Globicyclette
au Laos
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CARNET
1
Globicyclette
sédentaire
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Sabaidee, amis voyageurs!
Un asiatique nous a dit un jour : « Vous verrez,
les pays d'Asie du Sud-Est sont proches mais culturellement
tout à fait distincts. On raconte qu'ici, les Thaïlandais
plantent le riz, les Cambodgiens le regardent pousser,
et les Laotiens... l'écoutent!»
Nous voici donc aux portes du pays le plus nonchalant d'Asie,
le « Royaume du Million d'Eléphants » et
de la douceur de vivre... On sent déjà que ça
va nous plaire ; vous nous accompagnez ?
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6 novembre : premiers coups de pédale au Laos
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C'est
par la frontière thaïlandaise au sud de Vientiane,
la capitale, que nous entrons au Laos. Plus précisément,
par le « Pont de l'Amitié » qui traverse
le fleuve-frontière du Mékong. Il faut avouer
que ça fait tout de même quelque chose, de
pédaler au-dessus de ce fleuve mythique qui restait
pour nous jusqu'ici, l'apanage des films hollywoodiens
et des documentaires... C'est dans ces moments-là qu'on
réalise soudain que nous y sommes vraiment, au bout
du monde...
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Et d'ailleurs, nous
n'y sommes pas les seuls : alors que nous faisons la queue
au poste-frontière pour les visas, deux autres cyclistes
arrivent. Nous faisons la connaissance d'Armelle et Gérald,
deux français qui font comme nous le tour du monde , à la
recherche des musiques et des danses traditionnelles de tous
les pays (allez faire un tour sur leur site web : http://www.asieendanseuse.com/).
Eux font simplement un aller-retour administratif : une sortie/rentrée
au Laos pour obtenir un mois supplémentaire de visas.
Nous y aurons aussi recours par la suite ! Du coup, ils connaissent
déjà le trajet, et c'est avec eux que nous effectuons
la vingtaine de kilomètres qui nous sépare de
Vientiane.
« Vous allez voir, Vientiane, ce n'est pas Bangkok, loin de là !
C'est finalement presque un village... ».
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Effectivement,
nous découvrons
une ville de petite taille, dans tous les sens du terme:
un décret interdit en effet d'y faire construire
des bâtiments plus hauts que le Pha That Luang, le
monument national qui trône à la fois sur
la ville et sur le drapeau... ce qui limite à environ
quatre étages l'ensemble des habitations, et renforce
l'aspect villageois de la capitale. |
On ressent aussi
fortement l'héritage colonial: l'architecture reste très « française »,
et si l'on omet les habitants et les panneaux incompréhensibles, nous
pourrions presque nous imaginer dans une petite ville de métropole !
D'autant
que nous ne tardons pas à découvrir un
autre descendant de la présence française
: le «Sand-ich pâ-thé » (voilà,
vous parlez déjà laotien !). Armelle et
Gérald nous introduisent à ce qui est pour
nous, exilés de longue date, un véritable
petit bonheur : une baguette de pain (une baguette!!)
généreusement fourrée de pâté et
de crudités diverses, que des petits stands proposent à peu
près tous les cinquante mètres. Exactement
ce dont nos ventres creux avaient besoin !
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Mais, pour une fois,
nous ne sommes pas ici pour faire du tourisme : une fois le
sandwich dévoré, nous faisons nos adieux à Armelle
et Gérald. Nous avons rendez-vous avec Hervé,
le responsable de l'association humanitaire où nous
allons travailler, et que l'on a prévenu par téléphone
de notre arrivée : « Ne bougez pas, je viens vous
chercher en camionnette, sinon vous aurez du mal à trouver! ».
Ce n'est finalement pas plus mal, car la nuit tombe... Nous retrouvons
Hervé devant les petits restaurants qui bordent les rives
du Mékong : lampions, musique, le coin est animé !
Et le voici, avec un sourire aussi grand que doux : « Bienvenue
au Laos ! Montez, je vous amène chez vous ! »
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Novembre – Décembre 2009 : Globicyclette fait la classe
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Et
c'est le début d'une partie un peu particulière
de notre voyage : deux mois que nous souhaitions consacrer à une
action humanitaire dans l'un des pays traversés. Nous
les passerons ici, au Laos, dans l'association EranLao dont
nous avions trouvé le site web au hasard de nos recherches
sur internet. Nous cherchions une structure à petite échelle,
loin de la hiérarchie souvent labyrinthique et rigide
des grandes ONG, et EranLao y répondait parfaitement.
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Cette
association toute jeune ne compte pour le moment sur
le terrain que deux membres : Hervé, son fondateur,
et Toun, sa ravissante femme d'origine laotienne. Ajoutons
peut-être aussi Noa, leur tout jeune fils d'un
mois ! L'association est basée à Ban
Paket, un minuscule village à un vingtaine de
kilomètres au nord de Vientiane, perdu au milieu
des rizières.
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Parmi les différentes
actions qu'ils sont en train de mettre en place, ils souhaitaient
fournir aux enfants du village un enseignement de français
qui ne leur est pas apporté par l'école locale,
aux enseignements très limités. Seules les écoles
privées dispensent en effet ce privilège, qui
pourtant ouvre les portes d'une éducation supérieure.
Nous voici donc nommés professeurs de français
! Les cours sont, bien entendus, gratuits, mais non obligatoires,
et se font le matin avant le reste des enseignements. Nous
pensions que ce surplus quotidien de travail risquait de
rebuter la plupart des enfants, mais c'était mal connaître
leur soif d'éducation : si au premier cours, ils sont
une trentaine, le lendemain les voilà 50 puis 80 !
Tous veulent apprendre
et nous ne pouvons pas leur refuser l'entrée :
nous faisons donc deux classes, Olivier aura les grands,
et Amanda les petits. Toun, recrutée elle aussi,
navigue entre les deux pour assurer une traduction minimale,
c'est que les enfants ne parlent que laotien et nous...
pas encore ! |
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Mais on se débrouille
et avec des posters, beaucoup de dessins, des mimes et l'aide
précieuse de Toun, les enfants se mettent à prononcer
quelques mots, des phrases, et apprennent petit à petit
leur alphabet (rappelons que l'alphabet laotien n'a absolument
rien à voir !). Nous ferons même quelques chansons
!
Les enfants ont entre 5 et 13 ans, et sont incroyablement sages
et travailleurs : de quoi faire pleurer de bonheur incrédule
n'importe quel instituteur français ! Peu à peu,
nous faisons la connaissance de chacun. Toun nous explique que
la plupart habitent dans des cases assez éloignées
du village, sans eau ni électricité, et qu'ils doivent
parfois marcher presque une heure pour se rendre au cours. Nous
devenons soudain moins à cheval sur leur ponctualité souvent
douteuse : pour un cours qui commence à 7h, ils se
lèvent à 5h du matin ! « En plus, les grandes
sœurs doivent aussi élever les plus petits et préparer à manger
pour toute la famille avant de partir pour l'école ».
Sans faire dans le larmoyant , on regarde avec un nouveau respect
ces petits bouts de chou courageux , « mères de famille » à huit
ans qui s'excusent avec désolation quand leur petit frère
n'a pas bien écrit sa ligne de « A ».
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À chaque
début de cours nous avons droit à « bonjour
Madame, bonjour Monsieur » et souvent quelques
enfants viennent timidement déposer un fruit ou
un biscuit sur notre bureau : « cadeau pour vous
! ». (petite pause pour laisser nos confrères
instits se reprendre). |
Bref, un vrai
bonheur. Nous mettons aussi en place un cours pour les adultes
du village, moins nombreux mais tout aussi motivés.
Eux, ils connaissent déjà l'alphabet, alors ça
va tout de suite plus vite. Mais les affres de la conjugaison,
du genre des noms et des articles leur donnent du fil à retordre
: que c'est compliqué, le français ! Entre
les cours, nous préparons les cahiers d'écriture
des élèves, nous réalisons de beaux
posters colorés et nous aidons aussi Hervé et
Toun à bâtir la structure d'accueil de leur
association. Pour le moment, nous logeons dans leur chambre
d'amis et faisons la classe à l'école du village,
mais Hervé a commencé la construction de deux
salles de classe et de bungalows devant sa maison : à nos
heures perdues, nous devenons peintres en bâtiment
! Les bungalows permettront l'accueil des futurs bénévoles, à commencer
par celle qui prendra le relais des cours à notre
départ. Inutile de dire que ce changement de rythme
nous a fait tout drôle. Sous l'effet de l'hospitalité généreuse
de Toun et Hervé, nous redécouvrons le luxe
de dormir dans un lit tous les soirs, de la douche (chaude
!!) quotidienne, de l'électricité, et surtout...
de vrais repas équilibrés!
Il
faut dire que nous sommes particulièrement gâtés
sur ce point : avant de rencontrer Hervé, Toun était
cuisinière dans le restaurant de sa mère
(l'un de ceux du bord du Mékong !). Et elle
semble avoir décidé de poursuivre le
restaurant à la maison ! Tous les jours, nous
avons droit à de merveilleux petits plats laotiens,
parfois agrémentés d'une touche de cuisine
occidentale : Toun trouve son inspiration dans les émissions
de cuisine de la TV5 (la télévision française à l'étranger),
et ses créations culinaires mériteraient
bien quelques étoiles !
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Nous sommes donc
terriblement gâtés et même si, avouons-le,
le pédalage nous manque, ce retour à un mode
de vie un peu plus « normal » est bien agréable.
Une à deux fois par semaine, nous empruntons le scooter
de Toun pour faire les 40 kilomètres aller et retour à Vientiane.
Nous y faisons nos courses, le renouvellement de nos passeports
déjà trop pleins, un tour sur Internet, et parfois
un autre dans un restaurant de la ville. (les prix restent terriblement
bas : on en profite !) Pour nos huit ans de rencontre, nous nous
offrons un fabuleux petit resto français, le Vendôme,
où nous dégustons les meilleurs soufflés de
notre vie..... aaah, la nourriture française, c'est tout
de même la meilleure du monde, non ? (Si vous y passez, ne
ratez surtout pas le soufflé au chocolat).
Nous parcourons, à pied
ou en scooter, les larges rues paisibles de la ville que
nous finissons par bien connaître. Le trafic dans la
capitale n'a rien à voir avec les embouteillages infernaux
de Bangkok. Ici, les deux-roues règnent en maître
: il faut dire que le Laos est inondé de scooters
chinois qui s'achètent pour 200 euros, et qui peuplent
les rues de la ville d'un trafic dense, fluide et vrombissant.
La circulation au début peut y paraître cauchemardesque,
car ici le code de la route est inexistant. Mais en fait,
tout le monde roule à vitesse réduite, 40 km/h
au grand maximum, et tout se fait au contact visuel : on
vérifie que nos voisins ont compris nos intentions
d'un coup d'oeil, et on y va ! Comme au ski, on ne regarde
jamais en arrière, mais on évite ceux qui sont
devant... et ça marche ! (enfin, une fois qu'on a
compris qu'ici, on prend les virages à l'indonésienne,
c'est-à-dire en se rabattant sur la gauche bien avant
le carrefour : arrrrghhh !!). Une présence pittoresque
: celle des touk-touk, des espèces de moto-tricycles
bariolés qui servent de taxis et ajoutent une touche
de gaieté aux rues de la ville. Il y en a partout
!
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Pittoresques aussi, les marchés
sont incroyablement colorés et vivants. On y trouve
de tout, des habits aux fournitures scolaires, en passant
par des pyramides de tous les fruits possibles, que l'on
peut aussi déguster en délicieux « fruit-shakes » mixés
sous nos yeux. Si nous passons vite devant les étals
de viande à l'odeur douceâtre un peu forte,
le poisson lui est on ne peut plus frais : il attend
le client dans de grandes bassines bullantes, et les
poissonières les abattent et les écaillent
en quelques instants sous nos yeux : brrr, le sac qu'elle
nous remet gigote encore ! On aurait pu essayer les grenouilles,
qui attendent elles aussi dans les seaux voisins... mais
le poisson suffira ! |
En dehors des marchés,
on fait vite le tour des principales attractions de la ville
: au bout de la plus grande avenue,
les Champs Elysées locaux en quelque sorte, trône
l'arc de triomphe laotien, le Patuxai, qui domine la ville
de sa tour gris sombre ornée de bas-reliefs de bouddhas
et de boutons de lotus. L'autre monument de Vientiane, c'est
le Pha That Luang (le patate louang ??) : un immense temple
entièrement recouvert de peinture dorée, qui
trône sur la ville et représente aussi le symbole
national. On le retrouve partout, même sur les cahiers
de nos écoliers ! Il en impose effectivement, avec
sa haute tour toute d'or vêtue et ses bas-reliefs décrivant
la vie de Bouddha.
Nous sommes surpris
par la forte présence occidentale
: à tout coin de rue, on croise des « farlang »,
le mot laotien pour « France » ou « français »,
désignant par extension les blancs (prononcer « France » très
vite en roulant les R à l'asiatique et avec un accent
nasillard, et ça donne « farlang » !).
Et finalement, ce n'est pas si désagréable
de ne plus être les seuls physiquement différents
du reste. Sans les vélos, nous passons presque inaperçus,
et pour une fois ça fait du bien !
En parlant de compatriotes,
nous allons retrouver à Vientiane
deux voyageurs très particuliers : des cyclistes...
français... qui font le tour du monde... en vélo
couché ! Si si ! et en plus, on les connaît
(bon ok le monde des cyclonomades couchés français
est petit). Nous avions rencontré Ben et Sylvie
avant notre départ à Paris, où nous
avions discuté de
nos préparatifs respectifs de voyage. Ils sont
partis un peu après nous, ont traversé l'Europe
de l'Est, le Moyen Orient et un bout d'Asie Centrale
avant d'arriver
comme nous en Thaïlande. Leur site web vaut vraiment
le détour, allez voir sur http://frogsonbents.over-blog.com.
Et les voici donc à Vientiane,
en même temps que nous : sympathiques retrouvailles
!
Nous
ne nous croiserons que quelques demi-journées, mais nous trouvons
le temps de se faire un petit restau, et surtout d'échanger
nos vélos pour quelques essais (les leurs sont
en bien meilleur état que les nôtres, honte
sur nous ! mais bon nous avons aussi parcouru plus de
mauvaises pistes...). Ca fait tout bizarre de pédaler
sur d'autres vélos couchés ! En tout cas,
on a un succès fou dans les rues de Vientiane
: quatre vélos couchés, les laotiens n'avaient
jamais vu ça ! On les laisse repartir vers la
Thaïlande et la Nouvelle Zélande, leur programme à venir.
Finalement, on fait presque un trajet inverse ! En tout
cas c'est bien agréable de pouvoir parler voyage
et matos avec ces deux autres aventuriers pédaleurs...
On les quittera à regret ! |
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Pour la première fois depuis un an et demi, nous voici
sédentaires...
Et l’un des gros avantages (qui compense la fonte accélérée
de nos beaux mollets !), c'est que l'on a une adresse postale...
et là ! c'est Noël ! au sens propre comme au
figuré d'ailleurs.
Nous recevons pas moins de sept gros colis envoyés
par la famille et les amis qui se sont lâchés
et nous couvrent de fabuleux cadeaux : du foie gras ! des
papillotes ! du chocolat,
de la mousse de homard, du caviar d'aubergines, des petits
gâteaux,
et même... une brioche Pasquier, le péché mignon
d'Olivier... Mais aussi des guirlandes, des bougies, des
livres (le péché mignon Amanda qui en a presque
pleuré),
des cartes de vœux, des photos, et plein de petits cadeaux. À nous
pour qui le moindre petit emballage de bonbons venus de France
représente un petit trésor, ces colis sont
une super merveille que l'on déballe : merci les
parents, merci les copains !
À partir du mois de décembre, nous accueillons aussi des enfants
au centre, dans les salles déjà construites. Il s'agit des enfants
qui bénéficient de parrainage au sein de l'association, issus des
familles les plus pauvres des alentours. La plupart appartiennent à l'ethnie
des Hmongs qui a subi et subit toujours un véritable génocide de
la part du gouvernement laotien pour avoir combattu aux côtés des
Américains pendant la guerre. L'histoire méconnue de ce peuple
est absolument terrifiante et nous vous recommandons la lecture de l'ouvrage
de Cyril Payen « Laos, la guerre oubliée », qui avait été doublé d'un
reportage sur Envoyé Spécial, un livre aujourd'hui interdit
au Laos...
Les Hmongs vivant
auprès de notre village ont échappé au
génocide mais sont maintenus dans une situation
de précarité,
voire de misère par le gouvernement qui les
empêche
de posséder des terres ou de faire du commerce.
Certains des enfants ne vont même pas à l'école
car les parents ont trop besoin d'aide au champ...
Hervé tente
d'en aider un petit nombre qu'il souhaiterait scolariser
dans sa future école. Pour le moment, nous
leur donnons des cours de français et les
accueillons le week-end dans une ambiance de «centre
aéré» agrémentée
de quelques cours. Nous avouons que nous nous amusons
autant qu'eux !
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Pour
le dernier week-end, Hervé organise même
une journée au zoo à une cinquantaine
de kilomètres de là. Pour ces enfants
qui ne sont presque jamais sortis de leur village,
ce jour là est une véritable fête
et ils sont tous parés de leurs plus beaux habits.
Cela restera une journée mémorable, et
nous réalisons que nous nous sommes vraiment
attachés à ces bouts de chou courageux
et si spontanés. Lorsque nous leur rappelons
notre très prochain départ, certains
fondront en larmes et nous aurons beaucoup de mal à cacher
les nôtres. Nous pensons encore très souvent à eux
et espérons qu'ils sont en train de se construire
un avenir heureux...
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Hervé et
Toun, malgré leurs moyens terriblement limités,
ont accompli un énorme travail depuis la naissance
de leur association. Car Hervé nous explique que monter
un projet indépendant à Vientiane relève
du combat perpétuel : ici, même dans le monde
des O.N.G., corruption et carriérisme sans scrupules
sont la règle... et l'argent des dons atterrit rarement
dans les bonnes poches. Hervé avait à l'origine
tenté de collaborer avec d'autres associations plus
importantes, mais la découverte de fonctionnements
suspects, de projets de fraude destinés seulement à tromper
les bénéficiaires, et du décalage entre
la pauvreté environnante et les fastes des réunions-réceptions
officielles, l'a vite fait fuir. Il semble que ses critiques
n'aient d'ailleurs pas été bien perçues,
car son propre projet n'a cessé de rencontrer des « obstacles » dont
il devine l'origine.
Nous en ferons
d'ailleurs nous-mêmes les frais : une semaine avant
l'arrêt prévu de nos cours donnés à l'école
du village, la directrice vient nous voir après la
leçon du jour et explique en laotien à Toun
que nous devons cesser les cours immédiatement. « Les
enfants doivent préparer leur examen de fin d'année,
et le français n'est pas au programme. Les cours de
français les empêchent de travailler le reste ». « mais...
quand sont les examens? » « en avril ».
Nous sommes fin décembre... Mais il est inutile de
chercher à raisonner, la directrice ne nous laisse
pas le choix. Elle qui était tout sourire auparavant,
elle se montre soudain étonnamment distante... Inutile
de dire que nous sommes aussi déçus que scandalisés,
nous n'avons même pas dit au revoir aux enfants, et
bien sûr pas terminé notre programme... sans
parler des heures déjà passées à la
préparation des cours et posters pour les prochaines
séances !
Mais au Laos, faire
un scandale et tempêter n'a jamais mené à rien...
Toun, qui garde un calme olympien et un sourire impénétrable
, nous expliquera plus tard que la confrontation n'est pas
un moyen de régler les conflits ici. Nous le savons
bien, mais... grrr, que c'est pénible ! Il ne nous
reste plus qu'à tout remballer... Ce ne sont finalement
que quelques jours en moins, mais cela nous laisse un mauvais
goût dans la bouche. Hervé, à qui nous
expliquons l'affaire, sera tout aussi atterré par
la nouvelle... mais pas étonné. «Ce
n'est pas la première fois!». Une entrevue
immédiate avec le chef du village lui apprendra que
le salaire de la directrice a suspicieusement triplé
ce mois-ci... Bref, notre séjour ici se termine sur
la note un peu amère des magouilles et de la corruption,
mais les enfants restent notre principal objectif et Hervé semble
certain de parvenir à poursuivre les cours à l'arrivée
de la prochaine bénévole, dans un mois : « si
l'école nous est fermée, nous utiliserons nos
salles de classe, elles sont presque prêtes ! ».
Et pour nous, pas question de partir sans prévenir
: grâce à Toun, nous faisons passer le mot aux
enfants que l'arrêt anticipé des cours n'est
pas de notre fait (la directrice leur avait dit que nous
en « avions assez » !), et que nous viendrions
leur dire au revoir à l'école... où nous
nous pointons la bouche en cœur lors d'une récré :
on a compris la diplomatie laotienne ! La directrice n'a
pas d'autre choix que de nous laisser faire notre petit discours
d'adieu, les autres professeurs, prévenus par Toun,
en profitent pour nous offrir deux petits cadeaux gravés à nos
noms.
L'émotion
nous gagne, surtout lorsque tous les enfants récitent
en chœur : « merci, monsieur, merci, madame,
au revoir ! »... Nous ne les oublierons pas : « merci,
les enfants... ».
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C'est à présent
Hervé, Toun et Noa que nous devons quitter et là encore
les adieux sont difficiles. Ils ont été notre « famille » pendant
les deux mois, nous sont offerts non seulement un foyer,
mais aussi leur confiance et leur amitié. Hervé achètera
même un arbre qu'il fera planter aux enfants devant
les nouvelles salles de classe : « ce sera votre arbre
et les enfants l'arroseront tous les jours ». Un cadeau
qui nous touche beaucoup et des séparations difficiles. « Bonne
chance pour tout ! » se dit-on mutuellement... « et
bon courage... ».
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Fin décembre : les fêtes en bonne compagnie
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Le
voyage, c'est aussi la perspective de nouveaux bonheurs qui
permet de laisser plus facilement les anciens derrière...
Ce sera une fois de plus le cas ici, même si pour une fois,il
ne s'agit pas (ou pas encore) des joies du pédalage. Non,
on a encore mieux : Fabien et Coralie, nos amis d'Ayuttaya (voir
les carnets de Thaïlande), arrivent à Vientiane à bord
de leur fière Rustine ! C'est pour eux la fin du voyage,
puisque leur objectif était de rallier la France au Laos
en deux-chevaux. Nous avons hâte de les revoir, et il semblerait
que ce soit réciproque...
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Nous
les rencontrons quelques heures à peine après
leur arrivée à Vientiane. C'est l'occasion
de fêter l'aboutissement de leur périple,
entre amis voyageurs ! Ils sont évidemment émus
par cette arrivée, et déjà nostalgiques
: ça tombe bien, nous allons tous les quatre
nous changer les idées... C'est que nous avons à fêter
non seulement leur arrivée, nos retrouvailles,
mais aussi Noël et le Jour de l'An, puisque nous
sommes... le 24 décembre !
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Si notre Noël
précédent était très solitaire
et terriblement romantique, sous la tente au fin fond des
Andes boliviennes, celui-ci sera bien plus citadin...et bien
plus jovial ! Et n'oublions pas... les colis de France, qui
nous fournissent de quoi concocter un réveillon du
tonnerre, d'autant que Fab et Coco viennent d'en réceptionner
deux tout aussi fournis que les nôtres !
Notre amitié instantanée,
qui s'était nouée en quelques minutes sur les
trottoirs de Bangkok, se confirme et s'amplifie avec ces
retrouvailles : nous sommes exactement sur la même
longueur d'onde, ravis de s'être trouvés, et
amateurs des mêmes plaisirs décadents comme
celui d'une table garnie de toasts au foie gras, de saucisson
(rraahhhhh) et de noix de Saint Jacques, le tout décoré d'une
kitchissime abondance de bougies, guirlandes et autres papillotes
multicolores.
Nous
disons «amateurs», mais c'est surtout aussi
complices d'un plaisir si difficile à faire
comprendre : celui de voyageurs au long cours, loin
des leurs et habitués à un certain nombre
de privations devenues habituelles, qui soudain se
retrouvent devant la concrétisation orgiaque
de tous leurs fantasmes gastronomiques, et surtout,
entre amis et dans une ambiance de fête... « Chaud
au coeur», c'est finalement la meilleure manière
de traduire le tout !
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Précisons
que l'orgie en question se situe de plus dans un cadre des
plus somptueux : la tante de Coralie, laotienne, lui a remis
les clés de sa superbe maison dans Vientiane : « Je
ne serai là que dans quelques jours,mais faites comme
chez vous, et vos amis sont les bienvenus ! ». « On
a halluciné quand on a vu la maison », nous
prévient Fab à l'avance... et nous comprenons
pourquoi : c'est une demeure absolument splendide, toute
en bois et décorée d'objets précieux,
maintenue dans un état immaculé par des domestiques
qui nous amènent à une chambre d'amis digne
des plus beaux hôtels... Dans tout ce luxe, nous osons à peine
respirer, et finissons tous les quatre par élire nos
quartiers dans l'une des cuisines et sur la terrasse : on
y est finalement plus à l'aise !
Nous y passerons
deux réveillons mémorables, non seulement grâce
aux délices importés de France, mais surtout
par l'ambiance que nous mettrons... à quatre seulement
! (bon, quatre, plus le magnum de -très bon- champagne
qu'un propriétaire d'hôtel fan de 2CV a gracieusement
offert à Fab et Coco au Cambodge...). Inutile de dire
que les nuits seront courtes ...
Et voilà,
nous passons donc une seconde fois les fêtes en voyage,
et prenons ici encore conscience du temps écoulé depuis
notre départ, ou depuis ce premier réveillon
dans les sommets andins... Que de kilomètres parcourus,
de pentes gravies, de rencontres surtout, avec les autres
mais aussi avec soi-même... La distance qui nous sépare
de nos proches fait toujours aussi mal, mais nous avons appris à assumer
les conséquences de notre voyage, et savons que tous
ces kilomètres, finalement, ça se parcourt
un jour ou l'autre... coup de pédale après
coup de pédale ! et quand on aime...
Bonne année
2009 à tous les amoureux du voyage, celui que l'on
fait dans sa tête, avec ses mollets ou dans ses rêves
! Et rendez-vous dans les prochains carnets pour découvrir
la suite de nos aventures laotiennes, ou comment l'année
nouvelle nous a enfin remis sur nos chères bécanes...
PS : les meilleurs
moments, moments galère et le « mangeons gaiement » sont
moins d'actualité dans ce carnet de sédentaires
: nous y reviendrons dans les prochains carnets !)
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CARNET
2
Globicyclette
reprend la route
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Rebonjour, amis voyageurs !
Avec la nouvelle année 2009 commence notre pédalage
au Laos : dans les carnets précédents, nous
avions découvert le pays d'une manière un peu
différente, et troqué le pédalage contre
le tableau et la craie... Voici venu à présent
le temps de reprendre la route : c'est parti pour les aventures
laotiennes de Globicyclette ! Et elles commencent là où nous
vous avions laissés, dans la capitale, et tout juste
remis de joviales soirées de fête entre amis...
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7 janvier :
et c’est reparti !
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C'est
aujourd'hui que commencent nos premiers « vrais » coups
de pédale de l'année 2009 : bonne année, Globicyclette
! On s'est levés tôt, après une nuit bien trop
courte, pour prendre le bus à sept heures au «marché du
matin », le Talat Sao, de Vientiane. Ouh, il fait bien frisquet
ce matin ! Ce qui n'a pas empêché nos amis, Fab et
Coco, de se lever aussi pour venir nous dire au revoir. Nous avons
passé avec eux non seulement Noël et le jour de l'an,
mais aussi de multiples soirées de rigolade, bavardages
ou «larvification » devant la télé, et
les séparations sont difficiles... Après une ultime
photo, nous enfourchons bien vite nos montures pour éviter
de céder à l'émotion qui nous gagne tous,
et partons dans de grands signes d'au-revoir. Une minute plus tard,
ils nous manquent déjà...
Mais l'heure n'est pas à la nostalgie : le bus nous attend
! Pour une fois, la présence de nos vélos ne pose
aucun problème : pour 20 000kips (environ deux euros), les
voilà arrimés sur le porte-bagages du toit au milieu
de sacs d'oignons, citrons et autre bric-à-brac, et à 7
h pile, c'est parti pour Vang Vieng ! Nous faisons ce premier tronçon
en bus pour rattraper le retard occasionné ces derniers
jours par l'attente de nouveaux visas thaïlandais (nécessaires
depuis peu), sur les conseils d'autres cyclistes qui ont confirmé que
la route jusqu'à Vang Vieng n'avait aucun intérêt
et que le trafic intense la rendait bien désagréable.
La route, nous n'en verrons pas grand-chose, car nous passons
la plus grosse partie des quatre heures de trajet à rattraper
notre gros manque de sommeil : la semaine précédente
fut riche en nuits courtes!
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Nous nous réveillons à temps
pour admirer les magnifiques collines en pointe qui font
de Vang Vieng une cousine asséchée de la
baie d'Halong : elles sont effectivement impressionnantes. |
Et c'est sous leur
regard
que nous remettons les sacoches sur les vélos : ouh,
qu'elles sont lourdes ! C'est que nous avons laissé la
remorque à Bangkok,
et du coup les sacoches restantes sont pleines à craquer.
Il faut dire qu'une partie non négligeable de notre
chargement consiste en foie gras, chocolats et autres merveilleuses
conserves
envoyées par la famille et les amis dans leurs colis
de Noël : on s'en est gardé un bout « pour
la route» ! À côté de
nous, un jeune Indien charge, lui, une petite valise sur
un vélo
aux roues minuscules. Il n'a pas l'air d'un routard, avec
cet équipement
de citadin, mais il nous apprend qu'il vient tout de même...
du Vietnam ! Chapeau bas pour cet aventurier en herbe...
Ce ne sera d'ailleurs pas le seul cycliste que nous croiserons
dans
les jours qui viennent : les raides montagnes du nord du
Laos attirent
les pédaleurs... Et d'ailleurs, cette fois, c'est
nous !
Nos
premiers coups de pédales se font sous un ciel radieux, et dans
un paysage de montagnes vertes et majestueuses qui nous
enchante. La route monte, mais tout doucement, et malgré nos
genoux tout rouillés par deux mois de pause,
on avance bien. Youpi, on est repartis ! |
|
A midi, nous mangeons notre riz gluant (« Khao niao »,
l'équivalent du pain au Laos, et notre carburant de base
pour les semaines à venir) et nos bananes devant un paysage
de carte postale : une grande rivière aux eaux vertes et
limpides qui serpentent entre les pitons recouverts de forêts,
surplombée par un temple coloré d'où sortent
de jeunes bonzes à la toge orange et à l'ombrelle
noire... qu'elle est belle, l'Asie du Sud-Est !
|
Les
jours suivants, nous découvrons que le Laos est loin d'être
un plat pays : nous voilà à l'assaut de
pentes qui nous semblent bien raides, et nous allons
cumuler les journées à plus de 1000 m de
dénivelé positif : ouille ! c'est qu'on
avait perdu l'habitude de pousser sur les pédales...
voire de pousser tout court, au moins pour Amanda qui
décide de préserver ses genoux quand la
pente dépasse les 10 %. Mais nous avons des supporters
: tous les quelques kilomètres, nous croisons de minuscules
villages, petits paquets de maisons sur pilotis aux murs
en tiges de bambou entrecroisées, dont les habitants
nous encouragent gaiement. |
Invariablement, on nous sourit,
on nous salue de la main, les «Sabaïdee
! » (bonjour) fusent, et les enfants nous courent après
pour nous taper dans la main au passage, ou nous accompagnent timidement
dans les montées. La région semble assez pauvre,
comme en témoignent les maisons très simples et les
habits usés des enfants, mais ceux-ci ont l'air correctement
nourris et ont des sourires splendides.
Les grandes
soeurs de sept-huit ans portent leur petit frère sur leur dos, dans
une toile nouée sur leur poitrine : à cet âge
tendre, ce sont déjà des petites mamans
en puissance qui nettoient la maison, font les repas
et s'occupent des plus petits pendant que les parents
travaillent aux champs. Nous sommes frappés par
le nombre d'enfants que l'on croise quotidiennement,
et en déduisons tristement qu'ici, ils n'ont pas
le privilège d'aller à l'école... |
|
Nous avons bien vu des bâtiments
construits à cet effet, la plupart édifiés,
comme l'expliquent de beaux panneaux, grâce à des
financements de gouvernements étrangers, le plus souvent
la France d'ailleurs. Mouais... c'est bien beau de construire école
sur école, et ça doit sûrement faire venir
les financements, mais qui s'occupe ensuite de les remplir, en
payant des professeurs, par exemple ? Nous, en tout cas, ne pouvons
que constater : les écoles sont là, mais
sont vides, et les enfants jouent ou travaillent dans les
villages...
Nous remontons des vallées où s'étalent des
cultures en terrasses travaillées par des paysans au chapeau
pointu, bordée de part et d'autre de ces montagnes vertes
tout en pitons immenses qui font l'attrait de la région.
|
Au
bord de la route, des hommes et des femmes coupent,
battent ou mettent à sécher
de longs plumeaux de ces graminées immenses
qui dansent doucement sur les flancs des collines.
Ils en
font des sortes de fagots dont on ignore la destination
: balais, tissage, chaumes pour les toits ? |
Nous croisons aussi régulièrement, peut-être
pour la première fois du voyage, des jeunes hommes armés
: ils font probablement partie de l'armée gouvernementale,
omniprésente dans la région en raison du « problème
Hmong », mais ne portent en guise d'uniforme que de vagues
chemises kaki et ne se déplacent pas en groupe. Quoi qu'il
en soit, cette présence armée peu formelle nous donne
la chair de poule, même si tous ces jeunes nous saluent poliment...
Des kalachnikovs au milieu de ces montagnes si paisibles, c'est
un contraste de plus qui nous ramène à de dures réalités...
Au terme d'une grande montée bien raide, nous voyons apparaître
de charmants petits bungalows bordant une mare aux eaux transparentes
: les sources chaudes de Bor Nam Oon !
Plébiscitées
par tous les cyclistes croisés en route, et
effectivement le site est plutôt idyllique :
ces minuscules chalets de bois surplombent une petite
piscine naturelle alimentée
par des cascades d'eau chaude. En face, dénivelé oblige,
s'étend une vue magnifique sur la vallée
en contrebas, et au-dessus de nous, des pitons vert
sombre découpent leurs silhouettes dentées
dans le ciel bleu... |
|
Nous n'avons
fait qu'une quarantaine de kilomètres, et l'après-midi
vient de commencer, mais... on ne va tout de même pas passer
ici sans en profiter ! Nous acquiesçons donc aux demandes
empressées du responsable des bungalows, un jeune «ladyboy » qui
arbore un look d'enfer : maquillage, élastiques de couleur
dans ses cheveux courts, colliers et bracelets de grosses perles,
vernis à ongles nacrés et tongs à fleurs.
Il porte l'ensemble avec un naturel incroyable et des attitudes
de biche effarouchée qui nous remettent de bonne humeur
: ici ce genre de personne est accepté avec une tolérance
qui fait plaisir à voir ! Et le bungalow qu'il nous ouvre
est vraiment mignon comme tout, avec juste assez de place pour
un lit et une mini douche. Quel luxe les amis ! Allez, zou, c'est
l'heure du bain chaud ! L'eau n'est pas brûlante, ce qui
nous convient à merveille vu la température extérieure
(35° C au soleil quand même) : que ça fait du
bien ! Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à en profiter
: toute une famille laotienne se débarbouille au milieu
des rires des enfants, ainsi que d'autres «routards »,
et même deux autres cyclistes. Nous terminerons la soirée
sur « notre » balcon, à écrire
les carnets et trier les photos face au soleil couchant,
dans le
chant des
grillons qui annoncent la nuit...
|
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7-11 janvier
: comment se passe une journée type dans les montagnes laotiennes
|
6 heures du matin... 8°C dans la tente : brr! Nos habits
chauds, laissés à Bangkok, nous manquent cruellement...heureusement
qu'on a tout de même pris une petite paire de chaussettes
chacun, car nous sommes en sandales... Nous nous offrons le
luxe d'un thé chaud pour nous motiver à sortir
de la tente, et remballons le bivouac en frissonnant, dans
les couleurs douces et brumeuses du lever du soleil. Puis on
grimpe vite sur nos vélos pour nous réchauffer...
heureusement, les montées sont nombreuses !
Nous prendrons notre petit déjeuner (l'indispensable «khao
niao », acheté la veille sur la route) un peu
plus tard sur le bord de la route, lorsque le soleil sera sorti
de la brume.
Nous
sommes à présent
au-dessus de 1000 m, et au détour des virages,
derrière la végétation souvent
haute, on aperçoit parfois des panoramas à couper
le souffle : des montagnes vertes s'étendant à l'infini,
les plus lointaines perdues dans la brume et dans un
fascinant dégradé de bleus.
Aujourd'hui, c'est une nouvelle « montée de la mort » qui
nous attend : plus de 1000 m de dénivelé sur 35 km, ça
va grimper raide ! |
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Nous n'avons pas affronté de
telles côtes depuis le Kirghizistan, mais ici, tout est
asphalté, et nous sommes un peu plus légers : ça
ne devrait donc pas être si terrible... enfin, ça
c'est ce qu'on dit en dévalant une première grande
descente qui nous amène au pied... du « mur ».
Parce que dès le cinquième lacet, nos cuisses
nous rappellent lâchement qu'elles n'ont pas été sollicitées
depuis plus de deux mois : ouille, ça tire ! ça
transpire ! C'est que la pente atteint parfois les 12 %...
mais malgré tout, on se remet peu à peu dans
le rythme de la grimpette, et coup de pédale après
coup de pédale, avec nos petits 4 - 4,5 km/h, on allonge
les kilomètres. Le tout sous un soleil de plomb, mais
qui décide parfois d'arrêter la tyrannie de ses
chauds rayons et laisse la place à de frisquets nuages
gris. Ce qui nous va très bien en plein effort, mais
rend les pauses un brin trop fraîches : tant pis, on
pédalera plus ! Et on se motive avec nos MP3 tout neufs...
sur lequel nous avions copié une anthologie de la mythologie
indienne gentiment fournie par Fab. L'un de nous écoute
les histoires, puis les raconte ensuite à l'autre, et ça
nous occupe bien : Krishna, Shiva et autres Vishnou n'auront
plus de secrets pour nous !
Et à chaque belle montée,
nos efforts sont récompensés
par des panoramas spectaculaires... Tiens d'ailleurs, c'est
l'heure du déjeuner : au menu, terrine de cerf à l'Armagnac...
merci les colis des parents ! Dommage que nous devions l'étaler,
faute d'une bonne baguette, sur des boulettes de riz collant
! Terrine que nous mangeons enroulés dans nos deux
couvertures, car le vent est bien froid : on a un de ces
looks ! Une fois
les yeux remplis de la jolie vue, nous nous remettons « en
selle » : la fin de la montée va nous réchauffer...
Nous saluons en partant les touristes (locaux et internationaux)
qui sont venus admirer nos vélos : « moi, je
ne pourrais jamais faire ça ! » (ben... pourquoi
??) « et c'est plus confortable ? » « félicitations
! » « Voici ma carte, appelez-moi si jamais vous
passez à Chiang Maï en Thaïlande ! »...
bref, la routine, mais on aime bien quand même, avouons-le!
Et puis bientôt, nous voilà à Phoukhoun,
l'embranchement entre notre route, la 13, et la route 7 qui
amène vers l'est et le sud du pays. L'endroit était
réputé dangereux il y a quelques années,
mais aujourd'hui, comme nous l'ont confirmé de multiples
sources officielles ou non, il est totalement sûr.
On ne compte d'ailleurs plus les cyclistes croisés
sur la route ! (Les veinards, eux, ils descendent...). En
voilà d'ailleurs
quatre autres attablés dans un petit « restaurant »,
dont deux de l'âge de nos parents. Ils viennent nous
saluer et nous restons sous le charme de la vitalité et
de la sympathie qu'ils dégagent. Eux sont partis en
avril 2007 et ont rendez-vous en mars prochain à Mexico
pour le mariage de leur fille. Après ? « Bah,
on verra bien, mais en tous cas ce sera en vélo ! ».
Comme quoi il n'y a pas d'âge pour l'aventure. « Quand
on sera en retraite, on fera comme eux », projette
Olivier en repartant à l'assaut de la côte suivante... « Y'
a intérêt ! » rétorque sa pédaleuse
de femme, « et alors, après Shiva il y a qui,
déjà ? »...
Les couleurs dorées des montagnes signent déjà la
fin de l'après-midi, et il est temps de se mettre à la
recherche d'un bivouac : pas facile dans ces montagnes, où toutes
les routes sont à flanc de falaise.
Il
ne doit pas y avoir un seul recoin de plat dans toute
la région
! mais c'est bien pour ça que c'est beau...
On finit par hésiter devant une maison au
bout d'un minuscule village : ils ont bien un bout
de terrain
broussailleux à côté mais...
Hésitations
balayées par l'homme qui vient nous voir : « Vous
dormir ici ? » (en langage des signes). Heu...
ben pourquoi pas? Il semble ravi de notre décision
et part illico chercher une bêche pour déterrer
les mauvaises herbes aux tiges pointues sur son bout
de terrain. C'est gentil, ça ! Nous voilà soudain
entourés par un cortège d'enfants de
tous les âges, qui sont fascinés par
la mise en place de notre bivouac. |
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Olivier fait essayer le vélo
aux plus téméraires
(seuls quelques-uns oseront !) pendant que notre «hôte» plante
gaillardement notre bambou-cerf-volant pour marquer l'emplacement
de notre nouveau territoire. Le tout dans les rires joyeux
des enfants : l'ambiance est bonne ! Malgré le vent
froid, ils resteront accroupis presque une heure face à notre
abside, à nous observer faire la cuisine au réchaud.
Nous regrettons de ne pas savoir mieux parler lao, mais
on parvient au moins à leur demander leurs prénoms...
Et puis la nuit tombe, et tout ce petit monde rentre à la
maison. Nous aussi, d'ailleurs, car il fait plus chaud
sous les couvertures ! Enfin, « chaud », c'est
très
relatif : sans notre duvet et munis seulement de nos polaires
et couvertures, nous avons bien froid : la nuit ne sera
pas très confortable...
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11-12 janvier
: Luang Prabang la Belle
|
Montées, descentes, montées
: que c'est raide ! Mais nous avançons vaillamment,
désireux aussi d'atteindre la ville de Luang Prabang,
où nous attendent Internet et des nouvelles de la
famille : c'est que James, le frère d'Amanda, va fêter
ses 30 ans, et sa sœur chérie en est tout émue
et nostalgique : si seulement on pouvait se télétransporter
le temps d'une embrassade !
Après un dernier col à 1400 mètres, une fabuleuse
descente de plus de 20 km nous amène droit sur la ville: le
pied! À toute allure, nous dégringolons en moins d'une
heure près de 1000 m de dénivelé durement acquis
les jours précédents: la cruelle loi du vélo!
Mais c'est bon, les descentes «tout shuss!».
Puis soudain, le trafic se densifie, les maisons aussi, le relief s'aplanit...
et voici Luang Prabang ! Après quelques tâtonnements,
nous nous trouvons une guesthouse raisonnable pour notre budget, puis
partons à pied découvrir la ville qui s'anime avec la
tombée du jour.
|
Nous
tombons sur le marché nocturne, qui occupe l'une
des trois rues principales sur au moins 500 mètres.
Il est absolument magnifique : on y trouve les plus
beaux produits de l'artisanat Hmong, exposés
par terre sur de grands tapis éclairés
par d'innombrables ampoules. L'ensemble dégage
une atmosphère chaude et douce de « marché de
Noël » qui nous ravit, et les objets exposés
sont tous magnifiques : des milliers de foulards et écharpes
en soie, moirés, brillants, brodés, une
infinité de bijoux en argent, des coupe-coupe,
des abat-jour de papier, des peintures représentant
des bonzes, des parures de lit brodées, des
habits traditionnels, des éléphants de
bois, des trousses de soie brodée, des jeux
d'échecs en bois, et tant d'autres merveilles
!
|
Presque tout est réalisé avec
un goût étonnant et l'oeil, où qu'il
se pose, est charmé par les couleurs et les matières.
Les vendeuses, assises au milieu de leurs marchandises, sourient
aux passants et marchandent gentiment. Les plus dures sont
peut-être les plus jeunes : 10, 12 ans tout au plus
? Au milieu de cette caverne d'Ali Baba orientale passent
des centaines de «Falangs », les touristes, dont
beaucoup de français. Nous aussi, on s'y promène
avec le sourire, et des yeux émerveillés :
ah, si seulement nous avions des sacoches plus grandes et
surtout un budget moins petit, nous en ramènerions,
des merveilles ! autant pour nous que pour nos proches...
Quelle frustration de ne pas pouvoir jouer au Père
Noël et charger sa hotte de cadeaux !
Nous terminons la soirée
par un tour sur Internet, car nous n'avançons guère
dans notre poursuite d'un billet d'avion magique qui nous
permettrait de rallier toutes nos destinations futures :
que de temps perdu en recherches vaines et en coups de téléphone
inutiles (aaah, ces petites musiques d'attente, comme on
les déteste!), et ce soir encore, malgré près
de deux heures sur Skype, on progresse à peine...
allons-nous devoir annuler l'Australie, ou même Madagascar,
parce que les compagnies qui y volent chargent les vélos
trop cher ?
C'est la tête pleine de soucis et d'écrans d'ordi que
nous rentrons enfin nous mettre au lit, dans une nuit bien frisquette...
Au lit ? vous avez dit lit ? eh oui, ce soir, nous dormons dans le
luxe : oublions nos tracas et profitons-en : bonne nuit !
Le
lendemain, nous visitons la ville, un petit joyau de
temples délicats et de maisons coloniales, tout
de même classé au patrimoine mondial de
l'Unesco. Vue sa taille réduite, nous optons
pour une visite à pied: s'il y a plus de 2km à parcourir,
c'est bien le maximum !
|
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Un petit tour le long du Mékong, encore chargé des
brumes du matin, nous permet de vérifier la possibilité de
se rendre en bateau à Nong Kiao, plus au nord : on nous
a vanté la beauté de cette traversée de
sept heures, moins touristique que la croisière habituelle
sur le Mékong, qui se termine à la frontière
thaïlandaise : c'est dit, nous partons demain matin !
|
Nous
partons ensuite découvrir le marché du
matin qui occupe, lui, la seconde « artère » de
la ville : cette fois-ci, c'est de nourriture qu'il
s'agit, mais il n'en est pas moins magnifique que celui
du soir. Des légumes aux couleurs éclatantes
sont empilés en belles pyramides sur des nattes
posées à terre, entre des grilleurs de
saucisses parfumées et des marchands de poisson
frétillant. Les quantités exposées
ne sont jamais énormes : chacun vient vendre
sa propre production, 20 kilos de clémentines,
six ou sept poissons, trois oiseaux attrapés
au collet, un tas de riz, il y en a pour tous les goûts
!
|
Nous y dégottons des galettes de riz soufflé craquantes
et de minuscules pancakes à la noix de coco qui nous
font un petit déjeuner parfait. L'estomac plein, nous
sommes fin prêts pour l'escalade de la colline centrale
qui surplombe la ville, dominée par le Wat (= temple)
Phu Si au sommet tout doré.
Le temple sommital est décevant
(seule la toute finale pointe du toit est dorée!)
mais ceux bordant la colline sont plus intéressants
: on y trouve de complexes peintures murales à la « Jérôme
Bosch » décrivant toute l'histoire
de bouddha ou de la ville, ou toute une succession
de statues de bouddha dorées aux pieds desquelles
brûlent des bâtons d'encens entourés
de fleurs oranges. On peut même admirer l'empreinte
dorée d'un pas de Bouddha (qui chaussait au
moins du 56 !).
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La vue du sommet est jolie et confirme la petitesse de cette
ville si célèbre, ancienne capitale tout de même:
pas d'immeuble bien sûr, juste quelques toits pointus
qui émergent entre les palmiers et les bananiers. Le
Mékong étend au pied des maisons son long ruban
brun qui part se perdre entre les montagnes voisines.
Redescendus de notre colline, on part faire une promenade dans les
petites ruelles : le style «français» est si présent
qu'on se croirait presque dans un recoin de l'Estaque, village natal
d'Amanda, accent des habitants excepté! Pour sauvegarder ce
qui reste de notre budget, nous nous contentons de faire le tour des
grands temples payants et de visiter ceux à entrée libre.
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Ils
sont tous superbes, avec leurs façades décorées
de mosaïques miroitantes et de bas-reliefs dorés.
Les toits des pagodes, surtout, sont d'une délicatesse
aérienne : avec leur forme concave et leurs
pointes en fines têtes de dragon du fleuve, on
dirait des ailes posées sur des temples prêts à s'envoler.
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Au Musée Royal, nous admirons les anciennes voitures
royales (la première, une DS, fut remplacée par
d'énormes Lincoln continental), et Amanda parvient à apercevoir
le « Prabang », une petite statue dorée
de bouddha, datant du 1er siècle après Jésus-Christ,
et qui a donné son nom à la ville. Toutes aussi
impressionnantes sont les immenses défenses d'éléphant
sculptées et dorées qui l'entourent. C'est que
nous sommes au « Royaume du Million d'Éléphants » !
Million dont il ne doit plus rester grand-chose, tant leur
habitat est aujourd'hui fragmenté à cause de
la déforestation intensive... Pour combien de temps
encore en ont les éléphants d'Asie ?
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13 janvier : Luang
Prabang - Nong Kiao, une journée au fil de l'eau
|
C'est donc en bateau que nous quittons Luang Prabang, ou plutôt
dans une jolie jonque à moteur qui va nous porter pendant
sept heures sur la Nam Ou, un affluent du Mékong.
La
jonque ne doit pas dépasser
deux mètres de large pour une quinzaine de mètres
de long, et nos vélos y occupent une sacrée
place, mais cela ne dérangera personne car nous ne
serons que quatre passagers et deux chauffeurs : on a presque
la barque à nous tout seuls ! |
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Juste avant de partir,
nous voyons trois cyclistes (en vélo droit) monter sur la
barque voisine (on suppose qu'ils évitent de trop charger
chaque barque en raison des eaux bien basses de la Nam Ou). Eux
sont en vacances pour trois semaines seulement, et ils respirent
la bonne humeur et la joie de vivre : dommage que l'on n'ait pu
partager la même barque, mais on se rattrapera à l'arrivée.
La croisière, qui dure toute la journée, est
merveilleuse : nous remontons un bras de fleuve relativement large, aux eaux
brunes et paisibles
entourées de montagnes abruptes couvertes de jungle.
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Les
berges sont presque toutes cultivées par les habitants des quelques villages
isolés que l'on devine ça et là, et
nous croisons parfois des jonques dont les occupants, souvent
des enfants, nous font de grands signes de main. Que c'est
beau, sauvage et surtout paisible ! Nous savourons ces moments
magiques bien emmitouflés dans nos couvertures,
car avec la vitesse (pourtant faible) de l'embarcation,
il fait
bien frisquet sur le fleuve. |
En fin de
journée,
le paysage se teinte de couleurs dorées et les montagnes deviennent
bleues : spectacle fabuleux... Nous sommes vraiment sous le charme de cette
région si belle et si tranquille.
L'arrivée à Nong Kiao se fait plus tard que
prévu en raison
de petits soucis de moteur, et le soleil se couche pendant que nous débarquons
nos vélos. Le village est minuscule, juste une seule rue et un
pont, mais adorable, avec ses maisons en bambou sur pilotis et sa vue
merveilleuse
sur le fleuve. L'endroit respire un bonheur tranquille, les gens y sont
souriants, bref tout incite à y rester... D'ailleurs, nous pensions
pédaler
une petite dizaine de kilomètres, mais décidons de changer
nos plans, car la nuit tombe : nous allons dormir sur place. Ce qui tombe
finalement
bien, car ainsi nous aurons le temps de bavarder avec nos amis cyclistes.
Ceux-ci prennent d'ailleurs les devants : « notre guesthouse fait
aussi restaurant : venez donc nous y rejoindre vers 19 heures, on vous
invite ! ». Youpi
! Ce sera un repas bien sympathique, et, on l'avoue, bien meilleur que
le riz collant qui fait notre ordinaire sous la tente... La soirée
se passe entre conversations à bâtons rompus et fous rires
: ces trois-là sont
des bons vivants ! Ils ont la cinquantaine, et partent chaque année
un mois en janvier, en vélo ou bien à l'assaut de sommets
de plus de 6000 m. Ils tiennent une forme épatante ! Nous les
recroiserons le lendemain sur la route : eux sont plus rapides, mais
se lèveront
plus tard : nous, on adore les départs dans les brumes de l'aube...
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14 janvier
: « Montée de la Mort », et retour à l'école
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Au réveil, un peu après
six heures, la montagne est plongée dans la brume, et seul
le chant du coq nous parvient des maisons pourtant situées à 50
m. Nous voici plongés en plein mystère asiatique...
Les 30 premiers kilomètres sont un vrai plaisir : une succession
de petites montées et descentes dans une petite vallée
aux rizières brumeuses et mystérieuses, et aux villages
minuscules et charmants. Tout le monde nous y salue avec sourires
et exclamations, et sur notre route « facile » nous
avançons à un bon train.
Un peu plus tard, le ciel bleu a remplacé la brume, le soleil
est là, et les choses se corsent : une nouvelle «montée
de la mort » nous attend : plus de 1000 m de dénivelé sur
30 km, ça va chauffer dans les genoux ! c'est que même
si nous sommes allégés, nous portons tout de même
environ 55 kilos chacun (pesés hier à la guesthouse),
sans compter l'eau...
Mais poids ou pas poids, nous finissons comme toujours par venir à bout
de cette grosse montée : heureusement que c'est de l'asphalte,
quand même... Mais nous ne sommes pas non plus exténués
: l'entraînement des mois précédents (excepté les
deux derniers !) a porté ses fruits, car nous battons tout
de même aujourd'hui un nouveau record : 1453 m de dénivelé !
De quoi avoir bien mérité de s'arrêter enfin,
au bas de la belle descente qui, bien sûr, suit la montée.
|
En
l'absence de terrain plat, nous décidons de bivouaquer dans le prochain village
: ça tombe bien, celui-ci possède une petite école à flanc
de colline qui n'attendait que nous. Nous demandons l'autorisation
de nous y installer au village : « Nous, tente, ici,
OK ? ». Oui oui, nous répond-on. Un homme souriant,
probablement le professeur, nous y guide dans une nuée
d'enfants curieux. Le bâtiment central est posé à même
la terre battue : quatre demi-murs, un toit, pas de porte,
et un petit tableau noir planté dans la terre. |
Les écoliers
d'ici ne travaillent pas dans les mêmes conditions
que nous! Mais l'endroit est charmant, rempli de dessins
d'enfants et de tables de
multiplication, et nous n'avons qu'à pousser les
petites tables pour y monter notre tente, toujours sous
le regard
d'une ribambelle d'enfants qui vient observer ces deux «Falangs» extraterrestres.
Comme à chaque fois, ils commencent à regarder
de loin, à une vingtaine de mètres. Mais
peu à peu, à chaque
fois qu'on lève les yeux, leur rangée bien
alignée a avancé... jusqu'à ce qu'ils
se trouvent tous à un mètre de la tente,
en un bel arc de cercle, mignons comme tout ! |
|
Mais il suffit qu'on
sorte l'appareil photo pour qu'ils s'éparpillent
comme une volée d'oiseaux... avant de comprendre qu'on
peut leur montrer chaque photo sur l'appareil : alors, c'est à qui
fera la plus belle pose, et l'inspection des photos déclenche
des fous rires... Il y a avec eux un ou deux adultes qui surveillent
le tout avec bienveillance, et leur ordonneront de nous laisser
tranquilles quand nous commencerons à manger notre repas...
dont ils ont tout de même observé la cuisson d'un œil
effaré...
On imagine : quoi ? du riz gluant mélangé à des œufs
et des nouilles aux bananes ? pouah ! C'est qu'en fait, ce soir,
on inaugure de nouvelles recettes spéciales « Globicyclette
vide ses sacoches » : le Pad Thaï, sans wok, mais à la
banane ! Et croyez nous ou pas, c'était même plutôt
bon... avec du riz gluant frit à l'œuf en dessert
: c'est beau, c'est «in », c'est la cuisine internationale
moderne ! aie aie aie, quelle image transporte-t'on ici de la
gastronomie
française...
Ce soir, nous avons même le privilège de manger sur
une table, assis sur les bancs de bois des écoliers : le luxe
! Si seulement il pouvait faire un peu moins froid... Mais on ne
va pas se plaindre : il paraît que la France (et l'Europe !)
connaît des records de températures négatives.
Il y a même eu 50 cm de neige à l'Estaque la semaine
dernière ! Finalement, on n'est pas si mal, dans nos montagnes
du Laos...
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15- 18 janvier
: cap sur la Thaïlande
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Les jours
suivants, notre pédalage
nous amène dans les plaines où se blottit la petite
ville d'Oudomxaï, puis de nouveau dans les montagnes, de plus
en plus près de la frontière chinoise au nord. D'ailleurs,
nous avons droit à un ballet de camions en provenance de
Chine, passant par groupes d'une dizaine, qui nous étouffent
de leur vrombissements et de leur poussière : à bas
les camions chinois ! D'autant que les multiples passages ont abimé l'asphalte,
qui disparaît par endroits au profit d'une caillasse peu
agréable à nos pneus : c'est que nous avons pris
goût au luxe des bonnes routes...
Mais nous finissons par arriver à une bifurcation libératrice
: vers le nord à 20 km, la frontière chinoise, et vers
l'ouest... la Thaïlande : à l'ouest, toutes ! Ah, nous
voilà enfin débarrassés de ces satanés
camions.
Et
la route, apparemment vieille de deux ans seulement,
est un vrai délice : une
large bande de bitume bien lisse, avec même un
marquage au sol ! Même à Vientiane il n'y
avait rien de tel. Le pédalage y est relativement
facile, enfin, «facile»,
seulement par comparaison avec les terribles montées
des jours précédents ! car les ondulations
du terrain restent bien raides et nous laissent haletants.
Un peu comme sur la Carretera Australe finalement, mais
sans le ripio ! |
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La région étant
un brin moins montagneuse, nous évoluons
plus en fond de vallée qu'à flanc de côte abrupte,
et nous retrouvons ici ces beaux paysages de rizières qui
font le charme de l'Asie. Derrière les rizières,
les premières collines sont toutes défrichées
(par brûlis) et cultivées. Mais au-delà, c'est
la jungle : une superbe forêt primaire dont on ne distingue
que l'entrelac confus des lianes et des épais feuillages.
Dans tous les cas, le paysage est, décidément, magnifique,
et nous avons même plus de vues dégagées qu'en
montagne, où tout était souvent masqué par
la végétation haute du bord de route.
Nos bivouacs se font le plus souvent dans les écoles des petits villages,
et quand les écoles font défaut, nous bivouaquons en bordure des
champs. Un soir nous y rencontrerons une charmante mamie Hmong, toute de noir
vêtue (c'est l'habit traditionnel), qui nous fait signe de venir dormir
chez elle, là-bas dans son village. Mais le soleil est déjà couché,
et nous ne savons pas à quelle distance se trouve le dit village : merci
bien mamie, mais nous allons nous poser ici pour ce soir, c'est plus simple pour
nous ! Elle finit par se laisser convaincre en nous regardant dresser la tente,
et nous lui offrons en cadeau d'adieu un carré de notre précieux
chocolat Côte-d'Or qu'Olivier grignote déjà : bonne nuit
! « Eh, dis, je crois qu'elle a discrètement jeté ton chocolat
en repartant » « quoi ! ? ah, ces laotiens qui n'aiment pas le sucré...
Tu crois qu'on peut retrouver le carré dans les herbes... ? ». Peine
perdue !
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18 janvier :
la journée des pannes
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Aujourd'hui,
nous quittons de nouveau rizières et vallées pour
retrouver nos bonnes vieilles montagnes: ça grimpe ! et
les côtes sont bien raides
: descentes à toute allure et terribles montées à 4
km/h s'enchaînent sans répit : eh, un peu de pente
douce, c'est pas au programme du jour ?... mmh, on ne dirait pas
! Nous totaliserons ainsi plus de 1000 m de dénivelé au
compteur alors que nous finissons la journée à la
même altitude que la veille !
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Au
détour d'un virage,
nous tombons sur un couple d'un certain âge qui pousse
un tandem, dans la direction opposée à la nôtre.
Waltraud et Bernd ont au moins 65 ans (70 ?), sont allemands
et ont un problème de pédales : l'une d'entre
elles ne tient plus sur son axe ! Olivier propose de tenter
une réparation, il sort sa super pâte de Mac
Gyver, une sorte de résine à froid constituée
de deux composants qui se mélangent en malaxant, ce
qui les chauffe, et la pâte résultante deviendra
dure comme du plastique au bout d'une demi-heure. Et c'est
très pratique pour toutes les petites réparations
! |
Pendant que ça « sèche »,
nous discutons vélos et itinéraire avec ces deux « anciens » qui
ont voyagé un peu partout, et ne reviennent en Allemagne
que lorsque leurs petits-enfants les réclament. Pour leur âge,
ils tiennent une forme phénoménale ! Ils étaient
d'ailleurs en Amérique du Sud l'année dernière,
en même temps que nous...
La réparation
semble tenir, et chacun reprend son (ardu) chemin. Mais peu de
temps après, Amanda entend des cliquètements
récurrents à l'arrière d'Heidi. Elle s'arrête
pour inspecter sa monture. Elle ne parvient pas à trouver
la cause du bruit, mais en revanche, son inspection des roues
révèle
une bien mauvaise nouvelle : son pneu arrière est dans
un sale état, carrément fissuré par endroits,
et au bord de la rupture. Aïe aïe aïe ! Elle rejoint
Olivier avec précautions, et s'ensuit une longue session
de réparations sur le bord de la route : Olivier colle
de la bâche de camion (toujours elle : qu'est-ce qu'elle
nous aura dépannés, depuis sa trouvaille au bord
de la route en Patagonie !) aux endroits abîmés à l'intérieur
du pneu : ça n'empêchera pas l'usure, mais au moins ça
protégera la chambre à air... et nous inversons
pneus avant et arrière, l'avant supportant beaucoup moins
de poids, et donc de frictions. À nous les incantations
magiques : pourvu que ça tienne jusqu'à Bangkok
! Une fois les roues enlevées, nous en profitons pour
examiner l'état des
moyeux : les présomptions d'Amanda se confirment : son
moyeu arrière est dans un sale état, faisant entendre
de méchants frottements métalliques à chaque
tour. Les roulements à billes à l'intérieur
n'ont pas l'air bien en forme, et même à vide, la
roue cesse de tourner après quelques rotations... zut
! Bon, une panne à la
fois, nous verrons cela plus tard... Car il y a aussi un problème
avec la manette de vitesses droite, le câble de dérailleur
avant, la gaine du câble arrière, et chez Philéas,
un curieux bruit de frottement dans la gaine de la chaîne
: alerte ! rien ne va plus ! Il va falloir faire une grosse remise à neuf à Bangkok...
Ah,
et on a oublié le compteur kilométrique d'Olivier,
qui affiche fièrement 69°, 3679 m d'altitude et
28 km/h : il n'a pas aimé l'humidité matinale
de ces derniers jours... Inutile de dire qu'avec tout ce tas
de mauvaises
nouvelles,
nous n'avons pas beaucoup avancé aujourd'hui... En fin
de journée, alors que nous peinons une fois de plus
sur une « côte
de la mort » à 12 % minimum (et pas au compteur
d'Olivier!), une mauvaise nouvelle de plus vient s'ajouter à la
longue liste : le siège d'Amanda bouge ! en fait, il
est complètement
fissuré autour d'une des vis de fixation, positionnée
sous les omoplates. Il ne manquait plus que ça !
Nous pédalons
malgré tout jusqu'au coucher du soleil,
et terminons par la pire montée de la journée
: espérons
que les genoux, eux, ne tombent pas en panne...
Et
nous nous posons sur un promontoire presque au sommet,
bien cachés de la route. Nous dominons
une petite vallée entièrement couverte d'une
jungle épaisse, d'où s'échappent des
cris d'oiseaux incroyables, que l'on n'entend généralement
que sur les CD de « Nature et Découvertes »...
ah, vive l'exotisme du voyage ! |
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Enfin bon, exotisme
ou pas, Olivier va passer la soirée à réparer
les « dégats » au mieux, pendant qu'Amanda
s'occupe du bivouac et du repas (comment ça, c'est
machiste ça
? pas du tout, ça s'appelle une répartition
efficace des rôles...).
Olivier répare donc le siège fissuré avec la
pâte magique, change le câble de dérailleur, et
puis se voyant bien parti dans ce bricolage à la frontale
(il fait nuit noire depuis longtemps), il entreprend un périlleux
démontage du moyeu arrière : c'est la première
fois qu'il ose s'y attaquer, un peu anxieux de perdre des pièces...
et à l'intérieur, quel triste spectacle ! Les roulements
sont sales, rouillés et plein de petits cailloux. Le voilà qui
les nettoie et tente ensuite (alors qu'Amanda écrit ces mots)
de les remettre dans le bon ordre à la lumière tremblotante
de sa frontale... s'il n' y parvient pas, on est bons pour faire
du stop demain matin... faites qu'il ne perde pas ses billes ! (est-ce
de là que vient l'expression ?).
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19 janvier : back to Thailand !
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Une
fois n'est pas coutume, la brume ce matin est restée
cantonnée au fond des vallées, et sur notre promontoire
le lever du jour nous offre peu à peu un beau ciel dégagé :
notre petit bivouac, cerné par des buffles en quête
d'herbe tendre, repose au milieu d'une carte postale de jungle, montagnes
brumeuses et horizon rose pâle...
Bon, nous ne sommes plus qu'à 57 km de la frontière,
donc nous comptons bien y arriver avant la fin de la journée
: en route ! mais avant... c'est l'heure de tester les réparations
effectuées la veille sur Heidi : moment crucial... oui ! ça
tourne ! Le moyeu semble en meilleur état que depuis des lustres,
et le siège semble tenir le coup : bravo Mac Gyver !
Nous voilà donc partis à l'assaut des dénivelés
du jour, qui ne sont pas des moindres. La dernière côte,
du 12 % sur plus de 4 km (au bas mot), termine notre « ascension » des
montagnes laotiennes sur une note majestueuse. Tout aussi grandiose
sera la prodigieuse descente qui suivra, où Olivier atteindra
son dernier record de vitesse : 73 km/h !
Nous nous remettons de ces émotions en savourant notre déjeuner
sous une de ces innombrables cabanes de bambou en bordure de rizière
: eh oui, nous avons retrouvé les étendues cultivées,
et un paysage plus aplani. Il y a même (évidemment)
un petit vent de face qui vient nous rappeler son existence, fort
heureusement oubliée entre ces abruptes montagnes.
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Allez, à présent,
c'est plus facile: la frontière s'approche à grands
pas, heu, à grands coups de pédales ! Nous
y parviendrons en fin d'après-midi, en entrant
dans la ville de Huay Xai qui bordent le Mékong,
ce fameux fleuve-frontière. Notre vieux Lonely
Planet fait mention d'un projet de pont qui devait être
achevé en
2008... mais de pont, point : le projet a dû, ha
ha, tomber à l'eau ! C'est donc en barque (ou
jonque à moteur
?) que nous passerons la frontière, alors que
le fleuve a des belles couleurs orangées du soir... à bientôt,
le Laos: on a hâte de te retrouver ! |
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Les petits détails du quotidien...
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Notre séjour près
de Vientiane fut riche en délices gastronomiques,
autant grâce aux colis faramineux de France
qu'aux talents de cuisinière de Toun. Passons
sur les douceurs françaises, ça, vous
connaissez...
On se souviendra surtout de :
-
la
cuisine au wok de Toun : des morceaux de viande
ou des crevettes, des oignons verts, de l'ail,
des carottes en lanière, des cacahuètes
de la sauce soja, du nioc mam, du bouillon de poule
Knorr (ingrédient essentiel de toute cuisinère
laotienne, ici ça se vend par gros pots
d'un demi-kilo de poudre !), pas mal d'huile, des épices
secrets dont on ignore le nom, des nouilles chinoises,
du persil, et... voilà ! on essaye ?? sauf
que quand c'est elle qui le cuisine, c'est bien
meilleur...
-
la
soupe de riz : c'est le petit-déjeuner
habituel des laotiens, pour nous plutôt dégusté en
repas du soir. Un énorme bol de bouillon épais
où flotte non seulement du riz, mais des boulettes
de viande parfumée, parfois un oeuf poché,
du persil, et saupoudré de petits morceaux
d'échalote frite.
-
le
poisson frit : il est frais, on l'a vu
en faisant le marché, et il est délicieux. On
le sert entier, recouvert d'une sauce à base
de tomates et d'oignons. Un délice...
-
les
salades : similaires à celles que l'on
mange en France, mais ici... les tomates ont vraiment
du goût ! et un parfum... mmmhhh....
-
les
nems : c'est censé être un plat
vietnamien, mais tout le monde en mange ici. Elles
sont servies coupées en morceau, accompagnées
d'un bol de nouilles chinoises froides et de salade.
Fourrées à craquer, croustillantes
: délicieuses
-
le « sandwich
pâté » ;
voir les premiers carnets du laos, et sa variante,
le sandwich à la vache qui rit. Un grand
succès
dans les rues de Vientiane.
-
les « fruit-shakes » : on choisit ses
fruits (et choix il y a) et la gentille vendeuse
du bord de la route les mixe dans son shaker avec
une généreuse dose de lait concentré sucré et
de glaçons, parfois du yaourt en option. On
a adoré le « citron vert- menthe »,
un peu moins le « café-banane ».
chacun ses goûts !
-
les saucisses-surprise
: elles sont
conservées
dans des lanières de feuilles de bananier
repliées une bonne dizaine de fois. On achète
un petit paquet d'une dizaine de cm, mais une fois
les feuilles déroulées, il ne reste
plus qu'un minuscule bout de saucisse ! ceci dit,
elles sont très parfumées et un peu
acides, ça vaut le coup d'essayer. On se pose
juste des questions sur leur conservation : à part
la feuille de bananier, rien ne les protège,
et elles restent suspendues toute la journée
au soleil dans les épiceries...peut-être
sont-elles préalablement fumées ? on
n'a pas osé en tester trop souvent...
-
le
plat
national,
le lap: de la viande hachée
(agneau ou boeuf le plus souvent) mélangée à des
feuilles de menthe, des oignons et des
piments, le tout servi froid. C'est très
rafraichissant et savoureux... si on aime
les piments ! Toun nous
a servi une version « light »,
mais même
comme ça, c'était encore
un peu fort pour nous.
Dans la série « gastronomie
des jours de pédalage » : ici on retourne à la
nourriture basique et simple, mais ça nous
va très bien. Rien de très intéressant, à part
les bananes et les clémentines, si savoureuses
ici. Un élément majeur toutefois :
- l'indispensable riz collant,
le Kao Niao. C'est l'accompagnement obligatoire
de tout repas laotien.
Il est servi, et transporté, dans
de petits paniers en osier de la taille
d'un pot à crayon
que l'on dépose devant vous à table.
On se sert en ramassant une poignée
avec les doigts, que l'on pétrit
ensuite délicatement
jusqu'à obtention d'une petite boule
compacte que l'on peut alors engloutir.
Ce riz, d'une variété particulière
et cuit à la vapeur selon un procédé assez
long, a vraiment un goût particulier
: il est parfumé, épais et
presque sucré.
Le carburant idéal pour pédaleur
dans les montagnes... (il est tellement
collant qu'on peut
même le manger en pédalant
!). Mais attention, il ne se garde qu'une
journée : après,
il devient tout sec, plus du tout collant,
et immangeable !
Ils ne sont, une fois de plus, pas bien nombreux !
- Notre départ d'Eran, avec des adieux très émus
aux enfants et à Toun et Hervé...
- Quitter Fab et Coco, qui vont
nous manquer cruellement pendant un bon bout de temps...
- Les pannes techniques, notamment
nos problèmes de
moyeu qui ont obligé Olivier à un démontage
intégral et très délicat des roulements...
l'avantage, c'est que maintenant, il sait comment tout réparer
!
- Le froid dans les montagnes
: après la canicule
de Thaïlande, c'était pas prévu ! nous
avons tout de même dû racheter deux couvertures,
des gants et des bonnets pour remplacer notre matériel « chaud » laissé à Bangkok,
et certains petits matins sur les sommets ont été bien
frisquets...
Ahhh, ces montagnes ! Comme
toujours, on galère à cause
des dénivelés, mais... qu'est-ce que ça
vaut la peine !
- Les panoramas grandioses des
montagnes recouvertes d'une jungle vert foncé, à perte de vue.
- Les petites villages des montagnes,
leurs maisons en bambou tressé, leurs habitants si souriants et leurs enfants
superbes.
- La remontée de la Nam Ou, avec un coucher du soleil
spectaculaire
- La soirée vraiment sympa passée avec les
trois compères cyclistes à Nong Kiao
- Le marché nocturne de Luang Prabang : magique
- Les bivouacs au sommet des
montagnes dominant la jungle, qui nous offrent des petits
matins
perdus dans les brumes,
et ceux dans les écoles des petits villages, entourés
d'enfants curieux.
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