
tremblements de terre: un pan de mur où était
peint un Christ en croix. Du coup, le tableau, le "Señor
de los Milagros",
est vénéré par les péruviens, et
une procession annuelle le porte en triomphe dans les rues!
On trouve beaucoup d’autres
statues de christ, vierges ou divers saints qui font l’objet
de processions et sont richement vêtus de vrais habits.
Chaque saint a sa spécialité: on doit donc
choisir devant quelle statue prier selon la faveur à demander!
et à côté de
chaque saint, une série de cœurs en or ou en argent
sont autant d’ex-votos témoignant de l’efficacité miraculeuse
de ces prières.
Norma
nous montre aussi son "gagne-pain" : elle
réalise
des broderies sur des nappes ou des draps. C’est un travail
très
fin et de qualité, mais elle nous explique que malheureusement
au Pérou, les gens préfèrent les fabrications
d’usine,
plus parfaites, qui se vendent donc bien plus chères
que l’artisanat
: tout l’inverse de la France! On lui dit de vendre ses
broderies sur internet, mais au Pérou, un colis sur
deux se perd… c’est
vraiment dommage!
Avant de repartir, elle et sa sœur Monica, une infirmière
comme Olivier, nous offrent des cadeaux en souvenir: un bracelet
"brésilien" péruvien
pour Olivier et un ruban de laine décoré de pompons
multicolores pour Amanda; Heïdi a gagné une superbe
décoration
de guidon!
Après un jour et demi à Lima où nous découvrons
aussi les délices de la gastronomie péruvienne,
il est temps de quitter la pollution de la capitale pour retrouver
l’air
des montagnes. A nous la cordillère des Andes!
Mais pour une première rencontre avec cette grande dame,
nous allons y aller en douceur: nous monterons à 4000m
en bus et redescendrons le tout en vélo, de quoi nous
adapter à l’altitude
avant de grimper les autres cols andins… à vélo
cette fois! |
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16 octobre - 21 octobre:
pédalage
dans la Cordillère Blanche
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Le bus nous dépose
donc à la
nuit tombée au village le plus haut perché de la Cordillera
Blanca, la partie nord des Andes péruviennes. Nous sommes à 3950m
! et çà se sent, l’air est glacé et… tout
léger! Le simple fait de descendre nos bagages et vélos
du bus nous essouffle, et la tête nous tourne: le "soroche",
le mal de l’altitude arrive à grands pas!
Mais nous avons le remède aux maux de tête qui nous
guettent: la "coca"! Attention, il est hors de question
pour nous de nous droguer à la cocaïne! les feuilles
de coca, toutes simples, bues en infusion ou "maté" de
coca, ne constituent absolument pas une drogue, mais en revanche,
elles soulagent des symptômes
dus à l’altitude, et…çà marche très
bien!
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Après
une nuit bien fraîche (et même un peu de neige),
nous nous mettons en route pour nos premiers pédalages à 4000m:
eh bien, heureusement que çà descend! car nous
voilà tout essoufflés après seulement
quelques kilomètres… c’est que la pression
de l’air
est bien moins élevée ici qu’au bord de
la mer et qu'il y a donc 30% de moins d'oxygène à respirer! |
Mais on oublie vite notre fatigue
devant l’exaltation d’être
enfin… dans les Andes! On en revient à peine, et surtout,
les paysages sont à la hauteur de nos espérances: le
ciel orageux éclaire les hauts sommets de lueurs dorées
et vertes, et une vallée immense et majestueuse s’ouvre
devant nous: youhou !
Plus on avance et plus la vallée
se rétrécit, ce
qui donne aux paysages des allures plus montagnardes… mais
rend la recherche de bivouac plus difficile. Tiens, on avait
oublié ce que c’était que de chercher un
bivouac : en Afrique, dans le désert tout plat, le premier
acacia du coin, faisait l’affaire! Mais on finit par trouver
un petit coin tranquille et surtout à l’abri des
regards, car on ne veut pas tenter d’éventuels voleurs.
Mais notre coin n’est
pas si discret que çà,
car nous sommes "débusqués" par
une petite mamie en jupes traditionnelles! Elle apparaît
devant notre tente alors qu’on prépare nos pâtes,
et semble charmée par notre bivouac et nos vélos:
"Que hermoso! Que lindo" s’exclame-t-elle:
que c’est
beau! (ah bon??). Et la voilà partie dans un monologue
ultra rapide dans une voix aussi petite qu’elle. Amanda
essaie au mieux de comprendre quelques phrases et entame un
semblant de conversation
avec l’adorable mamie. Celle-ci s’appelle Viviane
et habite dans la maison tout là-haut, surplombant la
route (ah, c’est comme çà qu’elle
nous a vus!). Elle regrette que nous soyons déjà installés,
sinon elle nous aurait invités chez elle (heu, mais
comment aurions-nous monté nos vélos là-haut?).
En attendant, elle nous souhaite la bienvenue ici, et elle
repart comme elle est venue
d’un petit pas guilleret! une charmante petite visite
!
Le lendemain, nous poursuivons
notre pédalage le long
de cette jolie vallée, au fond de laquelle coule le Rio
Santa. Nous allons le suivre tout le long des semaines qui viennent,
presque jusqu’à la
mer. Aujourd’hui, la pluie a cessé et nous savourons
le plaisir de pédaler sous le soleil sans mourir de
chaud; çà nous
change de l’Afrique! et nous arrivons à la ville
suivante, Huaraz, vers midi. Et là, surprise, qui croisons-nous
dans la grand-rue? Viviane, bien sûr! il faut dire
qu’avec nos
vélos et nos têtes de gringos, il était
impossible de nous rater…
Viviane semble ravie de nous avoir retrouvés, et nous
amène
illico à la maison de ses enfants qui est aussi une
mini-buvette/cevicherie. Là, devant une bouteille
d’Inca Kola (le "coca" du
Pérou jaune vif, à base d’une herbe locale!),
on fait la connaissance de ses fils et filles qui sont tous
plus ou
moins chanteurs ou joueurs de musique.
Et
là, soudain,
en un clin d’œil, s’improvise une véritable
petite fête; l’un des fils prend sa guitare, l’autre
se met à taper sur la table, et une de ses filles commence à chanter;
nous voici en plein concert de musique péruvienne! Même
Viviane pousse la chansonnette: quelle ambiance! Au milieu
de tout çà on voit apparaître des assiettes
de ceviche, préparées par la seule fille de Viviane
qui ne chante pas mais qui cuisine! |
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On chante, on rit, on raconte notre tour
du monde en très
mauvais espagnol, bref, on n’a pas envie de repartir,
et eux ont envie que l’on reste: "on vous invite,
dormez ici, ce soir!". Et le second fils nous ouvre
la porte de sa chambre: "Vous
dormez ici, moi à côté !". Bon
ben, on ne va pas refuser une offre pareille, non? On s’installe
donc chez eux. On va faire un tour en ville, sur nos vélos
allégés
de leurs sacoches.
Premier objectif, faire
réparer la béquille
d’Heïdi
brisée net lors du vol Casablanca Madrid. On trouve
un petit magasin de vélos, et, le temps d’une
averse, ils fabriquent à Heïdi,
une belle béquille toute neuve et encore plus solide:
Philéas
est presque jaloux!
Après un tour sur internet, on part visiter la ville
et se renseigner sur les treks à faire dans le coin.
Huaraz, jolie comme tout, semble en effervescence: ce soir,
c’est la fête de la
ville! et le jour de la procession du "Senior de
los Milagros" (cf église
de Lima) et l’on voit passer tout un défilé de
fidèles habillés en violet, portant une réplique
du tableau.
On parvient même à trouver un chouette office
du tourisme où l’on nous conseille "LE"
trek de la Cordillera Blanca, le "Santa Cruz Trek".
Mais il part d’une
ville plus au nord, Yungay: ce sera donc notre prochaine
destination.
Nous passerons une très bonne fin de soirée
en compagnie de la famille de Viviane, puis… au
lit, car les pluies de la veille, n’ont pas réussi à Amanda
et elle commence une grosse sinusite. Elle va ainsi
se faire surprendre par la fille
de Viviane devant la maison, dans le noir, en pleine
inhalation: casserole bouillante sous le nez et cheich
sur la tête,
ils sont vraiment bizarres ces français!
Le pédalage du lendemain se fait entre soleil et averses;
le climat semble suivre un schéma journalier: soleil
entre 8 et 11h, nuages croissants de 11 à 14h et à partir
de 14-15h, pluie, pluie, pluie! Mais on sort nos goretex
et on pédale
quand même! Sur la route, on rachète plein
de délicieux
fruits: on se rattrape de l’Afrique! Amanda peine
cependant, car sa sinusite ne s’améliore guère… et
même
si en moyenne, le dénivelé est négatif,
la route ne cesse de monter pour redescendre, dur dur! On
commence cependant à s’habituer
un peu à l’altitude: multipliez-vous globules
rouges! En fin d’après-midi, on arrive à proximité de
la ville de Yungay… ou du moins de la nouvelle ville.
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En
1970, un tremblement de terre a dégagé des milliers de tonnes d’alluvions
qui ont dévalé les versants de la Cordillère… pour
venir recouvrir entièrement la ville de Yungay, située à l’embouchure
de la vallée. La ville a été totalement
ensevelie ainsi que ses 20000 habitants… Aujourd’hui,
une nouvelle Yungay a été reconstruite à quelques
kilomètres et l’emplacement de l’ancienne
ville a été transformé en un immense mémorial.
Pour quelques sols, nous allons nous recueillir sue les lieux
du drame recouverts à présent de jardins fleuris. |
C’est
joli et très paisible mais à l’emplacement
de l’ancienne
Place d’Armes, on voit toujours les sommets des anciens
palmiers dont un est encore vivant! et surtout les parois écroulées
du sommet de la cathédrale… gloups! Le soleil
tombe doucement pendant que nous visitons le site et grâce à la
gentillesse des gardiens, nous allons même pouvoir
y dormir; jamais nous n’avons bivouaqué sur
une pelouse aussi bien entretenue!
Notre idée pour la journée qui suit, c’est
d’aller
faire un tour en altitude: la dame de l’office du
tourisme à Huaraz
nous a dit des merveilles de deux lacs sur les hauteurs
de Yungay, et nous avons très envie d’aller
voir çà de
nos propres yeux. Mais vu l’état d’Amanda
et celui de la piste qui y mène, sans parler des
1000m de dénivelé,
nous prenons la sage décision d’y monter en
taxi, pour redescendre à vélo. Et après
quelques courses au marché pittoresque, et deux
délicieux jus de papaye-orange-banane
tout frais, nous voici donc en route vers les montagnes… enfin,
les montagnes au-dessus de celles dans lesquelles nous étions
déjà. Dans le ciel bleu au-dessus de nous,
trône
le plus haut sommet de la Cordillère, le mont Huascaran,
recouvert de beaux glaciers blancs.
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Et
après
45mn de zigzags dans une étroite vallée, nous
voici devant le premier des deux lacs, le lac "femelle" apparemment.
Il nous offre un panorama magnifique avec ses eaux d’un
vert turquoise incroyable dans lesquelles se reflètent
de noires falaises qui y tombent à pic. C’est
beau...
Le second lac est moins spectaculaire (normal, c’est
le "mâle", hi hi !), mais très beau
quand même et surtout plus tranquille. |
On y parvient après quelques kilomètres
de montée
en vélo qui laissent Amanda et sa sinusite sur les
genoux. Mais l’effort en vaut la peine, car on découvre
un petit site de bivouac au bord de l’eau qui n’attendait
que nous: un petit coin de paradis…
Le lendemain, nos montures vont bondir
et rebondir sur les 1000m de descente jusqu’à Yungay:
Vivent les amortisseurs de nos vélos couchés qui
résistent aux
pires des sentiers !
Et nous n'arrivons à Yungay que pour mieux en repartir, à pied
cette fois-ci: au programme quatre jours de trek entre
les sommets de la Cordillère, le "Santa Cruz
Trek" nous
attend…
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22 octobre - 25 octobre
: le "Santa Cruz Trek".
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Nous dégottons un
charmant petit hôtel à Yungay,
où, contre un prix dérisoire, l’avenante Señora
Gamboa va prendre soin de Philéas et Heïdi en notre absence.
Et une location de sac à dos plus tard, nous voilà transformés
en randonneurs tout terrain; c’est parti pour quatre jours à pied
dans les montagnes péruviennes, la "Sierra" comme
ils disent ici. Dans le minibus qui nous dépose au point de
départ du trek, loin là-haut dans la montagne, nous
rencontrons un autre groupe de randonneurs. Mais eux font un trek
avec guide et
mulets, pour la modique somme de 130 dollars par personne! et ben,
pour ce prix et pour faire exactement le même itinéraire,
nous, on préfère porter nos gros sacs!
Et nous voilà en route au milieu de nos montagnes. L’abondance
des pluies fait que la végétation, ne ressemble en
rien à celle
des Alpes: les sommets à plus de 4000m sont toujours recouverts
d’arbres, et le paysage n’en est que plus vert, presque
luxuriant! La contre partie, c’est que justement, il y a abondance
des pluies… et après 4h de marche sous le soleil, nous
retrouvons nos amies les gouttes, et Amanda découvre que sa
goretex n’est plus vraiment étanche!
La pluie va nous poursuivre par intermittence jusqu’au lendemain:
même si les paysages en sont d’autant plus grandioses,
nous décidons que sous le soleil, c’est sûrement
encore mieux, nous allons donc attendre son retour sous la tente!
La
contre partie est qu’il faut marcher deux fois plus
le lendemain. Mais
pour récompenser
notre attente, le soleil décide enfin de sortir… et
mieux, il apparaît au moment même où nous
atteignons le point culminant du trek, un col à 4750m,
on n’est pas loin du Mont Blanc! Les pieds dans la neige,
nous savourons ce rayon de soleil que le ciel nous offre. Les
sommets alentour se dégagent peu à peu, le
panorama est fabuleux, avec des pics enneigés aux arêtes
acérées, la vallée en contrebas, toute
verte s’étend loin, loin… et, sur la
droite, petite cerise sur le gâteau, un minuscule lac
bleu turquoise. Ouaouh ! On pense à peine à notre
fatigue, et on dévale rapidement les kilomètres
suivants. |
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Sous le soleil, dans un ciel encore orageux, le paysage nous
offre des cartes postales à chaque tournant… Après une
dernière
journée de descente sous le soleil, nous arrivons à la
fin du trek, ravis, mais nous en avons tout de même plein les
jambes. C’est que vélo et rando ne sollicitent pas exactement
les mêmes muscles!
On n’est donc pas fâché de se débarrasser
de nos énormes sacs à dos et de retrouver notre petit
hôtel à Yungay!
Au programme douche et lessive, et séchage de tente, détrempée
par les pluies précédentes. Mais ce n’est pas tout!
Car la señora Gamboa, toute contente de nous revoir, nous
offre un délicieux repas de soupe et "chicharrones",
des portions de porc grillé absolument fabuleuses. Dans la
foulée, elle nous invite à l’anniversaire de sa
petite-fille qui fête ses dix ans. Apparemment ici, les dix ans,
comme les quinze ans, sont l’occasion d’une grande fête.
Et là, toute la famille a préparé des tonnes de
friandises, gâteaux, brochettes de fruits, gelée colorée,
pop corn et bonbons par centaines. Ils transportent tout çà dans
un local loué pour l’occasion qui aurait d’ailleurs été parfait
pour notre mariage: petite tonnelle au milieu d’un jardin, avec
sono et spots! Et là, on se retrouve au milieu de quarante
gamins d’une dizaine d’années, avec quelques parents
qui distribuent des friandises. Sur une table centrale trônent
six énormes gâteaux glacés de blanc et décorés
de personnages de Walt Disney, entourant une petite fontaine lumineuse.
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Que
la fête commence!
La musique démarre et les enfants commencent à danser,
filles et garçons sur deux lignes qui se font face.
"S’il
vous plait, dansez, dansez!", implore la señora
Gamboa, en français, s’il vous plait! On se
retrouve donc, avec nos courbatures du trek encore bien douloureuses, à danser
au milieu de quarante gamins péruviens, sous l’œil
de la belle au bois dormant! Si on avait su où nous
mènerait notre pédalage au Pérou! |
On décide de se charger de l’animation de la fête,
et on entraîne les enfants dans des farandoles ou des chenilles
géantes: ils sont ravis et la señora est aux anges!
On prend aussi plein de photos que l’on mettra sur son antique
ordinateur. Elle ne sait comment nous remercier et nous remplit les
mains de gâteaux et friandises entre les danses. Finalement,
on s’amuse bien! La fête dure jusqu’au soir et nous
les aidons à ranger le local avant de retourner à l’hôtel;
nous sommes, on l’avoue, claqués! Quelle journée!
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26 octobre - 29 octobre
: de la Cordillère Blanche à la
Cordillère Noire.
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La
matinée suivante
est moins sportive que les précédentes : c’est
qu’il y a fête à Yungay, et nous profitons
de l’atmosphère joyeuse et musicale de la ville
(marché, costumes traditionnels, fanfares et défilés),
en alternance avec celle un peu plus glauque du cybercafé local… mais
les contacts avec la famille et les amis valent tous les défilés
du monde ! |
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Et c’est sous la pluie que nous
reprenons notre pédalage.
Nous poursuivons la descente de la Cordillère Blanche qui
se termine par un étroit canyon; c’est là que
la Cordillera Blanca rejoint sa voisine de l’Ouest, la Cordillera
Negra; nous sommes dans le "Cañon
del Pato".
Entre les deux montagnes, de plus
en plus proches, s’écoule le Rio Santa et une
route vertigineuse s’accroche aux bords du canyon.
Et sur la route… nous!
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Enfin,
route, c’est
un bien grand mot, car nous pédalons sur un amoncellement
de pierres acérées et de gravats poussiéreux
qui n’a jamais vu un millimètre de goudron… Mais
en dehors des cahots, le canyon est magnifique, d’une étroitesse
et d’une profondeur impressionnantes. On passe par plus
d’une trentaine d’étroits tunnels, qui
portent tous le panneau: "klaxonner avant d’entrer"!
Le canyon se rétrécit tellement qu’on ne
voit plus la rivière, loin là-bas, tout au
fond. |
Il a des allures
de repère du méchant dans les
James Bond! et il se termine enfin par une descente vertigineuse
vers la centrale hydraulique de Huallanca où nous
remplissons nos réserves d’eau.
Nous
voici à présent
dans la cordillère noire, mais elle n’a de noir
que son nom: dans les lumières du couchant, elle se
teinte plutôt de rouge, ocre, jaune, marron et vert
pour les quelques cactus qui parviennent à pousser
dans ce monde essentiellement minéral. On se croirait
en plein Far West "We are poor and lonesome cyclists, who’re
long, long way from ho-home!" |
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Pendant trois jours, nous allons poursuivre
notre descente chaotique, des sommets de la Cordillère jusqu’à la
mer. La Cordillera Negra continue de nous offrir ses fabuleux paysages
de montagnes ocre et de canyons vertigineux. C’est
magnifique. Ce qui l’est moins, c’est l’état
de la piste, vraiment déplorable. Malgré la
descente, nous avançons à 8km/h,
les mains crispées sur les freins, on en attrapera
des courbatures aux avant-bras! Et parfois, c’est
pire… çà monte! pas beaucoup, mais suffisamment
pour nous épuiser à slalomer
entre les cailloux et les nids de poule géants.
Au
sommet d’une difficile montée, on a la surprise
de croiser… un
autre cyclocampeur! Collin vient d’Alaska (c’est
fou, non?? Colin d’Alaska ! ah ah ah !), et il pédale
depuis l’Equateur, direction Ushuaia pour Noël!
Il va dans le sens opposé au nôtre, et malgré tout
le dénivelé positif
qu’il vient de parcourir, il a l’air en pleine
forme. Nous lui expliquons que nous hésitons sur notre itinéraire
après la Cordillère Noire, et là Collin
est catégorique: nous devons absolument aller jusqu’à Trujillo,
une petite ville sur la côte, plus au nord que notre
itinéraire
initial. Là, non seulement il y a de superbes ruines
pré-incas à visiter,
mais surtout, il y a la "casa de ciclistas".
C’est
quoi çà? et bien, c’est la maison de
Lucho, un péruvien fan de cyclisme qui a décidé d’accueillir
et d’héberger gratuitement tous les voyageurs à vélo
qui passeront par chez lui! Collin y a passé trois
jours au lieu d’un seul prévu initialement,
et y a trouvé un
véritable foyer sous l’hospitalité de
Lucho et de sa femme Aracelli: "it’s good sometimes
to have a real home", nous dit-il. Bon, il nous a
convaincu, nous passerons par Trujillo d’où nous
trouverons sans aucun problème un bus en partance
pour le sud du Pérou.
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Nous
laissons là, Collin
et sa difficile ascension, et reprenons notre descente chaotique.
Nos vélos, cheveux, vêtements sont recouverts
de poussière, çà nous rappelle la Mauritanie….
Mais c’est quand même à regret que l’on
laisse derrière nous la Cordillère Noire qui
nous a charmé par ses défilés vertigineux
et ses couleurs de feu…
Car quand on retrouve enfin le goudron, c’est pour
rejoindre la célèbre
"panaméricaine",
avec ses camions vrombissants et son trafic incessant… voilà qui
nous change des montagnes! Et nous revoilà à 50m d’altitude: çà en
fait de la descente depuis les 4000m du départ! |
Nous noyons le vacarme du trafic dans la musique de nos
lecteurs mp3, et les kilomètres défilent rapidement jusqu’à Trujillo.
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30 octobre - 2 novembre
: la "casa de cyclistos" à Trujillo.
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Nous ne sommes pas mécontents
de nous arrêter
sur sa jolie place d’Armes (chaque ville a sa "Plaza
de Armas", souvent très fleurie et agréable).
Nous sommes immédiatement entourés par les curieux,
et on leur fournit explications et démonstrations à leur
grande joie. On nous offre même une nouvelle part de torta,
achetée à une
marchande ambulante qui les transporte sur un plateau !
On
nous indique le chemin de la "Casa de cyclistas",
qui semble connue ici… et nous y voici! Sur la façade,
Lucho a peint un globe terrestre soutenu par deux cyclistes, un
cyclocampeur
et un
cycliste de course. Et la porte
s’ouvre
sur un Lucho souriant, on l’avait prévenu de notre
arrivée! "Mi casa es su casa", ce sont les
premiers mots qu’il
nous dit, avant de nous faire déposer nos vélos
dans son local. A côté de Lucho, il y a Lucy, une
cyclo-routarde canadienne qui parle parfaitement le français.
Elle, çà fait deux jours qu’elle est là,
et elle est déjà devenue membre de la famille!
La
famille justement arrive: il y a Aracellei, la femme de Lucho,
leur fille Angela
de 13ans et Lance, le dernier né de 10 mois! Lance… comme
Lance Armstrong bien sûr! Car Lucho est un passionné du
Tour de France comme en témoignent les multiples affiches
qui tapissent son local! Il est musicien de formation, mais
il possède ici un véritable atelier de réparation
de vélo et il retape gratuitement toutes les bécanes
de la ville… |
|
Lucho est un rêveur et il a
le cœur sur la main comme en témoigne sa "casa
de ciclistas". Il a même créé une école
de vélo gratuite pour les jeunes du quartier. Aracelli, elle,
a un peu plus les pieds sur terre et soupire que la générosité de
Lucho les ruine parfois. Il leur arrive d’accueillir des dizaines
de cyclistes en même temps, et la facture d’eau et d’électricité est
salée, surtout quand ils restent plusieurs semaines! Mais
Lucho est heureux de cet accueil et il a de quoi être fier:
nous sommes les 890ème qu’il héberge! Il nous
montre tout fier, ses fabuleux livres d’or qui nous laissent
bouche bée: chaque cycliste a laissé une photo et une
ou plusieurs pages de texte et de dessins qui racontent son périple.
Que d’aventuriers! Que de tours du monde recensés dans
ces superbes albums! On y retrouve même des cyclocampeurs
français que
nous avions découverts sur le web ou aux conférences
de cyclo-camping international! Devant toutes ces histoires, ces
cartes d’itinéraires,
ces photos de routards, on se sent bien petit.
Nous allons passer deux
jours à Trujillo durant lesquels,
nous sommes nous aussi adoptés par Lucho et sa famille. Entre
deux repas concoctés par Aracelli, nous partons en vélo
visiter les ruines précolombiennes qui entourent la ville.
Lucy nous accompagne. Elle, elle roule depuis Ushuaia sur son vélo
droit et va rejoindre l’Equateur! et son espagnol, exercé longuement
sur les routes d’Amérique latine est bien meilleur que
le nôtre. C’est d’ailleurs très pratique
d’avoir
une traductrice des explications des guides!
Nous voici donc sur le site de la plus
grande cité précolombienne du monde, la cité empire
de Chan chan. Chan chan était la capitale de la civilisation
Chimu qui a précédé celle des Incas. C’était
une ville immense, dont les ruines recouvrent 60km², entièrement
bâtie en briques de boue et de paille, ou "adobe" (comme
dans Photoshop!). Mais le temps et les déluges successifs
des El Niño sont passés par là, et aujourd’hui,
seuls quelques temples subsistent à côté des
fondations préservées de l’érosion car
enterrées de nombreux siècles sous le sable.
|
Ce
qu’il en reste
est tout de même vraiment impressionnant: on se retrouve
dans une cité aux murs épais et immenses, avec
des places surdimensionnées, réservées
aux cérémonies et aux sacrifices. Sur les murs
sont gravées des frises en bas-relief, dont les dessins
géométriques représentent des poissons,
des otaries, des pélicans ou tout simplement des mailles
de filet: les Chimus étaient un peuple de la mer. |
Car la plage est toute proche et l’on va
d’ailleurs y faire un tour après nos découvertes
archéologiques. On nous avait vanté le petit village
côtier de Huanchaco, mais nous sommes assez déçus:
c’est trop touristique pour nous, on se croirait presque sur
la côte d’Azur! On admire quand même les barques
traditionnelles en "totora", faites de simples bambous
alignés et reliés en fagots par des ficelles! La technique
utilisée est la même que celle des Chimus et les péruviens
manient avec habilité ces frêles embarcations qui ne
nous semblent pas stables du tout!
Après la civilisation Chimu, c’est celle des Moches (prononcer
Moché!) que l’on va découvrir et qui lui est encore
antérieure. A 5km de Trujillo se trouvent deux grands
temples ou "huacas": Huaca del Sol et Huaca de la Luna. Le premier
toujours en excavation, n’est pas visitable, mais le second vaut
le détour. Nous découvrons les impressionnantes peintures
qui ornent les parois de ce temple, construit tout en étage.
En fait, c’est même plus compliqué; chaque génération
a bâti un autre morceau de temple en utilisant comme fondations
les constructions de la génération précédente!
Ainsi,
en détruisant
les premiers murs, on en trouve d’autres au-dessus, eux
aussi richement décorés. Quel dilemme pour les
architectes, devoir détruire pour découvrir!
En attendant, des frises géométriques et des
dessins de dieux, serpents, prêtres et esclaves ornent
les parois mises à nu par les fouilles dans un festival
de couleurs toujours vives. C’est beau, les ruines
Moches! |
|
On rit comme des gamins
avec ce jeu de mot facile qui nous fait toujours sourire d’ailleurs! peut-être
vendent-ils des poteries moches dans les stands de souvenirs? hi
hi! En tout cas, nous sommes admiratifs devant l’état
de conservation des murs de ce temple immense, qui nous replongent
500 ans en arrière, à l’époque des grandes
cérémonies et des sacrifices humains, du sang et de l’or…
On ne regrette pas notre détour par Trujillo ! mais les ruines
incas et la cordillère nous attendent aussi, bien plus au sud… Alors
il est temps de quitter la casa de ciclistas, en ajoutant une page
au livre d’or de Lucho…
Nos premiers jours au Pérou ont été à la
hauteur de nos attentes, autant pour le dépaysement que pour
les paysages, les péruviens, les ruines, et vous n’avez
pas encore lu la section "gastronomie"!
Que vont nous
apporter les prochains coups de pédale? C’est que dans
quelques jours, nous allons découvrir le Machu Pichu! Est-ce
que nous allons survivre aux pentes raides des Andes à plus
de 4000m? Est-ce que l’on va enfin voir des condors
"en vrai"?, on vous dira çà très bientôt...
|
|
Les petits détails du quotidien...
|
Mangeons gaiement...
Oh
la là, comment
résumer en quelques lignes la multiplicité et
l’intensité de nos découvertes gastronomiques
? Après les privations et les oignons de Mauritanie,
nous sommes tombés dans une caverne d’Ali-Baba
gastronomique.
Impossible d’énumérer toutes les douceurs auxquelles nous
avons succombé ici. On en citera tout de même quelques unes en
vrac. |
|
-
Les fruits!
ici,
il n’y a pas seulement des bananes,
d’ailleurs
moins bonnes qu’au Sénégal, mais
il y a des centaines de fruits délicieux à tous
les coins de rue! Les avocats sont nos grands préférés, étonnant
quand on sait que nous n’en sommes pas fana en
métropole.
Mais ici, c’est du beurre, messieurs, dames!
quel fondant! quel parfum! on les mange avec du sucre,
c’est
encore meilleur (si, si, essayez donc !). Suivent
de près les grenadillas: des fruits étranges,
orange vif, dont on casse et pèle
la coque comme un œuf dur. A l’intérieur,
une masse de petites graines vertes et gélatineuses
qui croquent sous la dent et inondent la bouche de
fraîcheur… de
plus, çà se
garde des semaines et c’est plein de vitamine
C! Il y a aussi les ananas
au goût fabuleux,
les tomates qui nous font renier toute tomate française,
les pacay, espèces d’énormes
haricots de 50cm dont on suce les graines poilues,
les figues, les pastèques, les mangues,
les raisins….
Aaaah, c’en est trop!
-
La spécialité nationale
: la "ceviche" prononcer
"cébitché")
C’est un plat de poisson cru mariné dans du
citron et des épices et accompagné d’oignons,
de grains de maïs et d’algues étranges
et comestibles. C’est
un peu trop riche en piment("aye") pour nous, mais
les parties non pimentées sont vraiment délicieuses…
-
Les
délicieux
jus de fruits frais, fabriqués, dans de
petites carrioles, à la
demande et pour trois
fois rien…
-
Les
douceurs des marchandes assises au bord de la
rue : dans tous les villages, on trouve des petites mamies
("mamitas")
en costume traditionnel, assises au bord de la route… A
leur côté,
un panier (ou plusieurs), enveloppé d’une
de ces grandes couvertures rayées qui leur servent à tout,
et là, on trouve des surprises à déguster
encore toutes chaudes!
-
Le
meilleur, les "empanadas" : ce
sont de petits chaussons de pâte feuilletée
fourrés à la viande et aux légumes,
avec parfois des œufs et du fromage…pour
0,5sols (15 centimes d’euro), on ne résiste
jamais !
-
Les
paparellenas : un petit pâté de
purée mélangée à des
légumes puis frit. C’est un peu
gras, mais Olivier en raffole.
-
Le
choclo con queso : du maïs blanc aux grains énormes, à déguster
brûlant sur sa tige avec un morceau de
fromage.
-
Et
même des véritables repas, maintenus
au chaud dans d’immenses casseroles entourées
de couverture ; de la soupe de poulet ("caldo
de gallina"), du poulet frit avec des
nouilles, ou, encore meilleur, des "chicharonnes"
: des morceaux de porc grillé enrobés
d’épices… miam !
- Les "anticuchos" : on
les trouve sur les carrioles de marchands ambulants qui apparaissent à la
tombée de la nuit. Ce sont de délicieuses petites
brochettes de viande, servies avec un peu de salade. Mais… quelle
viande ? eh bien, ce sont des morceaux de cœur de bœuf
! et c’est vraiment très tendre…
- Un autre type de marchand ambulant
apparaît le soir : sur sa carriole, un mini-étal
qui regorge sur sa carriole, un mini-étal qui regorge
de bouteilles de verre remplies de liquides colorés, et
une marmite bouillonne au centre : mais qu’est-ce que c’est
? Eh bien, ce sont des marchands d’ "emolliente",
une boisson chaude aux vertus digestives, composée d’un
mélange des multiples liquides contenus dans les bouteilles.
A notre demande, le marchand nous concocte donc une mixture chaude
et épaisse, à mi-chemin entre l’infusion
et le sirop. Un peu trop visqueux à notre goût,
mais pas mauvais !……
Les moments galère
- Les premiers maux de tête dus à l’altitude.
- La première nuit à 4000m : on a eu bien froid et ils
avaient coupé l’air !
- La difficile digestion d’une
ceviche trop riche en "aji" à Trujillo
: trois jours pour s’en remettre !
- La pluie incessante et glaciale pendant le trek de Santa
Cruz.
- Les cahots et la poussière
sur la piste "pourrie" de
la cordillère noie.
- Le pédalage sur la panaméricaine dans le bruit des
moteurs et des klaxons assourdissants.
- Dans le même genre, pédaler à Trujillo, au milieu
des taxis fous qui klaxonnent à tout va et doublent absolument
n’importe où !
Les meilleurs moments
Ah ici, c’est le Pérou !!
Ce pays nous a vraiment conquis et les bons moments ont été nombreux.
Alors, un "best
of":
- L’arrivée en trek sur le col à 4750m, en même
temps que le soleil: exaltation, souffle court et paysage vertigineux…
- Les couleurs rouges incroyables de la cordillère noire et
ses canyons démesurés.
- Le sourire de Norma
qui nous attend, bras ouverts, à la sortie
de l’aéroport, sans même nous
connaître
! et l’accueil chaleureux de toute sa famille à Lima.
- L’ambiance chaleureuse de la maison familiale de Viviane à Huaraz.
- Un bivouac en bord de lac à 4000m, sous les sommets enneigés.
- L’invitation à l’anniversaire de la petite fille
de señora Gamboa.
- La "Casa de cyclistas" à Trujillo.
- Les visites "Moches"
avec Lucy.
- Les fruits !!! et toutes les douceurs que nous
offre le Pérou
dans nos assiettes…heu, nos gamelles !
|
|
Voici la liste un peu
rébarbative des différentes positions GPS (villes ou bivouacs)
de Globicyclette...
date |
latitude S (deg min sec) |
longitude W (deg min sec) |
lieu |
18/10 |
09 32 18 |
77 31 56 |
maison à Huaraz |
19/10 |
09 09 11 |
77 44 16 |
Memorial old Yungay |
20/10 |
09 03 34 |
77 37 44 |
biv lac Llanganuco |
21/10 |
|
|
Yungay hostal Gledel |
22/10 |
08 57 06 |
77 33 44 |
rando " trek de Santa Cruz" jour
1 |
23/10 |
08 54 56 |
77 34 23 |
jour2 |
24/10 |
08 56 06 |
77 40 14 |
jour3 |
25/10 |
09 08 19 |
77 44 51 |
Yungay, hostal Gledel |
26/10 |
09 00 31 |
77 48 58 |
pres de Caraz sous la pluie |
27/10 |
08 47 18 |
77 53 04 |
canon del Pato |
28/10 |
08 41 38 |
78 10 14 |
biv cordilerra negra (t bo!) |
29/10 |
08 40 54 |
78 32 54 |
descente de la cordillera negra |
30/10 - 1/11 |
08 06 17 |
79 01 18 |
casa de cyclistas, Trujillo |
2/11 -3/11 |
|
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bus entre Trujillo et Cusco |
|
CARNET
2
|
Mais que deviennent nos amis
globicyclistes péruviens ? Il est temps de vous
conter nos nouvelles aventures, à la découverte
du pays inca, des cols des Andes, du lac Titicaca, et
des lamas sauvages! Vous êtes prêts pour
les hautes altitudes ? Allons-y.
|
|
|
|
3 -7
novembre : Globicyclette à l’assaut de la Vallée
Sacrée.
|
Nous
vous avions laissés
dans les ruines Chimus et Moches de la cité de Trujillo,
sur la côte nord du Pérou. Eh bien, il est temps
de mettre le cap au sud, et de faire un grand bond jusqu’à la
ville de Cuzco, à plus de mille kilomètres de là.
Nous, ce bond, nous l’avons fait en bus, car longer le
désert côtier à vélo, ne présentait
guère d’intérêt.
|
Après tout
de même deux jours de voyage inintéressant
mais relativement confortable, nous débarquons donc
dans la capitale de l'ancien Empire inca, dont les habitants
se plaisaient à penser qu'elle était le centre
du monde: Cuzco, dont le nom seul évoque temples
anciens et conquistadores, s’étale devant
nous, immense dans sa vallée.
|
Le bus nous dépose au terminal routier, et nous remettons
en ordre vélos et sacoches. Avec la fatigue du voyage et
l’altitude (3800m), la tête nous tourne un peu, et
nous fonctionnons au ralenti ! Nous nous frayons un chemin dans
les rues de cette grande ville, jusqu’à l’office
du tourisme où nous essayons de comprendre quelles sont
les ruines "à faire" dans le coin. C’est
facile, il suffit de faire le tour de la Vallée Sacrée
des Incas au nord de Cuzco ! et de terminer par le Machu Pichu,
bien sûr !
Bon, ben c’est parti pour la vallée
sacrée alors ! mais avant la vallée, il va falloir
escalader la montagne qui la sépare de Cuzco. Et l’escalade
commence dans les rues même de la ville : on se retrouve
dans la " ruelle de l’enfer", pavée,
5m de large et au moins 18% de pente ! Impossible de la monter
en vélo, nous sommes obligés de pousser, les pieds
dérapant sur les pavés glissants. On mettra 20mn
pour gravir cette seule ruelle ! Avec l’altitude, notre souffle
se perd et le cœur s’emballe au moindre effort, et dire
que nous nous croyions acclimatés ! Le séjour à Trujillo
aura eu raison de nos globules…
Nous arrivons à bout de souffle à la sortie de Cuzco,
et la route
continue de monter, bien raide… On s’arrête tous les 300m pour
souffler et retrouver un rythme cardiaque décent. A cette vitesse, la
nuit tombe déjà quand on arrive aux premières ruines incas
qui surplombent Cuzco, et n’en sont pourtant qu’à quelques
kilomètres. Il s’agit du site de Saqsaywaman (prononcer "Sexy Woman"
!
facile !), un hybride entre temple et citadelle qui fut le lieu d’une bataille
cruciale de résistance des incas contre les conquistadores. Mais pour
le moment, la citadelle est plongée dans la pénombre et nous aussi
! Mais on parvient à persuader les gardiens de nous laisser dormir à côté de
leur guérite (apparemment, c’est de toute manière trop dangereux
ailleurs !), et on s’installe à la belle étoile…
L’accord des gardiens avait cependant été donné à une
condition : à 5h (heure de la relève), le bivouac doit être
levé ! Le réveil sonne donc à 4h30 dur dur ! et de 5h à 6h30,
nous comatons sur un banc en face du site, emmitouflés dans notre duvet
: c’est qu’il fait frais à 3800m. Mais l’avantage,
c’est
que nous serons les premiers à l’ouverture du site…
Nous découvrons
nos premières pierres incas dans la rosée
du matin et dans le silence du début du jour. C’est
impressionnant. Des pierres taillées, massives,
de plusieurs mètres de haut, sont parfaitement imbriquées
les unes dans les autres pour former des remparts en dents
de scie absolument superbes. On se sent tout petit,
d’autant que le simple fait de longer les murailles nous
essouffle déjà. |
|
On se laisse envahir
par la tranquillité majestueuse des lieux, et on s’offre même un
petit somme sur le gazon sous le regard éternel de ces belles pierres
grises.
Mais les autres ruines nous attendent! Alors que les premiers cars de touristes
arrivent sur les lieux et nous photographient au même titre que les murs
incas, plutôt flatteur, non ?, nous grimpons sur nos vélos pour
affronter de nouveau la rude côte… C’est que çà grimpe
toujours ! Nous sommes un brin moins essoufflés que la veille, mais le
pédalage reste bien difficile et nous progressons à une ridicule
vitesse de 4km/h, en zigzaguant un peu…
Mais petit à petit, coup de pédale après coup de pédale,
nous voici presque au sommet de la petite montagne. On souffle un peu en allant
visiter les ruines de Pukapukara, un petit fort avec vue panoramique et de Tambomachay,
un ensemble de canalisations et fontaines de pierre où l’eau s’écoule
toujours! C’est moins impressionnant que Saqsaywaman, mais la précision
de taille des blocs est toujours aussi fine, signature de la civilisation inca…
Et nous dormirons à la belle étoile fois de plus, dans le creux
de la vallée sacrée… Laissant nos genoux récupérer
de tant de grosses montées.
La journée suivante nous amène le long de la vallée au petit
village d’Ollantaytambo, où nous nous émerveillons de nouveau
devant des ruines aux blocs immenses... mais Ollantaytambo sera aussi notre "camp
de base" pour aller visiter le Machu Pichu, sans Philéas et Heïdi
malheureusement, car le trajet ne s'y fait qu’en train ou à pied
! On laisse donc nos "bébés" en sûreté dans
un petit hôtel/camping très sympa, et le lendemain, à quatre
heures du matin, nous voici en route pour la plus belle des ruines incas.
|
|
7 - 9 novembre :
le Machu Pichu !
|
Alors,
le Machu Pichu, en train ou à pied ?
Les deux, mon capitaine! En fait, le train est bien trop cher pour
nous, et la randonnée mythique qui en constitue l'alternative,
quatre jours sur l’ "Inca Trail", ne peut se
faire sans guide, mulets, autorisation, réservation, et plusieurs
centaines de dollars... Mais … Nous ne sommes pas les premiers
routards devant ce dilemme: la solution? Une rando... le long des
rails du chemin de fer! On se fait donc déposer sur les rails à l'aube
par un "moto taxi", et c'est parti pour 28 km de marche
entre planches de bois et caillasse.
|
En
guise d’encouragements
pour nos premiers kilomètres, le ciel nous offre un
lever de soleil d’artiste : nuages roses dans un ciel
bleu clair, dans lequel trônent des sommets andins
aux glaciers d’un blanc pur. On respire à plein
poumons l’air glacé des montagnes pendant que
les premiers rayons de soleil nous réchauffent le
dos. Qu’on est bien dans les Andes ! |
Quelques heures de marche plus tard,
c’est
un peu moins rigolo. Le gentil soleil du matin nous écrase à présent
de ses rayons brûlants et nos sacs à dos de fortune,
bidouillés avec nos sacoches et quelques sangles nous cisaillent
les épaules. Les chevilles fatiguent aussi de cette marche
sur la caillasse, et nos yeux brûlent de voir défiler
les planches de bois à l’infini. Dis, c’est encore
loin grand schtroumpf ? oui, très loin…
Mais bon, malgré l’inconfort de la marche, le paysage
est bien joli : nous longeons une verte vallée (toujours la
Vallée Sacrée d’ailleurs), et entre deux parois
couvertes d’herbe bien verte coule le Rio Urubamba dans un
chant joyeux d’eau bouillonnante. Au loin, tout là-haut,
il y a toujours ces sommets enneigés des Andes qui se découpent
sous le ciel bleu… on ne va pas se plaindre non plus! d’autant
que nos anges gardiens nous réservent une petite surprise… après
environ 3h de marche, nous entendons le bruit d’une petite
locomotive qui arrive à toute allure.
|
On
bondit hors de la voie, et elle nous dépasse dans un hurlement de
klaxon… puis s’arrête 200m plus loin! On
la rejoint en courant, et on a peur de se faire réprimander
pour marcher sur les rails… mais… pas du tout! "Vous
n’êtes pas fatigués de marcher comme çà?
Vous allez jusqu’à Agua Calientes? Mais vous êtes
fous! montez donc", et contre une petite "propina" (pourboire)
on vous avance de 10km: ah ben çà, mais volontiers!
Sitôt dit, sitôt fait, et 10sols plus tard, nous
voilà serrés dans ce minuscule petit wagon
jaune qui file à toute allure sur les rails: si nous
avions su que nous irions finalement au Machu Pichu en "train"!
Les deux chauffeurs sont ravis de l’aubaine, et ils
nous cachent sous les sièges quand on passe une gare:
c’est qu’ils n’ont pas le droit de prendre
des passagers! mais, c’est promis, on ne dira rien… |
Et voilà,
en quelques minutes, nous avons économisé presque 2h12
de marche … Il nous reste quand même un bon bout jusqu'à Agua
Calientes, la ville située pied du Machu Pichu. On y arrivera
en fin de matinée, pas fâché d'avoir terminé cette
marche difficile! Là, nous découvrons très vite,
qu’en fait, Agua Calientes c’est "Gringoland".
Dans les rues, on ne trouve que des touristes, les seuls péruviens étant
ceux qui hèlent le passant derrière les innombrables échoppes
de souvenirs "compra me, compra me, señorita! ", "achète-moi",
sous entendu "achète moi quelque chose", mais çà sonne
mal à nos oreilles. En fond sonore, le répertoire des
Beatles joué à la flûte de pan, cela donne une
idée du caractère pas vraiment authentique du coin!
Mais bon, si l’on se persuade que nous nous baladons en plein
parc d’attraction, c’est plutôt chouette! Les rues
pavées sont propres et blanches sous le soleil, et les couvertures
aux couleurs vives et autres bijoux des échoppes de souvenirs
ajoutent une touche de gaité à l’ensemble.
Le village n’est pas bien grand et nous trouvons vite la jolie
Place d’Armes décorée d’une statue de chef
inca géante en son milieu. Juste à côté,
un hôtel nous tend les bras pour 20 sols: c’est le double
du prix habituel, mais il n’y a pas moins cher dans toute la
ville. Aaah, on peut enfin déposer nos sacs à dos de
torture et s’asseoir sur un lit moelleux: que c’est bon!
Nous résistons (difficilement) à la divine tentation
d’une sieste: on n’a pas marché autant pour dormir!
On sort à toute vitesse de l’hôtel avant de changer
d‘avis (rappel: réveil à 3h45 ce matin !), et
on plonge dans l’office du tourisme tout proche: "qu’y
a-t-il à faire pour cet après-midi?", eh bien,
il y a une montagne qui fait face au Machu Pichu en deux heures de
raides montées, le "Putucusi" nous offrira une
vue imprenable sur la cité sacrée. Bon, c’est
parti pour l’ascension du Putucusi alors!
Et effectivement, le sentier bat tous les records de raideur:
c’est
presque une via ferrata, mais sans baudrier! On commence par des
marches en pierre (taillées par les incas?), puis on arrive
carrément devant des échelles de bois vertigineuses
sur plusieurs dizaines de mètres: cœurs fragiles s’abstenir!
On monte, tout en faisant bien attention à nos prises, il
vaut mieux ne pas glisser! Le tout se fait dans la jungle luxuriante:
on a vraiment l’impression d’être des Indiana
Jones!
|
Mais
500 m plus haut, la vue du sommet nous offre un spectacle... époustouflant.
Le Machu Pichu, devant nos yeux! Nous sommes en face de la
cité perdue des Incas, à quelques kilomètres à vol
de condor… Notre sommet est même un peu plus
haut, et nous offre une vue plongeante sur les ruines, éclairées
par le soleil de fin d’après-midi. Nous contemplons émerveillés
cette cité perdue au milieu de la jungle, posée
sur le sommet d’une montagne, avec ses temples et
ses terrasses… |
La vue n’a rien à voir
avec ce que nous connaissons des cartes postales, car l’angle
n’est pas du tout le même: ici la cité s’offre à nous
dans toute sa longueur.
De retour à Agua Calientes, les jambes nous tirent: c'est
qu'on a une sacrée journée de marche dans les pattes!
On prend un verre avec une sympathique famille rencontrée
au retour du Putucusi, puis l’hôtel et sa douche chaude
(douche!! chaude!!) nous tend les bras… C'est que le lendemain
nous réserve aussi un réveil matinal: à 4 h
30, nous voilà de nouveau en randonnée, sur le véritable
sentier du Machu Pichu cette fois: nous avons bien l'intention d'arriver
tout là-haut à pied, et avant les premiers bus! Après
400 m de grimpette, c'est mission accomplie, et sommes parmi les
premiers à découvrir le site.
La
brume nous dévoile
peu à peu les ruines, dans une ambiance de calme et
de mystère: la cité sacrée joue les
timides, mais ce n’est pas déplaisant: nous
voici devant le Machu Pichu! |
|
Nous craignons
que la vue du Putucusi ait défloré la plus grande partie
du mystère mais nous réalisons que la vue "in
situ" n’a pas d’égal, nous voici au milieu
des pierres, et l’on prend mesure du caractère majestueux
du site.
On essaie d’imaginer les sentiments de ceux qui ont parcouru
ces ruines les premiers…
L’atmosphère est vraiment particulière et prête
aux contemplations mystiques. Vers 11h, Amanda s’offre même
le plaisir d’une sieste sur le gazon vert pomme: qui d’autre
a dormi sur le Machu Pichu? Le site, malgré les touristes
en masse, reste tellement paisible…
|
Après s’être
imprégné plusieurs heures de l’ambiance
des ruines, on décide d’aller prendre un peu
plus de hauteur. On part à l’assaut du Wayna
Pichu, la montagne en pain de sucre qui domine la cité sur
toutes les cartes postales. Car là-haut, il y a encore
des ruines, plus une vue panoramique sur la cité.
La montée est raide mais le paysage en vaut la peine! Nous profitons jusqu’aux
derniers moments de ces superbes ruines pour finalement se faire mettre dehors à l’heure
de la fermeture… et il y a encore des coins que l’on n’a
pas vu! |
Mais le soir tombe,
et il est l’heure de laisser la
cité perdue reprendre de son mystère…Malgré le
côté terriblement touristique du site (et son prix!),
nous sommes vraiment enchantés par cette visite … le
Machu Pichu ne s'oublie pas!
Le lendemain, nous voici de retour sur les rails, cette fois en
compagnie d'un autre couple, Aurélie et Joël, rencontrés
la veille. Pas de wagon-stop cette fois-ci, mais les discussions
avec nos nouveaux amis rendent la marche bien plus agréable!
On a quand même bien mal aux pieds à l'arrivée à Ollantaytambo
où l'on retrouve Philéas et Heïdi qui nous attendent
sagement… un peu jaloux peut-être Il faut dire qu'après
ces trois dernières journées, on ne parvient guère à leur
faire faire plus de 10 km avant de s'écrouler sous la tente!
|
|
10-12 novembre :
retour à Cuzco, par les montagnes
|
Mais on va se rattraper
sur le pédalage dans
les jours suivants car nous quittons la Vallée Sacrée
pour repasser à travers les montagnes, direction Cuzco.
Et ça grimpe! On bat notre record de dénivelé quotidien
avec plus de 1004 m, et on s'offre un bivouac à la belle étoile
avec coucher de soleil sur montagnes enneigées comme récompense...
Globicyclette, c'est une succession d'efforts... et de réconforts!
Les
jours suivants nous amènent au village de Chinchero: nous découvrons
un marché du dimanche fabuleux, où tous les
habitants sont en costumes traditionnels. Il y règne
une ambiance joyeuse, et on fait la fête à nos
vélos: nous repartirons sous les applaudissements
d'une nuée d'enfants rieurs: ça fait toujours
plaisir de mettre de l'animation à nos pauses! |
|
Montées et descentes andines finissent par nous ramener à Cuzco:
la boucle "sacrée" est bouclée!
Une journée "en ville" va nous permettre d'effectuer
les opérations urbaines habituelles: lessive, courses, douche,
internet. Mais surtout, on va y rencontrer... François, un
bordelais de 24 ans qui vient de monter un café avec dégustation
de vins français (du Bordeaux bien sûr!) à Arequipa.
|
Avec
sa copine péruvienne,
Danitza, ils ont donc importé des centaines de bonnes
bouteilles, et les vendent dans leur café ou aux hôtels
et restaurants du coin. François est justement à Cuzco
pour démarcher les hôtels afin d’agrandir
leur aire de distribution. On est admiratif devant son audace
et son énergie et on est persuadé que son entreprise
aura un succès fou. En attendant, François
ne nous laisse plus le choix; il faut qu’on aille à Arequipa
qui est une ville somptueuse, et il nous invite chez lui
(et chez ses beaux parents) pour tout notre séjour
dans la "ville blanche"! |
Nous,
on a bien envie d’aller voir son "Cafe y Viño",
et on va donc concrétiser nos ébauches de nouvelle
trajectoire déjà élaborées avec Lucy à Trujillo!
Cuzco --> Juliana --> Puno et le lac Titicaca --> Arequipa
--> Chili
!
On passe la soirée à se promener dans Cuzco en discutant
avec François. Et nous sommes admiratifs devant ses ambitions,
lui est fasciné par notre tour du monde! Chacun son truc En
attendant, il est vraiment sympa avec sa spontanéité et
son accent du sud-ouest qui fait pointer en nous, une petite nostalgie
du "pays"…
Vivement Arequipa !
|
|
13- 18 novembre :
de l'Altiplano andin au lac Titicaca
|
Il est temps de quitter
les ruines incas pour aller pédaler dans les Andes. Notre
prochaine destination: le lac Titicaca! On met donc le cap vers
la ville de Juliaca, à proximité du lac. Et c'est
parti pour cinq jours de pédalage à travers les
Andes.
Première étape: on monte jusqu'au célèbre
Altiplano, ce plateau à près de 4000 m, qui borde la
cordillère des Andes. Entre un ou deux soucis digestifs (eh
oui ! ils sont toujours là, eux!), on grimpe plutôt
bien, et l'altitude ne nous fait plus peur: on passe, tout fier,
notre premier col à 4340 m: le record de Globicyclette ! Nous
pédalons sous le grand ciel bleu des Andes, et croisons régulièrement
des troupeaux d'alpagas ou de vigognes (encore plus jolis). Malgré l'effort,
on est les plus heureux dans ces superbes montagnes!
À l'approche d'un second col,
encore plus haut (4438 m), nos encouragements mutuels ont quand même
du mal à nous faire encore pousser sur les pédales...
mais une motivation de taille arrive à la rescousse: il y
a une source chaude au bout de la route! C'est ainsi qu'on se retrouve à plus
de 4000 m, sous les étoiles (longue journée!), plongé dans
une eau à 38°C.... raaah! Vu l'altitude, ça nous
fait presque tourner la tête ! Alors, quand est-ce que vous
nous rejoignez sur les routes ?
Après toutes
ces montées, c'est l'immensité plate de l'Altiplano
qui s'offre à nous: amateurs de grands espaces, retenez
votre souffle! L’horizon est loin, loin derrière
ces immenses étendues d’herbe jaune qui brillent
sous le ciel bleu. Mais qui dit plat… dit vent ! et
les prochains kilomètres se passeront à pester
contre ces rafales qui nous ralentissent à 10km/h
en descente… |
|
On prend
le temps de s’abriter un peu au petit village de Santa Rosa,où nous
nous tombons au milieu d'un groupe d'écoliers sortant de classe.
Ils sont très curieux mais adorables et polis, et avant de
partir, nous aurons un droit à une chanson en chœur !
Et nous voici, filant à pleine vitesse sur la route toute
plate, dans un paysage de cinéma, et sous le soleil... Si
le vent n'était pas de face, ce serait le paradis... Mais
c'est déjà pas mal. Pendant qu'on pédale, on
apprend quelques mots de castellan sur "notre petit guide
de conversation": eh oui en vélo et si la route est
droite, on peut même lire en pédalant!
|
C’est ainsi
qu'on arrive à la ville-carrefour de Juliaca (prononcer "Rouliaka"),
où nous dégottons un hôtel premier prix
pour nous et nos vélos ; demain, on les laisse de
nouveau pour faire un aller-retour en bus jusqu'à la
ville de Puno située sur le lac Titicaca. |
On arrive donc de
bon matin devant le plus haut lac navigable du monde. C'est grand!
Le lac en lui-même ne correspond pas vraiment à l'image
de "lac de montagne" que nous nous en faisons, car
près de Puno, il n'est pas très profond et envahit
de roseaux, ça fait presque penser à la Camargue! Mais
c'est bien joli quand même, et on devine son immensité devant
ses berges qui se perdent à l'horizon.
Une des merveilles
du lac Titicaca, ce sont ses "îles flottantes",
seules îles au monde construites par l'homme depuis
des centaines d'années. On raconte que pour fuir l'expansion
inca le peuple des Uros a élu domicile sur le lac
Titicaca, en construisant des îles-radeaux à l'aide
des bambous/roseaux locaux, les "totoras" (les
mêmes que ceux des barques de Huanchaco). |
|
Depuis
des centaines d'années, le peuple
Uros vit ainsi, et les îles forment une véritable petite
ville, à 25 minutes en bateau de Puno. Mais aujourd'hui, malheureusement,
l'ensemble tient plus de l'attraction touristique géante que
de l'enclave préservée d'une ancienne civilisation...
Nous allons tout de même les visiter: impossible de passer à côté d'une
des merveilles du monde... Mais nous sommes quand même un peu
déçus par l'aspect tellement touristique des îles. À notre
arrivée, on constate que chaque île, grande d'une centaine
de mètres tout au plus, possède son propre débarcadère à touristes,
et est affiliée à un bateau/une agence en particulier.
|
Sur l'île, quatre
ou cinq maisons de totoras, entourent une place centrale
où se trouvent quelques stands de souvenirs à vendre,
présentés sur des couvertures. Quelques descendants
des Uros, habillés en costume traditionnel, attendent
le touriste (mais sont-ils vraiment des Uros, ou juste des
villageois de Puno déguisés?). Malgré cet
aspect très artificiel, les îles en elles-mêmes
sont fascinantes. |
Notre guide
nous explique leur structure et leur construction: tous les
15 jours, les habitants ajoutent une nouvelle couche de totora
au sol de leur île.
En vieillissant, celle-ci finit par former une sorte d’humus
recouvert par les dizaines de couches qui lui ont succédé.
L'empilement des couches peut faire jusqu'à 4 m de haut, la
plus grande partie se trouvant sous l’eau, un peu comme pour
un iceberg. L'île ainsi formée est rattachée à ses
voisines, ou au fond du lac, par un système de bouts, ancrés
dans la base de l' humus. Le totora permet aussi, en liant les branches
par fagots, de fabriquer les maisons et les embarcations traditionnelles.
Mais une barque en totora ne dure pas plus de quelques mois: après,
elle moisit! (et elle coule). En tout cas, la vie sur ces minuscules îles
flottantes doit être bien particulière...
De retour à Juliaca, on constate que le soleil est resté sur
le lac... Et le temps de remballer nos sacoches, l'orage gronde et
le ciel est devenu violet foncé. "Vous êtes fous,
il va pleuvoir, restez ici une nuit de plus!", nous supplie,
inquiète, la mamita toute gentille de l'hôtel. On hésite
sérieusement à se mettre en route, mais il est à peine
16 heures, et on a de la route devant nous... "Bah, la pluie,
ce n'est que de l'eau!" lui répond bravement Olivier
en enfilant sa Goretex, alors que les premières gouttes commencent à tomber.
On n’a quand même pas l'intention d'aller bien loin,
juste de sortir de la ville et de trouver un bivouac tranquille d'où repartir
demain à l'aube.
|
Dans
la "banlieue" de Juliaca, on fait une pause pour
enfiler nos sur-chaussures en néoprène: c'est
que notre copain le "vent-glacial-de-face-qui-nous-envoie-la-pluie-dans-la-figure" est
de retour! |
Mais, pendant nos enfilages,
un homme nous accoste en
souriant: "mais vous êtes sûrement trempés!
Restez donc chez moi pour la nuit, je vous invite, vous pouvez vous
reposer au sec et repartir demain matin!". Bon, dit comme ça...
Une offre pareille ne se refuse pas, non? Notre nouvel hôte
nous conduit alors chez lui. Mais on ne s'attendait pas à un
tel taudis: une pièce de 15 m² en grand désordre,
avec des détritus un peu partout, et dans un coin, un matelas
défoncé à la propreté douteuse... D'ordinaire,
on n'est pas vraiment difficile, mais là, on se demande où on
est tombé. Mais le pire reste à venir: un autre homme
s'amène, le voisin apparemment, lui aussi tout sourire, mais
titubant sur ses jambes: pas besoin de l'étudier longtemps
pour voir qu'il est complètement saoul... Et on réalise
alors que notre hôte n'est pas si loin derrière, même
s'il cachait mieux son jeu! On tente une conversation, car ils ne
sont pas méchants, mais leurs propos ne sont guère
cohérents... Et quand ils se mettent à se serrer l'un
l'autre dans les bras, on décide qu'on préfère
nettement passer la nuit sous la flotte que de rester avec ces ivrognes.
"Oh, ça
alors, la pluie s'est arrêtée!" s'exclame Amanda
(arrêtée pour une minute, mais chut!). "Bon ben
finalement, on n'y retourne, salut!". Et on remonte sur nos
vélos avant qu'ils ne le réalisent que leurs "invités"
s'enfuient. Le plus triste, c'est qu'on a eu le temps d'apercevoir
un ado d'une
quinzaine d'années et une petite fille au regard vide: les
enfants de notre hôte, premières victimes de son alcoolisme...
Nous, en tout cas, on décampe de toute la vitesse de nos pédales:
leçon du jour, toujours vérifié l’haleine
des gentils messieurs qui nous invitent!
|
|
19-22 novembre :
les Andes, version humide
|
Après cette escale
touristique, c'est reparti pour un peu de pédalage en
montagne. On quitte Juliaca, direction Arequipa, vers le Sud-ouest.
|
Et entre les deux,
rebelote, de l'Altiplano, des cols, des montagnes, et plein
de vicuñas (vigognes) ! Mais les Andes ont décidé cette
fois-ci de nous en faire baver un peu plus: la route s'incline à plus
de 10%, et l'orage débarque, après un cocktail
de choc : vent de face, pluie en rafales dans la figure,
puis comme on résiste et qu'on grimpe toujours, grêle
! aïe ! ça fait mal sur les joues déjà glacées! |
Comment çà ? finalement, vous ne nous rejoindrez
pas sur les routes
? C'est vrai que dans ces moments-là on est nostalgique des soirées
passées bien au chaud sur le canapé... Mais on poursuit tant bien
que mal, en s'encourageant mutuellement. C'est que nous sommes de nouveau à plus
de 4000 m, et l'essoufflement arrive vite avec des côtes pareilles. Et pendant
trois jours, nous allons ainsi passer la plupart du temps dans une lessiveuse,
programme "froid"... Le soir, on se réfugie sous la tente
qui se couvre de neige pendant la nuit. À midi, ou plutôt au milieu
des après-midi, nous trouverons refuge par deux fois dans des mini-buvettes
pour routier, surgies de nulle part. Heureusement que les matins nous offrent
d'éphémères rayons de soleil qui nous permettent de sécher
un peu et d'admirer les montagnes enneigées sous le soleil... Mais même
alors, rien ne va plus : le troisième matin, enivrés par les
quelques rayons de soleil que les Andes nous offrent, Olivier prend trop de
vitesse dans
une descente... et c'est la chute à 65 km/heure! Heureusement, passée
la première grosse frayeur, les dégâts restent moindres,
vue la vitesse : un guidon bien tordu, un appui-tête déchiré,
la manche droite du polo en lambeaux et un gros mal de fesses...
Du coup, au village
suivant (et de nouveau sous la pluie) on se laisse convaincre
par le gendarme local : "quoi? vous voulez repartir?
Mais vous avez vu ce qui tombe? Restez ici, au sec, pour
la nuit! j'ai un local juste ici, entrez, vous y serez bien!".
Il a raison, on y est mieux que sous la pluie, et Olivier
peut recoudre les dégâts!
On profite du soleil du lendemain matin pour dévaler les derniers 80km
qui nous séparent d'Arequipa. Malgré le temps, on est heureux de
notre traversée: nous avons vaincu des cols à plus de 4500 m et
affronté la grêle andine, et c'était quand même bien
joli! |
|
À
l'approche d'Arequipa, le paysage change totalement: après les immenses étendues
de l'Altiplano, on se retrouve au-dessus d'une vallée nue et aride, tout
en couleurs jaune et ocre. Oubliées, les montagnes humides et vertes,
nous voici chez le cousin du grand canyon ! Et là, enfin... ça
descend! On dégringole presque 1500 m de dénivelé à toute
vitesse, et sous le soleil en plus. Mais l'orage n'est pas loin, juste derrière
nous, dans les montagnes. Nous faisons la course contre la pluie... nous gagnons
et arrivons à Arequipa presque tout secs.
|
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22-29 novembre :
bonheur et vins à Arequipa
|
Quelle ville immense!
La seconde du Pérou après
Lima. Elle occupe toute une vallée au milieu d'un paysage
de monts désertiques. Loin au-dessus, trois gardiens veillent
sur elle: les volcans Pichu Pichu (et son profil d'indien couché),
le Misti (le plus haut ! un énorme cône...), et le Chachani
(le plus haut! plus de 6000 m...). Ils fournissent à la ville
un panorama grandiose et magnifique. Mais pour le moment, ils sont
plutôt... dans la brume! Peu nous importe, car nous sommes
focalisés sur le café de François. On le trouve
juste à côté de la Place d'Armes, la plus belle
de toutes celles que nous ayons visitées, près d’ une
immense cathédrale de pierre volcanique blanche, et un jardin
central de fleurs et de palmiers.
Et qui trouve-t-on à côté du "Café y
Viño" ? François bien sûr, qui nous attendait
! C'est bon de revoir sa tignasse frisée et son grand sourire
!
|
Il nous amène
illico à l'intérieur de "son" domaine,
le cloître de la compagnie, un bâtiment superbe
avec deux cours intérieures et fontaines, à l'étage
duquel se trouve son "café". C'est joli
comme tout, en pierre blanche ici aussi, avec des colonnes
gravées de bas-reliefs floraux. Que c'est tranquille
! On monte sur la promenade à l'étage, et l'on
trouve Danitza, la copine péruvienne de François, à l'entrée
de la boutique. Les deux se hâtent de nous installer
sur les tabourets du bar, et nous préparent illico
deux jus de fruits frais : quel accueil ! |
On découvre le bar en sirotant ces
délices : il est tout petit et vraiment chouette, tout propre,
et l'agencement d'un goût exquis donne envie d'y passer la
journée. Et qu'on est bien, enfin au sec, confortablement
assis sans pédaler!
C'est le début de quatre jours de "vacances" dans
cette ville magnifique. Comme prévu, nous nous entendons très
bien avec François et Danitza, avec qui Amanda améliore
son espagnol à toute vitesse. Ils vont nous offrir une hospitalité fabuleuse,
sans parler de leur amitié. Nous pensions planter notre tente
dans le jardin de leur maison, ou plutôt celle de la maman
de Danitza, chez qui ils habitent. Mais c'est sans compter sur cette
dernière, aussi accueillante que nos amis, et qui nous installe
illico dans une chambre d'amis où François stocke son
vin: nous allons dormir à côté de bouteilles
de cabernet franc et de Sauternes! Et quelle maison! C'est en fait
une petite ferme à quelques kilomètres de la ville,
avec vaches, taureaux, paon, chiens, et même Coco, le perroquet
! Et ce n'est pas fini …
Nous voici douchés, habillés
de neuf des pieds à la tête par nos amis, blanchis,
et surtout …nourris ! Car en plus d'être un ange, la
maman de Danitza est une cuisinière fabuleuse, nous allons
avoir droit au meilleur petit déjeuner de notre voyage : jus
fraîchement pressé de papaye-ananas, lait chaud qui
vient juste d'être tiré (ils ont des vaches), thé,
café, pain, beurre, confiture (faite maison par... la maman
de François en France !), mais aussi un délicieux hamburger
fromage qui nous réconcilie à jamais avec les petits
déjeuners salés. Quel repas ! Et François affirme
que c'est tous les jours comme ça : cette maman est un vrai
trésor tout comme sa fille qui elle, nous mitonne des jus
de fruits frais maisons dès que l'on entre dans le café...
Au programme de nos journées : visite de la ville avec François.
Il Nous fait découvrir une Arequipa vivante, pleine de charme
avec les pierres volcaniques blanches qui en composent les murs,
ensoleillée, bref, nous sommes séduits. On se surprend
même à rêver d'une année passée
ici... Qui sait ? On part aussi visiter l'immense marché local,
un festival de couleurs, d'odeurs, et de bonnes choses. Entre les
visites, les tours sur internet, et les heures passées au
Café y Viño en compagnie de nos amis, où nous
aidons comme nous le pouvons, le temps passe trop vite. Entre les
clients, on discute pendant des heures de tout et de rien. Il faut
dire que François est un conteur né, et on l'écouterait
raconter ses histoires du matin au soir ! A sa verve s’ajoute
un enthousiasme communicatif et généreux : François
va réussir à nous faire aimer le bon vin ! Nous allons
ainsi déguster le meilleur Sauternes de notre vie... au Pérou
!
On réalise
en fait que l'amitié était un élément
manquant dans notre voyage... À deux, nous découvrons
en amoureux des paysages inoubliables, nous vivons des aventures
extraordinaires, mais nous faisons aussi l'expérience
d'un certain type de solitude... Et c'est lorsque le manque
est comblé que l'on se rend compte de son importance. |
|
Il est vrai que pendant
ces heures de pédalage où l'esprit vagabonde, on fait souvent
appel aux souvenirs des bons moments passés avec famille ou
amis : quand on vous dit que l'on "pense à vous",
ce n'est pas qu'une formule ! Et ces souvenirs nous ont aussi aidés
dans les moments difficiles… Mais nous n'avions pas envisagé de
vivre de nouvelles amitiés au cours de notre voyage ! Nous
voici avec des souvenirs supplémentaires à raviver...
et c'est aussi l'explication de notre séjour "prolongé" à Arequipa...
Mais le voyage continue ! Parce qu'il y a encore des
milliers de choses à voir, ne serait-ce que le fameux "Canyon del
Colca", l'un des plus profonds du monde, juste au nord d'Arequipa.
Arriverons-nous à nous arracher au douillet confort physique
et moral de ces derniers jours ? Allons-nous un jour le voir, ce
canyon ? Et les condors, alors ? Et puis, le Chili, c'est pour quand??
Suite ... au prochain épisode évidemment !
|
|
Mangeons gaiement
|
- Palmarès de cet épisode :
les petits déjeuners de la maman de Danitza... mais tout
est déjà écrit plus haut.
-
Dans la même famille... L'adobo du dimanche: tous les dimanches
matin, Danitza et François sont invités à manger "l'adobo" chez
le papa de Danitza, qui habite à cinq minutes à pied
(ses parents sont "cordialement" séparés).
L'adobo, c'est une soupe épaisse servie avec de délicieux
et énormes morceaux de porc. Ça tient lieu de brunch
et çà nourrit pour la journée ! Et aujourd'hui
bien entendu, nous sommes inclus dans l'invitation. Le papa est tout
aussi adorable que la maman, et Olivier se retrouve même avec
un verre de liqueur d'anis dans les mains ; à 10 heures du
matin, pas facile de boire çà cul sec... Mais
il s'en sort honorablement.
-
Le rhum arrangé à la mangue de François... celui à la
fraise n'est pas loin derrière ! (et on ne parle
pas de son vin...)
-
La viande d’alpaga ! Ben oui, comme le mouton, il n'est pas élevé que
pour sa laine... On a donc testé pour vous : un peu mâchouillant
(on préfère le mouton !), mais pas si mauvais
!
-
Les yaourts d’Arequipa : on les achète par pots d'1
l, liquides et parfumés, et on les finit à deux!
-
Le quiñoa : vous connaissez peut-être cette
petite graine d'Amérique latine, souvent vendu au
rayon "bio" ou "commerce équitable"
des magasins ? Ici, elle est vendue à côté du
riz et des pâtes, mais, à l'inverse de
ses voisins, elle présente l'avantage d'être
très riche en protéines
: une aubaine pour nous ! On le mange bouilli dans
de l'eau, comme des pâtes, ou bien en soupe. Ça
fait un peu penser au blé dur mais... eh bien
essayez donc, vous verrez ! Nous, on aime bien !
-
Le "queso frito" : du fromage local, frit à la
poêle. On a testé dans une boutique, et à présent
on s'en fait tous les soirs. Le fromage péruvien
ne coule pas et se tient bien à la cuisson.
Frit, et en morceaux dans une salade, avec des herbes
de Provence, c'est délicieux !
|
Les moments galère
|
-
La
première montée, terriblement raide, pour quitter la
ville de Cuzco : mais où est l'air ?
-
Les derniers kilomètres
sur les rails du Machu Pichu, aller comme retour : ouille,
les chevilles !
-
Pour Amanda :
grimper jusqu’à 4300 m avec le ventre
bien en vrac...
-
Les derniers kilomètres avant l'arrivée à une
source d'eau chaude, à 4000 m : la nuit est tombée,
les panneaux signalaient la source à 5 km avant, et toujours
rien... Et ça monte raide, raide !
-
La pluie, la neige,
la grêle, et le vent de face, qui ont tout
fait pour nous empêcher de retraverser les Andes.
-
La chute assez
terrifiante d'Olivier, mais sans gravité :
mais quel ange nous protège ?
-
Un gros problème technique : nos nouveaux super
plateaux avant, "Spécialité TA",
achetés très chers en prévision
du départ,
sont en train de nous lâcher ! Ils n'ont pas
résisté aux
montées des Andes, et les pas de vis qui maintiennent
les plateaux les uns aux autres se foirent l’ un
après l'autre,
tordant les vis correspondantes. Olivier parvient à les
remplacer par vis et boulons découpés à la
scie à métaux,
mais combien de temps cela tiendra-t-il ? d'autant
que nos deux vélos
sont touchés... Grosse déception sur
une marque (française
en plus) que nous pensions infaillible ! (et vive
la scie à métaux
emportée juste au cas où).
|
Les meilleurs moments
|
- Les nuits à la
belle étoile sous le ciel andin...
- Le premier aperçu du Machu Pichu, du sommet du mont Putucusi...
-
Le Machu Pichu ! Bien sûr...
-
La rencontre avec Simon et sa famille, au Machu Pichu, et le verre
de jus de fruits qu’ils nous sont offert.
-
Le marché coloré de Chinchero.
-
Les enfants d'un village de l'Altiplano qui nous chantent une chanson
d'écolier.
-
La rencontre de François à Cuzco.
-
Les multiples victoires sur les cols andins à plus de
4000m.
-
L'hospitalité de François, Danitza et sa
famille à Arequipa
: allez, on y retourne en 2010 ??
|
|
Liste
des différentes positions
GPS (villes ou bivouacs) de Globicyclette...
date
|
latitude S
(deg min sec)
|
longitude
W (deg min sec)
|
lieu
|
3/11
|
|
|
bus entre Trujillo
et Cusco
|
4/11
|
|
|
Cuzco
|
5/11
|
13 25 1.6
|
71 52 31.2
|
Pisac
|
6/11
|
13 15 32
|
72 15 43
|
Ollantaytambo
|
8/11
|
13 9 49.8
|
72 32 43.4
|
Machu Pichu !
|
9/11
|
13 16 4
|
72 13 40
|
|
10/11
|
13 21 58
|
72 4 8
|
|
12/11
|
13 30 56
|
71 58 49
|
Cuzco
|
13/11
|
13 55 29
|
71 30 20
|
|
14/11
|
14 27 1.9
|
71 4 21.1
|
|
15/11
|
14 40 41
|
70 42 2.5
|
|
16/11
|
15 16 03
|
70 18 28
|
|
|
|
|
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CARNET
3
|
Le temps file , amis voyageurs,
et nos vélos aussi
! Quelles nouvelles surprises nous a réservé le
Pérou pour nos derniers jours en sa compagnie ?
Nous allons découvrir que le Pérou, ce n’est
pas seulement les Incas et les Andes, mais aussi… le
désert! Quoi, comme en Afrique ? pas vraiment… Allons
voir çà, mais tout d’abord, revenons à notre
mouton précédent, la jolie ville d’Arequipa
où nous avions élu domicile pour quelques
jours.
|
|
|
|
26 – 29 novembre
: Arequipa et le canyon del Colca
|
Après trois jours de vie citadine, nos mollets
nous démangent : il est temps d'aller bouger un peu. Et ça
tombe bien, car nous ne pouvions passer dans la région sans
aller visiter le fameux « Cañyon del Colca », à quelques
100 km au nord, et que nous avions renoncé à parcourir
en vélo à cause d'une météo catastrophique.
Aujourd'hui, le soleil brille sur
Arequipa, espérons qu'il
est aussi là au canyon! Il y a deux jours, nous avions
rencontré Nico,
un guide touristique originaire du sud-ouest (lui aussi !), qui
doit justement faire visiter le canyon à une amie, Selma.
Sur sa proposition, on se joint à eux, sympa! Et nous
voilà donc
partis, non pas en vélo, mais en bus, pour deux jours
de randonnée
au pays des canyons. On pose nos quartiers dans la vallée
de Colca, dans le minuscule village de Yanqué, inconnu
des touristes et vraiment pittoresque avec ses rues pavées
toutes paisibles.
De
là, nous
découvrons d'abord la vallée, qui n'est pas
encore canyon, mais qui vaut le détour : au programme,
terrasses et ruines incas. La vallée a été totalement
aménagée par les Incas, et tout est recouvert
de terrasses. D'ailleurs, « terrasses », ça
se dit «andenas » et c'est de là que vient...
le nom donné aux Andes ! En tout cas, le résultat
est véritablement impressionnant, on se croirait presque
dans un paysage asiatique, et chaque terrasse a une teinte
de vert différente des autres. |
|
Nico nous amène
aussi dans une gorge creusée par la rivière. Là, à l'ombre
de la falaise et dans le vent frais, les Incas creusaient dans la
paroi verticale des petites niches : ce sont... des « colcas » bien
sûr ! Elle permettait d'entreposer les aliments au frais, au
sec, et à l'abri des prédateurs ou voleurs. Un système
de cordes et poulies permettait de déposer ou retirer la nourriture à loisir.
D'où le nom du canyon...
Dernière étape, tout un village inca en ruines, qui
surplombe la vallée. Le coin est peu connu des touristes,
et désert. Pourtant les maisons sont encore debout, et par
terre on trouve des morceaux de céramique inca ! Le coin idéal
pour un pique-nique, au bord d'un ruisseau canalisé qui dévale
la ruelle centrale. Après encore quelques heures de marche
au milieu des terrasses, retour à l'hôtel et... douche
chaude ! On s'offre vraiment des vacances de luxe... Puis on part
manger une soupe de quinoa à cinq sols (luxe, mais économies
quand même), et on va passer une excellente soirée tous
les quatre, à boire du maté à n'en plus finir
et chanter de vieux airs sur une guitare que Nico a volé au
restaurateur.
|
Selma
est une fille très chouette, une parisienne qui fait un break d'un
an pour découvrir l'Amérique du Sud, sac au
dos. Elle est toute simple malgré une bonne expérience
des voyages, et on s'entend tout de suite très bien.
Nico, lui, est excellent, à la fois comme guide et
comme compère. Il a tout quitté en France,
femme et travail de bureau, pour venir réaliser
son rêve : être un guide touristique. Et c'est
le meilleur guide de sa boîte ! Il joue les kékés
avec son accent du sud et sa casquette, mais cela ne trompe
personne, car il sait très bien ce qu'il fait et
a une culture incroyable. |
Bref, des gens comme on les aime,
qui ne se prennent pas la tête et vivent au jour le jour.
Pour le lendemain, Nico nous a laissé le choix : soit le point
le plus touristique, la "Cruz del Condor", soit une randonnée
connue de peu de monde avec citadelles incas et vue dans la longueur
du canyon. On hésite peu : on n'a guère envie de retrouver
les 800 autres touristes au seul point panoramique du canyon, ni
de payer 70 sols de «boleto turistico » à la légalité douteuse
qu'on nous octroie de force pour y aller. C'est vrai qu'à la «Cruz
del Condor », on a de grandes chances de voir... des condors,
bien sûr ! Mais la probabilité reste de 50 % et on doit
en avoir 40 % d'en voir pendant l'autre randonnée. Finalement,
c'est notre envie de rando qui l'emporte, et Selma est du même
avis : fuyons les touristes et allons marcher !
La balade nous élève au-dessus des terrasses, et après
environ 400 m de dénivelé, on arrive au point de vue
qui est aussi l'emplacement d'une petite citadelle inca. C'est superbe,
et on peut effectivement admirer l'immensité du canyon qui
s'ouvre juste devant nous.
C'est
le second canyon le plus profond du monde, juste après le canyon del
Cotuhasi qui n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres
de là. Mais Nico nous explique que ce dernier n'a
récolté le titre que parce que les montagnes
qui le bordent sont plus hautes. Dans tous les cas, ça
se joue à 150 m, et les 3191 m du canyon del Colca
donnent à réfléchir... |
|
C'est très différent du canyon del Pato qui garde notre
préférence, mais ici les reliefs ont une autre dimension.
Bref, on reste quand même bouche bée devant ce sacré panorama.
D'autant que les ruines de la citadelle sont très bien préservées
et ce petit côté «inconnu des autres touristes » n'est
pas pour nous déplaire ! En revanche, pas de chance, les condors
sont absents du tableau... Mais on apprendra qu'ils n'étaient
pas non plus à la Cruz del Condor, alors bon... on s'en fiche,
nous on préfère les albatros de toutes façons,
hé hé!
De retour à Arequipa, nous retrouvons avec joie François
et Danitza qui n'ont pu quitter leur café, mais nous convainquent
de rester encore une journée, sous le fallacieux prétexte
de faire nos courses avant le départ. La dernière soirée
en leur compagnie sera bien gaie, car on y retrouve aussi Nico
et Selma, venus nous dirent au revoir.
Selma nous offre à tous un verre de rosé, puis c'est
François qui « fait sa tournée » en nous
faisant déguster son rhum arrangé fait maison, avec
les fruits parfumés du marché. Là encore, on
découvre un alcool que l'on apprécie : ah, le rhum à la
mangue de François... «le petit Jésus en culotte
de velours »! On n'aura jamais autant bu en une soirée
: un verre de vin, deux de rhum, youhou!! On découvre que
Nico nous a surnommés "Barbie et Ken", ce qui fait
rire tout le monde... Ça va nous rester...
|
Bon,
cette fois-ci, on s’en va pour de bon et notre départ le lendemain
matin sera le siège d'adieux bien difficiles. Nos
amis nous couvrent de petits cadeaux et remplissent nos sacoches
de délices : bananes, oignons du jardin, mais aussi
un pot de confiture et un autre de pâté maison
provenant des réserves de la maman de François,
dans sa lointaine cuisine du Sud-ouest... présents
inestimables pour le Pérou ! Nous découvrirons
aussi par la suite qu'ils ont même caché des
petites surprises dans nos sacoches : eux aussi sont inestimables
! |
Bref, la séparation est difficile, et
nous avons bien envie de revenir les voir… pourquoi pas en
2010 ? Après tout, on a encore le volcan Misti à escalader
ensemble ! Nous les serrons fort dans nos bras, puis on s'en va,
très vite, avant que les larmes ne montent... Merci à vous
deux...
|
|
29 novembre – 4 décembre : la traversée
du désert !
|
Les premiers kilomètres
se font dans le silence et la nostalgie des moments passés.
Heureusement que nous sommes tous les deux, et peu à peu
le sourire revient en se remémorant mutuellement les fous rires
de ces derniers jours.
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Et
peu à peu,
on se laisse reprendre par la magie du voyage, et par le
paysage qui défile. Car la ville blanche cède
la place à un superbe désert ocre et rouge,
dont les couleurs éclatent sous le ciel bleu. Mais
contrairement à la Mauritanie, le Pérou ne
fait pas dans le désert plat. La route ondule entre
des petites montagnes rocailleuses, et parfois çà grimpe
dur. |
Au sommet de la plus grosse montée,
on s'arrête
pour la pause déjeuner. Et là, mauvaise surprise,
on réalise qu'Amanda, émue par le départ,
a oublié un
sac plastique de courses au café: plus de fromage! plus
de yaourt ! ni pâtes de fruits, ni patates douces...
misère,
que va-t-on mettre sur notre pain ? on grignote tristement
nos bananes en essayant de penser à autre chose... Quand
le miracle arrive : une voiture s'arrête devant nous,
et en sort... Danitza ! Avec le sac oublié entre les
mains, ainsi qu'une bouteille de jus de fraises tout juste
pressé, le jus préféré d'Amanda... « Livraison
de jus tout frais ! Ouf, j'avais peur de ne pas vous retrouver
! » Elle
a pris un taxi jusqu'ici simplement pour nous... Un ange...
Enfin deux, car François a fait le jus de fraises et
garde la boutique. Nous rions et pleurons de joie et de surprise
: ben ça alors
! Et juste au bon moment ! Danitza ne peut s'attarder, et après
de nouvelles embrassades, elle ressaute dans son taxi... Mais
elle laisse deux heureux derrière elle ! Qui s'empressent
de dévorer
jus, fromage et yaourt, en bénissant ces amis attentionnés
: deux nouveaux anges sur notre route !
En attendant, les montées laissent place à une vertigineuse
descente sur presque 1000 m de dénivelé: on descend
les Andes pour la seconde fois. Mais on lutte aussi contre un fort
vent de face, qui va nous suivre jusqu'au Chili et il nous force à pousser
sur les pédales même en pente douce vers le bas. Les
reliefs montagneux s'aplatissent peu à peu, et si le Misti
et le Chachani sont toujours là derrière nous, ils
ont bien rapetissé...
Pour les jours suivants, Danitza nous avait dit : « que
de la descente jusqu'au Chili ! », chouette ! Mais on
réalise
aujourd'hui que son estimation tenait plus de la moyenne mathématique
que de la réalité « on the vélo »...
Il est vrai qu'Arequipa est à 2400 m, et que Tacna,
la dernière
ville péruvienne avant la frontière, est à 460m.
Donc en toute logique...
Eh
bien non ! car plus de 800 m de dénivelé positif nous attendent
aujourd'hui, et rebelote les jours suivants. En fait, nous
alternons de raides descentes fabuleuses mais terriblement
brèves avec des montées exténuantes
et bien sûres longues, longues ! Logique, nous direz-vous,
si l'on roule cinq fois plus vite en descente qu'en montée,
on est condamné à passer cinq fois plus de
temps à souffler dans les côtes... Mais au
diable les calculs, essoufflement ou pas, la route est
absolument
magnifique. |
|
Nous pédalons au milieu de montagnes multicolores
allant du jaune vif au rouge profond, et le ciel reste éternellement
bleu : elles sont loin, les pluies des Andes ! Ici, il fait bien
plus chaud, mais le permanent vent (de face, on rappelle) nous maintient
au frais... Et les montagnes alternent avec de vastes plateaux désertiques,
où l'on se sent tout petit. À la différence
du désert mauritanien, le paysage n'est donc pas uniformément
plat, et les yeux ont toujours un joli relief où se poser,
qui prend des couleurs fabuleuses lorsque le soleil baisse sur l'horizon.
|
Çà,
et surtout les températures bien plus tolérables,
nous rendent cette nouvelle traversée du désert
sans comparaison avec la précédente. D'autant
que les villages ou restaurants perdus au milieu de nulle
part semblent espacés d'exactement la bonne distance
pour que nous ne manquions pas d'eau. Mais nous emportons
tout de même toujours plus de 10 l dans nos sacoches... çà nous
fait les cuisses ! |
Entre ces montées et ces descentes qui semblent alterner à l'infini,
on se remémore Lucy qui nous disait : « les Andes, c’est
1000 m de montée et 1000 m de descente dans la même
journée ». Ça nous avait presque fait peur, mais
finalement, aujourd’hui par exemple, on vient d'en faire 850
m en positif et en négatif et on survit plutôt bien
!
Après trois jours de pédalage dans le désert,
on passe par la petite ville de Moquegua, située au fond d'une
inattendue vallée fertile, cachée au milieu des dunes.
Soudain, du vert, des cultures, des oiseaux qui chantent ! La vie
qui revient quoi. Çà fait du bien au milieu de cet éternel
dégradé d'ocre et de jaune!
Avant d'entrer dans la vallée, mauvaise surprise :
un contrôle
anti «moscas de la fruta», la mouche du fruit
(drosophile). Nous sommes encore relativement humains donc
on devrait s'en sortir...
Mais nos fruits ne passeront pas ! Depuis Arequipa, plusieurs
panneaux signalent fièrement que tel ou tel village
a éliminé ses
mouches qui semblent représenter une vermine bien
encombrante dans la région. Ce sont peut-être
ces horribles petits moucherons qui piquent, et laisse des
boutons démangeants
dignes des moustiques les plus toxiques ? On en a déjà fait
les frais, et dans ce cas on comprendrait leur désir
d'éradication...
Mais bizarrement, on est beaucoup moins d'accord quand ils
s'en prennent à nos
fruits : comment ça, des vecteurs potentiels du parasite?
Mais ils sont très bien nos fruits, propres et tout
! Quoi ? Il faut les détruire ?!! On ne peut pas en
faire entrer dans la vallée ? Hors de question de
laisser tout ça
aux contrôleurs : on s'assoit devant le barrage, et
on avale nos quatre bananes, trois grenadillas et deux citrons
devant le regard
sidéré des officiels. Ben quoi ? Faut pas gâcher...
D'autant qu'on a de sérieux doutes sur le bon fonctionnement
du système... Car à la sortie de la ville,
aucun barrage ne contrôle les entrées de fruits
dans l'autre sens ! La mouche fatale ne viendrait-elle que
du nord ? Enfin, heureusement
que nos estomacs ont une grande capacité ! (On les
a bien eu non?).
Et après un nouveau ravitaillement au marché du
village (sous l'œil de dizaines de curieux
qui posent et reposent les mêmes questions), c'est
reparti pour quelques jours de pédalage dans ces collines
désertes du sud du Pérou.
On alterne des zones de montées et descentes
ardues, signalées
par d’ explicites panneaux «attention!
courbes verticales! », avec d'immenses plaines,
où la route tire un
trait qui s'étend à l'infini : c'est
que nous sommes de nouveau sur la panaméricaine
! Mais par ici, le trafic est bien moins intense que
vers Trujillo, et seuls quelques camions
nous doublent dans de sympathiques mais assourdissants
coups de klaxon. Lors d'une pause déjeuner,
on trouve un coin d'ombre un peu particulier : une
minuscule chapelle érigée
au bord de la route, au beau milieu de nulle part !
Nous croisons régulièrement des petites
maisonnettes de moins d'1 m de haut, surmontées
d'une croix et décorées
de fleurs en plastique et de rubans : les Péruviens
semblent attacher de l'importance aux mémoriaux
de leurs proches morts sur la route...
|
Mais là, la
religion intervient plus dans la prévention : ce petit
bout de chapelle est destiné à protéger
tous les voyageurs qui s'y arrêtent, comme l'explique
une prière gravée sur les murs. En France,
le bâtiment aurait été laissé à l'abandon,
ou taggé. Ici, il y a un bouquet de fleurs encore
fraîches sur l'autel. Et quel autel ! Il est recouvert
de chapelets, médaillons, images pieuses encadrées
ou enluminées, fleurs de plastique ou de papier et
de restes de cierges fondus. Enfin une chapelle qui sert à quelque
chose ! |
On essaie
d’imaginer
un camionneur musclé venant déposer
un petit bouquet de roses devant l'image de la
vierge: c'est çà,
aussi, le Pérou ! Notre dernière escale péruvienne avant la frontière avec
le Chili, c'est la ville de Tacna, près de la côte. Nous y remplissons
nos sacoches de fromage et surtout de fruits, car tout y est bien meilleur marché qu’au
Chili. On y vit aussi notre premier tremblement de terre qui n'affole apparemment
que nous, et notre première interview par la radio locale : on improvise
avec notre espagnol de fortune, ça va faire rigoler les auditeurs !
Le soir, nous nous
posons entre deux dunes, à 5 km de la frontière,
pour profiter du soleil couchant sur un vieil ami, le Pacifique,
que nous avions laissé à Trujillo il y a bien
longtemps ! Demain on quitte le Pérou... |
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5 décembre
: bienvenue au Chili... Mais sans fruits !
|
On arrive donc à la frontière le 5 décembre
au matin, laissant derrière nous le désert péruvien.
Les formalités pour quitter le Pérou sont toutes simples
: un tampon de sortie sur nos passeports, et voilà ! En revanche,
pour entrer au Chili, c'est plus compliqué car... la mouche
du fruit frappe encore! Et nous découvrons avec horreur qu'il
n'est pas permis de faire entrer fruits, légumes, laitages, œufs
ou viandes au Chili. Ah non ! Nous venons de faire nos courses à Tacna,
et nos sacoches regorgent de fruits, œufs et fromages! Nous
avions anticipé la hausse des prix du Pérou au Chili...
Mais là, que faire ? Chaque sac est automatiquement passé aux
rayons X... Et devant l'œil désespéré d'Olivier,
les officiers retirent de nos sacoches tous nos oignons, un avocat,
trois bananes, un demi-concombre, et surtout... quatre mangues énormes
et mûres à souhait que nous gardions précieusement.
Olivier tente le coup de la fois précédente : « peut-on
les manger sur place? ». Mais les douaniers veulent sûrement
se récupérer les fruits pour leur propre consommation
: « non, c'est interdit, nous allons devoir les détruire ».
Et les manques disparaissent à jamais de notre vue... C'en
est trop pour Olivier, qui ruminera pendant toute la journée
la perte de ces êtres chers : « quatre mangues!! nos
mangues ! voleurs! quatre mangues! mûres à point! mes
mangues! ». Amanda, elle, voit les choses un peu différemment
: « c'est merveilleux ! Ils n'ont pas trouvé le fromage
!! Ni les œufs, ni les tomates ! Youpi! » « Oui,
mais quatre mangues ! ». Ah, il est inconsolable... Formalités
fruitières mises à part, le passage au Chili est tout
simple, un nouveau coup de tampon, et nous voilà sur notre
sixième pays ! La douane d’ailleurs à beau être
en plein désert, elle ne présente pas d'autre point
commun avec le poste-frontière mauritanien : ici, bâtiments
neufs et immenses, scanners et officiers polis en surnombre. Ça
nous dépayse même du Pérou ! On profitera d'ailleurs
de notre passage dans cet endroit moderne pour laver nos cheveux
dans les lavabos des toilettes : ils en avaient bien besoin !
Et nous voilà tout propres et les sacoches un peu moins
pleines (quatre mangues !), sur les routes du... Chili !
|
|
Mangeons gaiement
|
Pour une fois, ce paragraphe
va être très
court, car nous vous avons déjà tout raconté de
nos découvertes gastronomiques péruviennes... et ce
n'est pas dans le désert que nous en avons fait de nouvelles
!
Signalons toutefois que si la ville de Moquegua s'est déclarée « capitale
de l'avocat », nous ne sommes pas d'accord : on y a trouvé les
pires avocats du Pérou, petits, durs et sans goût. Oserons-nous
dire qu'ils nous ont rappelé les avocats français ?
|
Les moments galère
|
- Quitter François
et Danitza.
- La « descente » des Andes,
avec 800 m de dénivelé positif
par jour et à un vent de face constant qui nous déprime.
- Une nouvelle gastro pour Olivier,
avec de difficiles nuits entre Moquegua et Tacna.
- Quatre mangues !!
|
Les meilleurs moments
|
- Voir Danitza arriver
en haut de notre col avec le sac oublié et une bouteille
de jus de fraises, c'est là un
des meilleurs moments de notre voyage !
-
Les soirées passées avec Nico, Selma, François
et Danitza.
-
Par deux fois, après avoir répondu patiemment
aux questions toujours identiques des curieux qui se pressent
autour de nos vélos,
on nous a offert, avec un grand sourire, des sodas ou des
petits pains: promis en ne se plaindra plus des « fans »,
ils sont adorables !
-
Les paysages multicolores du désert péruvien, et les
couchers de soleil sur nos bivouacs, seuls au monde... Le Pérou
va nous manquer !!!
|
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Liste
des différentes positions GPS (villes ou bivouacs) de Globicyclette..
date |
latitude
S (deg min sec) |
longitude
W (deg min sec) |
lieu |
|
|
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1/12 |
17 13 18.11
|
71 05 14.48 |
Bivouac Moquegua |
2/12 |
17 33 0.74 |
71 02 43.14
|
Bivouac Camiara |
3/12 |
17 55 16.71
|
70 22 04.24
|
Bivouac Tacna |
4/12 |
18 14 10.94
|
70 19 20.11
|
Bivouac avant la
frontière |
5/12 |
18 26 20.60
|
70 18 19.83
|
Bivouac Arica au
Chili |
|
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Sent: Monday, December 24,
2007 2:25 AM
Subject: FELIZ 2008 !
Bonne année à tous
!
En cette fin d'année
des plus particulières en ce qui nous concerne,
nous passerons les fêtes dans le Sud Lipez, en
Bolivie, sans doute sous notre super tente. On a acheté des
guirlandes pour la décorer ! et en guise de dinde,
nous nous ferons des flamands roses... en photo !
Heureusement, ce que nous
vivons est des plus spectaculaires, merveilleux et enrichissant
de rencontres... pour compenser le fait de ne pouvoir
passer Noël en famille auprès de ceux qui
nous sont chers... Nous penserons fort à vous
tous, et nous vous souhaitons une année 2008 remplie
de bonheur, de pleine forme, et surtout de rêves
!!! (à réaliser, bien sûr, les rêves!).
Merci à vous tous,
qui nous avez permis de réaliser le nôtre
!
Amanda et Olivier (à Uyuni,
en Bolivie).
(Cliquez
en haut sur les 4 chiffres de 2008!!!)
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