Globicyclette en Thaïlande (2)

 

 

 

Retour en Thaïlande

 

Sawadee, amis voyageurs !
La Thaïlande vous avait plu ? En revoilà un petit bout juste pour le plaisir... Nous voici tout juste sortis d'un pédalage sportif dans les montagnes du nord Laos, et nous nous offrons un petit tour au pays du sourire avant de rejoindre Bangkok, où nous allons récupérer notre GuestStar et amie Florence qui a eu la folle idée de venir faire un bout de route avec nous (elle n'a pas dû lire tous les carnets !). Pour le moment, nous voilà de retour en plat pays, ou presque, et prêts à avaler des kilomètres : cap vers le sud, en avant toutes !

 


19 – 24 janvier : Cabanes sur rizières, Pad Thaï et belles routes plates

 
C'est sur l'eau que nous arrivons cette fois en Thaïlande, et dans la beauté des couleurs du soir... Nous vous avions laissés au milieu du Mékong, en équilibre précaire dans une petite pirogue en provenance du Laos... quelques coups de rame plus tard, nous inaugurons nos nouveaux passeports d'une série de tamponnages douaniers, puis nous nous mettons en quête d'une guesthouse pour la nuit : le luxe... pour 150 baht (environ 3,50 €), nous voilà dans une adorable chambre tout en bois munie d'un lit absolument gigantesque : au moins 2,50 m de

large, du jamais vu ! Plus l'accès à une douche brûlante qui nous offre un décrassage extatique dont nous avions bien besoin : la victoire sur les montagnes laotiennes, ça se fête ! on retrouvera même une petite boite de foie gras encore enfouie au fond de nos sacoches pour entamer dignement nos retrouvailles avec la Thaïlande... comment ça, c'est pas très couleur locale ? rassurez-vous, nous compléterons ces agapes avec l'une des douceurs de la Thaïlande que nous sommes ravis de retrouver (voir carnets antérieurs) : un de ces délicieux Pad Thaï saupoudré de cacahuètes émiettées, qui nous fait prendre soudain conscience que le riz collant laotien, c'est bon, soit, mais quand même...

Et c'est parti pour quelques journées de grisant pédalage sur les belles routes plates thaïlandaises : c'est que les grosses côtes laotiennes ont bel et bien disparu. Les montagnes ne sont plus que de beaux reliefs à l'horizon, et nous pédalons à présent en plaine, au milieu de rizières de plus en plus étendues. Nos muscles entraînés par les montagnes nous propulsent à toute allure sur ces routes faciles, et nous filons d'un bon train à 20 km/h de moyenne. Nous roulons collés l'un derrière l'autre, ce qui permet au second de profiter de l'aspiration du premier : l'effet n'est pas négligeable !

C'est agréable, mais finalement, la montagne et l'ambiance éternelle de ses petits villages traditionnels si paisibles nous manquent déjà ! (jamais contents ces pédaleurs). Ici, nous retrouvons les bus, les bords de route continuellement peuplés de maisons (de bois ou de briques, adieu le bambou !) ou de petites boutiques, et les tracteurs. Mais bon, nous retrouvons aussi les gargotes omniprésentes sur la route, avec leurs fabuleux Pad Thaï et leurs cafés glacés à 10 bahts (0,20 €), alors on ne se plaint pas !

D'autant que nous sommes tout de même loin des nationales à deux fois deux voies de notre trajet Bangkok-Vientiane. Nous roulons plutôt paisiblement, salués régulièrement par les exclamations et les rires des villageois qui ne dépeuplent jamais le bord de la route. Dès que c'est possible, nous bifurquons sur les petites routes secondaires, au risque parfois de nous perdre, mais ce qui nous permet de découvrir de jolis petits coins.

La route, tantôt ripio, tantôt asphalte cabossé, serpente entre des petits villages adorables aux belles maisons de bois, décorées de bougainvilliers aux couleurs fabuleuses : plus de kilomètres, c'est vrai, mais des kilomètres bien plus agréables ! La tête des villageois nous voyant passer confirme d'ailleurs que peu d'étrangers doivent s'aventurer par-là... Quand on nous demande notre destination, la réponse laisse incrédule : « Bangkok ?? noooon... », disent-ils en secouant la tête : c'est bien trop loin ! Encore un de ces moments où il serait vain d'expliquer notre réel parcours !

Notre meilleur souvenir de ce pédalage sera celui des bivouacs du soir : nous découvrons que les rizières sont parsemées de mignonnes petites cabanes de bambou, qui servent d'abri ombragé aux paysans pendant la journée. Mais le soir, elles n'attendent que nous...

On ne pouvait rêver mieux ! D'autant que nous avons laissé l'air froid dans les montagnes : ici, pas de tente, nous sortons pour la première fois notre moustiquaire. Ah, que c'est bon de rester assis sans frissonner, à regarder l'eau des rizières se transformer doucement en un miroir mauve, puis pourpre, tout en savourant un Pad Thaï encore tiède ! Nous nous endormons dans un concert de croassements et stridulations nocturnes...

Et ce sont les chants d'innombrables coqs qui nous réveillent, alors que l'aube n'a pas encore pointé son nez : nous assistons au lent et éternel spectacle du lever du jour, dans un paysage de brumes mauves d'une délicatesse paisible toute asiatique. Le feuillage fin des massifs de bambous se découpe à contre-jour sur le ciel rose pâle, digne des plus belles estampes, et les rizières étendent leur immensité tranquille dans une brume blanche et légère qui se dissout doucement... Qu'on est bien dans ces petits abris de rêve ! Le genre de moments que l'on emmagasine en mémoire pour ne pas oublier, une fois rentrés...


Puis, inévitablement, les chants lancinants du temple voisin (ils ont des haut-parleurs ou quoi ?) viennent remplacer les coqs, le soleil pointe son nez de derrière les montagnes, et la magie de l'aube s'efface : le ciel est devenu bleu, il est temps... de pédaler !

Un matin, une jolie surprise vient nous encourager : au bord de la route, deux jeunes moines drapés d'orange et cheveux ras nous font signe de nous arrêter... et nous mettent dans les mains un sac rempli de ce qui doit être leurs dernières aumônes : des cartons de lait de soja, du chocolat en poudre, une bouteille d'eau, une canette de café au lait, et même plusieurs plaquettes de paracétamol ! Nous sommes tout gênés d'accepter de ces deux jeunes bonzes ce qui leur a été offert « au nom de Dieu », mais ils insistent avec un grand sourire : peut-être est-il normal de partager ses aumônes ? En tout cas, ce « don du ciel », que nous finissons par accepter, nous ravit : nous adorons toutes ces petites douceurs ! Merci, messieurs les bonzes, ou plutôt, merci Bouddha !

Au sommet d'une minuscule côte, une surprise d'une autre sorte : ça alors, mais ces silhouettes familières... ce sont bien... deux vélos couchés ! Des « Optima » à guidon haut, un Orca et un Lynx, montés par Jean-Christophe et Patricia, deux savoyards en vadrouille pour deux mois. Philéas et Heidi trépignent de joie: chouette, des copains ! Et nous aussi, nous passerons un grand moment à discuter avec ce couple sympathique et pas prétentieux, qui n'en reviennent pas de tomber sur deux autres «bent-riders » (et français, en plus) à leur première journée de pédalage en Asie! Comme quoi notre périple est d'un banal...)

Ce pédalage grisant en terrain plat se termine cependant sur une note presque «montagneuse ». Nous voilà en effet à l'intérieur d'un parc national dont les paysages dénotent par rapport aux rizières précédentes : ici, tout est plus sec, plus vallonné, et l'on retrouve une végétation presque semblable à celle des forêts européennes ; il y a même quelques feuilles rouges ou jaunes sur les arbres (c'est vrai que nous sommes quand même en plein hiver !), et nous oublierions presque que nous venons de quitter les bananiers et les superbes bougainvilliers des derniers kilomètres.

Et puis... ça grimpe ! Nous haletons sur une succession de terribles petites côtes à 10 % qui redescendent aussitôt (des côtes, donc, totalement inutiles, dirait Olivier!) et reprennent dans une sorte de supplice de Sisyphe... Le tout sous un soleil sans pitié, qui laissera ses marques sur nos joues brûlantes à la fin de la journée (crème solaire et sueur ne faisant décidément pas bon ménage). Mince, nous qui pensions que ce serait plat jusqu'à Si Satchanalaï, la prochaine ville... c'est raté ! Aujourd'hui, 102 km, pas loin de 1000 m de dénivelé... on ne va pas faire long feu, ce soir ! Heureusement que les fidèles petites cabanes de rizières nous attendent en fond de vallée. Si seulement ce monsieur qui ânonne des chants répétitifs (prière ? propagande politique ?) dans le haut-parleur du village voisin voulait bien se taire, et la soirée serait parfaite...

 


25 – 27 janvier : temples d'aujourd'hui et d'hier

 

Avec la Thaïlande, nous retrouvons aussi deux éléments absents des montagnes laotiennes : le premier, ce sont les multiples panneaux, pancartes et banderoles à la gloire du roi et de la reine, avec des photos choisies d'eux dans leur prime jeunesse, et des slogans exclamatifs : longue vie au roi ! Ici, on ne rigole pas avec la famille royale, vénérée par tous, et la moindre critique n'est pas seulement déplacée, mais punie d'amendes ou d'emprisonnement. Il faut dire que le roi actuel est extrêmement populaire, non pour des raisons politiques, mais pour ses multiples contacts avec le peuple et ses actions en faveur des plus démunis. En tout cas, aucun voyageur en Thaïlande ne peut ignorer le visage du roi, qui nous offre son sourire timide à chaque entrée de village !

Le second élément, ce sont les temples : ici, ils sont omniprésents et toujours richement décorés, ornés d'or et de rouge, même dans les villages les plus pauvres. Nous passons devant la plupart sans nous y arrêter, mais certains nous sont recommandés par les villageois : « Allez voir celui-ci, il y a un stupa avec des reliques de bouddha à l'intérieur ! ». Bon, il doit y avoir en Asie des milliers de ces temples-reliquaires (bouddha devait avoir un bon nombre de têtes et de membres! ici on a eu l'œil droit, des cheveux, ou un ongle), mais nous prenons tout de même le temps de faire quelques visites : on les aime bien, stupa ou pas stupa, avec leurs toits pointus et élancés, et leurs façades parées de mosaïques-miroirs et de peintures colorées de scènes de vie du dieu.

À l'intérieur, pas de bancs, mais une épaisse moquette rouge où l'on agenouille devant des statues dorées de bouddha ou de bonzes illustres. Les fidèles font brûler à leurs pieds des bâtons d'encens, ou y déposent des colliers d'œillets oranges et des boutons de lotus. Il y a aussi parfois d’étranges tentures longues et étroites, brodées de motifs géométriques, qui pendent du plafond : elles seraient utilisées par les morts qui peuvent s'y accrocher pour atteindre le ciel !

Certains temples jouent aussi sur la note du démesuré : nous tombons ainsi sur un temple gardé par une statue de bouddha couché d'au moins 40 mètres ! Avec son habit entièrement doré, ce beau bouddha aux traits fins presque féminins est vraiment impressionnant, comme le sont d'ailleurs les deux statues, dorées aussi, de «lions» debout qui gardent l'escalier principal. Le reste n'a pas grand intérêt, mais ce bouddha phénoménal nous a tout de même laissé béats.

Après un peu moins de 600 kilomètres de pédalage vers le sud, nous atteignons le site historique de Si-Satchanalaï. Ici, toujours des temples, mais plus anciens. Comme à Ayuttaya, on y trouve les vestiges de temples (khmers ?) datant du XIIIe siècle environ. L'ensemble est plus petit et peut-être moins majestueux qu'à Ayuttaya, mais le site vaut le détour, ne serait-ce que pour admirer la plus grande stupa, celle du Wat Chang Lom : sa base est défendue par rien moins que 39 énormes statues d'éléphant, qui n'ont malheureusement plus de trompe ni de défense. Comme pour les cathédrales françaises, nous tentons d'imaginer à quoi devait ressembler le site à l'époque, lorsque les temples étaient ornés de dorures et de peintures vives. Déjà que leurs seuls vestiges sont impressionnants...

Et en parlant d'impressionnant, à 60 kilomètres plus au sud s'érige un parc encore plus célèbre : celui de Sukhothaï . C'est le pendant de Si Satchanalaï, mais en beaucoup plus grand : dans un rayon de 5 km simplement pour cinq zones centrales, c'est une véritable petite cité qui regorge de temples anciens réellement somptueux.

Une des particularités des temples de Sukhothaï est la présence de grandes statues grises de bouddha, assis ou debout, dans les temples ou autour des stupas. Elles donnent à l'ensemble un caractère majestueux et... sacré, bien entendu. La plus grande dépasse les 15 m, et occupe entièrement le temple étroit et tout en hauteur qui la protège comme un écrin. On est donc obligés de lever la tête pour croiser le regard du dieu, et on ne peut que se sentir tout petit face à cette masse imposante... qui affiche toujours ce doux sourire énigmatique et mystérieux...
Ses ongles seuls sont plus larges que notre tête ! Nous passerons toute une journée à pédaler de temple en temple, prenant le temps d'admirer ces vieilles pierres qui conservent une réelle atmosphère de grandeur mystique.

Après un ravitaillement en Pad Thaï et clémentines, les deux éléments indispensables de notre régime thaïlandais, nous finissons par un petit tour des temples situés hors du mur d'enceinte de la vieille «cité ». Ils sont tout aussi beaux que les autres. Les sites sont toujours parfaitement aménagés, avec un gazon ras où ne traîne pas une feuille morte. On regretterait presque la jungle qui devait recouvrir les temples au début du siècle... Nous posons la tente au pied (ou presque) d'un vieux temple solitaire qui ne doit pas être beaucoup visité : chouette, ce soir, on dort avec les vieilles pierres ! Enfin, de loin seulement, car le retour des moustiques nous force à nous réfugier au plus vite sous la tente...

 


27 -31 janvier : Bangkok express, et naissance d'un trio

 

Avec toutes ces visites, nous avons pris un peu de retard dans notre planning : nous avons rendez-vous à Bangkok dans trois jours avec Florence, qui arrive de Paris avec son vélo. Pour accélérer le rythme, et comme nous n'avons aucune envie de renouveler le pénible pédalage en périphérie de Bangkok (voir carnets Thaïlande1), nous décidons de rejoindre la capitale en stop.
Et le stop, en Thaïlande, ça marche plutôt bien : il faut dire que 80 % des voitures qui passent (et il en passe) sont de beaux pick-up souvent tout neufs... et qu'à l'inverse de leurs voisins chinois, les Thaïlandais n'ont pas peur de prendre des passagers : profitons-en !

Trois sympathiques voitures et un jour plus tard, nous voici donc de retour à Bangkok. Le dernier conducteur, un jeune homme peu bavard mais terriblement serviable, a même changé pour nous son itinéraire et nous dépose juste devant l'ambassade du Laos où nous comptions nous rendre ensuite en vélo : l'idéal ! Nous mettons «en route» nos visas laotiens (seront cuits demain à 14 heures), puis retrouvons l'enfer du pédalage en ville, pour une bonne heure de stressants zigzags entre les voitures jusqu'à l'appartement de Ludovic, un bon ami de Florence qui vit à Bangkok et nous accueille pour quelques jours.

Ludo et son compagnon thaïlandais, Montri, habitent dans une rue animée du centre décorée d'un temple indien (Wat Kèèk, on dit), multicolore et plutôt gai. On fait donc la connaissance de nos hôtes qui sont, comme nous l'avait promis Florence, vraiment intéressants et sympathiques... et nous traitent comme des coqs en pâte! Piscine, vrai matelas, conversations interminables et joyeuses, et des petits gueuletons comme seuls savent en improviser des français expatriés : mmmhh, tes entrecôtes, Ludo, on s'en souviendra longtemps !

Florence, de son côté, devrait arriver dans la nuit : effectivement, au réveil, quelqu'un est endormi dans le canapé du salon...de beaux yeux en émergent... et voilà la Miss ! Toujours aussi jolie, toujours aussi dynamique même au réveil, elle n'a pas changé et nous sommes absolument ravis de la retrouver. Nous fêtons cela par un petit-dej aux tartines de Nutella en papotant sans interruption : ah, l'éternelle joie des retrouvailles...
Nous voilà donc temporairement trois chez Globicyclette ! Flo est nommée sur le champ « Globicyclette GuestStar », ne serait-ce que pour avoir eu le courage de tenter l'aventure avec nous. Enfin, on dit trois, mais en fait c'est à six que nous partons, puisque Philéas et Heïdi font aussi connaissance avec La Flèche d'Argent, le vélo citadin de Flo.

Inutile de dire qu'ils sont verts de jalousie devant les deux minuscules sacoches de la petite nouvelle, qui voyage léger : à chacun son fardeau, les enfants ! et c'est même faux, car Flo par la suite nous prendra même quelques affaires pour accélérer notre pédalage. Vivent les GuestStars ! Au programme de notre « trio » : le Cambodge, le sud du Laos, et le Vietnam, avec une coupure de deux semaines entre ces deux derniers, où Florence nous laissera pédaler vers le Vietnam pour aller passer quelques jours en compagnie de Ludo.

Pour le moment en tout cas, nous commençons par Bangkok, que nous partons sillonner en touristes, mais aussi pour y régler une kyrielle de soucis administratifs : visas, billets d'avion pour les Philippines et l'Australie, bricolage des vélos et achat de pièces de rechange, internet, et on en passe. Mais quand on retrouve Florence à la fin de ces tâches désagréables, elle a une surprise pour nous : c'est l'heure d'un massage thaïlandais aux huiles !

Non non, cette fois-ci, pas d'étirement, promet-on à Olivier avant qu'il ne prenne la fuite. Et il faut avouer que c'est absolument délicieux : une heure entre les mains douces et expertes d'une masseuse thaïlandaise, nous le recommanderions à tous ! Nous en sortons tout légers, fleurant bon les huiles essentielles, mais aussi fins prêts pour entamer une bonne nuit de sommeil...


1er -2 février : En route à trois vers le Cambodge (et vivent les bonzes)

 

Ce matin, ça y est, c'est le grand départ, et cette fois-ci nous sommes trois ! Ça fait tout drôle de pédaler à côté du grand vélo droit de Flo : comment ça, nous, des rase-moquette ?? espèce de tour de contrôle, va !
Première mission : quitter la ville. Un pédalage sans aucun attrait pour changer, où nous inhalons les gaz d'échappement au milieu des bruits assourdissant des moteurs... C'est que c'est grand, vraiment grand, Bangkok! Nous mettrons la journée à en « sortir », du moins à retrouver nos premières rizières. Ah, du vert, enfin !

Seconde mission : trouver un coin où dormir. Alors que le soleil se couche, nous avisons un temple particulièrement décoré et fleuri : peut-être pourrions-nous demander l'hospitalité aux moines ? Ce n'est pas la première fois qu'on nous le conseille... allez, osons ! Les moines semblent d'abord interloqués, mais finissent par accepter et nous amènent devant leur « chef », un bonze probablement important si l'on en juge par le respect qu'ils lui témoignent. Ce dernier nous considère d'un œil aussi bienveillant qu'amusé, et après quelques traductions par une gentille dame de passage, il semblerait que l'on nous ait adoptés. Les moines nous conduisent dans une salle vide immense (salle de conférences ?) où ils déroulent une grande natte : voici notre chambre ! Avec les toilettes pas loin, des coussins apportés en masse, ils sont aux petits soins pour nous.

D'ailleurs, la générosité des moines ne s'arrête pas là : alors que nous dînons dans « nos appartements », les voilà qui reviennent nous voir... avec des sacs plastiques remplis de nourriture issue de leurs dernières offrandes : pommes, sandwiches, riz, coca, eau minérale, et même... des hamburgers ! (du magasin Seven Eleven voisin). Vu que nous venons déjà d'engloutir un poulet entier, nos estomacs finissent bien remplis. Malheureusement, celui d'Amanda n'a pas avalé que des bonnes choses... et une gastro fulgurante va commencer son attaque au milieu de la nuit, qui la laissera en piteux état au réveil... Mais bon, malgré tout, vivent les moines !

Pour le second jour de pédalage à trois, nous ne sommes plus que deux et demi : Amanda, après son agonie de la nuit, n'a plus vraiment figure humaine, et assistera, blafarde et impuissante, à l'emballage des sacoches par ses deux co-pédaleurs. Après conciliabule, les deux survivants décident de rejoindre la frontière en stop : de toutes façons, la route n'a aucun charme par ici, autant profiter plus longtemps du Cambodge !

Et comme la dernière fois, le stop fonctionne très bien : nous voici bientôt tous les six (ben oui, trois vélos !) dans un pick-up, puis un autre, dont l'adorable occupante nous amènera jusqu'à la frontière alors même que cela lui occasionne un détour de 40 km !

Cette fois-ci, nous faisons pour de bon nos adieux à la Thaïlande. Au-revoir, pays du sourire, nous garderons le souvenir de la brume magique de tes rizières, de tes temples dorés et tes moines drapés oranges, de ces petits délices trouvés partout pour trois fois rien, et surtout, de la gentillesse de tes habitants !

 


Le
s petits détails du quotidien... 

 

Mangeons gaiement...

La nourriture des bords de route est toujours aussi délicieuse et bon marché : peut-être la meilleure de tout notre voyage ! Pad Thai, riz frit aux légumes, soupes de nouilles, fruits à gogo, cafés frappés, nous en avons oublié notre réchaud qui prend la poussière au fond de nos sacoches !
Nous nous arrêtons donc quotidiennement dans ces minuscules gargotes omniprésentes où nous déjeunons ou achetons notre repas du soir à emporter. Parfois aussi nous tombons sur des marchés où nous nous approvisionnons en petits délices : mini-brochettes (d'origine inconnue mai toujours bien cuites), beignets de banane, crêpes thaïlandaises (plus fines, plus petites, et fourrées d'un mélange de poudre sucrée rose et de lait concentré sucré), et même... des pâtisseries ! mini brioches, sablés, madeleines, et une espèce de brownie aux cacahuètes absolument fabuleux....
Nous découvrons aussi la barbe à papa locale, vendue sur des tables au bord de la route : de longs fils sucrés rassemblés en écheveaux aux couleurs criardes (vert acidulé, rose fuschia, jaune vif) que le vendeur déchire et met dans un petit sac de papier. Ca se mange dans des espèces de crêpes très fines, un peu comme des feuilles de brick rondes, qu'il faut fourrer de ces cheveux d'ange avant de les engloutir
Pour finir, il y a tout de même, comme dans tous les pays, quelques spécialités dont on s'est passés : un matin, à l'entrée de Si Satchanalaï, on s'offre un petit déjeuner chez la marchande de beignets (hmm, les beignets de bananes !), tout en observant son... fils ? s'affairer autour d'un petit feu. Mais... qu'est-il donc en train de cuire dans les braises ? oh ! ce sont... des rats ! trois gros rats qu'il a capturés cette nuit, et il en est tout fier. Après l'avoir regardé peler les bestioles à mains nues, Amanda renonce à son dernier beignet...

Les moments galère

Il y en a eu bien peu finalement ! Notons juste :

  • Le pédalage dans le trafic de Bangkok
  • Le retour des moustiques et de la chaleur (on venait juste de finir par s'acclimateur à la fraîcheur des montagnes, zut !)
  • On ne s'y est pas étendus dans ces carnets, mais nous avons perdu beaucoup, beaucoup de temps à rechercher des billets d'avion abordables pour la suite de notre tour du monde. Au menu du casse-tête : Hanoi-Manille-Australie-Madagascar-Iran. Non, on confirme, les vols directs n'existent pas ! Des heures et des heures perdues sur internet ou à téléphoner avec skype aux compagnies aériennes du monde entier...et toujours pas de solution !

Les meilleurs moments

A part les fruits, les Pad Thai et les cafés frappés du bord des routes, on n'oubliera pas :

  • les bivouacs dans les cabanes de rizières
  • les beaux temples de Sukkhotai et Si Satchanalai
  • filer à 20 km/h de moyenne sur des belles routes toutes plates et faire, enfin, des journées de 100 km : parfois ça fait du bien de voir la route défiler !
  • les retrouvailles avec Flo
  • les soirées passées avec Ludo et Montri
  • et surtout la gentillesse des Thaïlandais, notamment des moines et de ceux qui nous ont pris en stop. Ce n'est pas le pays du sourire pour rien !