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Amis
voyageurs, bonjour !
Quoi de neuf
après les steppes et montagnes mongoles, les thés
salés sous la yourte et les courses de chevaux ? Eh bien,
il est temps à présent de regagner des contrées
peut-être moins exotiques, mais tout aussi fascinantes. Nous
voici aux portes du plus grand pays du monde, et même si
nous n'avons que 10 jours pour le découvrir, nous avons
bien l'intention d'en ramener quelques souvenirs... Bienvenue...
en Russie ! Ou, plus précisément, en Sibérie
du sud : eh oui, vous allez découvrir avec nous que
la Sibérie, ce n'est pas que la toundra glacée et
les troupeaux de rennes ! surtout en plein mois d'août...
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31 juillet : c'est la course !
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On ne répétera
jamais assez cette vérité paradoxale du cyclo-nomade
: ce n'est pas parce que nous avons deux ans pour voyager que le
temps ne presse pas... Si si !
Et une fois de plus, nous voilà forcés de nous hâter plus
que prévu pour respecter notre planning. Souvenez-vous, la fin de nos
aventures mongoles était marquée par le sceau amer des attentes
douanières. Presque une semaine de perdue à la frontière
pour d'agaçants problèmes de visas... et nous voilà en retard
! C'est que, cette fois, nous avons un, et même deux, rendez-vous immanquables.
Le premier, c'est l'éclipse totale de soleil du 1er août, dont la
bande de totalité se situe tout près, à quelques centaines
de kilomètres de la frontière (avouons-le, nous avions calculé spécialement
notre itinéraire pour ne pas rater ce phénomène rarissime...).
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Le second, c'est bien
sûr notre ami Krys, qui profite lui aussi d'un voyage «spécial éclipse» pour
venir nous rencontrer sur place.
Il y a un peu plus de
deux ans, en 2006, nous nous étions séparés
sur ces termes : «Rendez-vous à Byisk, Sibérie
Australe, le 31 juillet 2008 à 19h, sur le parvis
de l'église!» (on s'était dit qu'il
y aurait sûrement
une église à Byisk !).
Hmm... sauf que là, nous voici
au matin du 31 juillet, et même si
nous avons enfin franchi la frontière russe, nous sommes encore à presque
800 km de Byisk: aïe ! Nos réacteurs de vélo n'étant
pas encore tout à fait au point, il va nous falloir faire le trajet à moteur... |
Heureusement, nos anges gardiens n'étant
jamais à cours de ressources,
la solution se tient devant nos yeux au réveil, sous la forme d'un bus
vide qui rentre au Kazakhstan pour un contrôle technique. Çà ne
pouvait pas mieux tomber! Un sourire d'Amanda et quelques mimes plus tard,
nous voilà passagers
de deux chauffeurs très sympas qui sont ravis de nous donner un coup
de pouce: «En revanche, on ne va que jusqu'à Tcherga, à 300
km de Byisk: ça va quand même? Après, on bifurque vers
le Kazakhstan». Bien sûr, que ça nous va: nous n'aurons
qu'à faire du stop pour la fin du trajet.
C'est donc par la vitre d'un bus que nous découvrons notre 12ème
pays: dur dur, pour des pédaleurs! D'autant
que nous traversons actuellement l'une des plus jolies régions de Sibérie
du Sud: l'Altaï,
dont les vertes montagnes rivalisent avec les plus beaux coins
des Alpes. Le tout, en descente, et sur une route au bitume impeccable: raaaaah,
quelle frustration! Nous aurions passé quelques
jours fabuleux à descendre cette immense vallée à vélo,
entre les sapins nichés dans les creux, les cascades incomptables,
les sommets enneigés et les ruisseaux chantants... Et nous
regardons tristement défiler les bivouacs de rêve
sur herbe fleurie, tandis que le bus descend, descend, filant de
toute
sa puissance de bruyante machine loin de ces paysages de paradis...
Soupir...
Mais quelque part, le bus ne va pas encore
assez vite pour nous: et Krys qui attend! arriverons-nous à rallier
Byisk ce soir? pas avant minuit au mieux, si l'on compte tous les
kilomètres
qui nous séparent encore...
Après le bus, nous parvenons à dégoter
sans problème un camion pour Gorno-Altay, une grosse ville à 100
km de Byisk. Mais arrivés là, la chance nous lâche:
la jubilation de se savoir à moins de 100 km de Krys fait
peu a peu place à la déception de ne pas parvenir à trouver
de transport: il commence à faire sombre, et les voitures,
quoique nombreuses, n'osent plus s'arrêter pour nous. Damned!
si près du but!
Pendant qu'Amanda s'obstine à lever
le bras, un jeune homme grassouillet vient discuter avec Olivier.
Après avoir compris notre projet, il secoue la tête
: c'est fichu pour ce soir, explique-t-il par signe et dans un anglais
primitif, les voitures ne s'arrêtent pas de nuit. Mais si vous
voulez, venez passer la nuit chez moi, c'est à deux pas et
demain matin, je peux moi-même vous conduire à Byisk!
Cette solution nous semble la meilleure,
et après avoir
prévenu Krys par sms, nous suivons notre nouvel hôte
jusqu'à sa petite maison. Ce dernier semble ravi de
nous avoir chez lui, et s'active à nous mettre à l'aise:
thé, petits gâteaux, il nous propose même
d'essayer son « sauna » de jardin: une petite
cabane remplie de vapeur qui n'attend que nous! Il a beau être
tard, la perspective d'un décrassage à l'eau
chaude, oubliée depuis Ulaan Baator, nous ravit, et
nous voici bientôt tout propres... et cuits à point.
Ah que c'est bon !
Mais à notre retour du « bain »,
notre hôte, Michael,
a une attitude étrange, à la fois fuyante et fébrile
: «Finalement,
vous ne pouvez pas rester, je vous ai appelé un taxi», annonce-t'il.
Hein
? un taxi ? que se passe-t'il donc ? Tout cela nous semble bien louche...
Amanda vérifie immédiatement
les sacoches, et nos soupçons
se confirment: il manque 3000 roubles (90 euros) dans notre portefeuille!
Nous faisons et refaisons les comptes: pas d'erreur possible, au
voleur!
Mais que
faire ? c'est que nous ne sommes pas véritablement les rois de la
confrontation... « Qu'est-ce
qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on lui dit, vas-y toi, dis-lui,
non
toi, non toi, mais je dis quoi???? ».
Sur ces entrefaites, le taxi
arrive, et après un moment flou d'hésitation, Olivier
part lui expliquer le problème pendant qu'Amanda se lance
dans le rôle
d'accusatrice... Pas facile, de traiter son hôte de voleur
dans une langue que l'on ne parle pas... D'autant que devant ses
mimes de sacoche
ouverte, Michael prend bien entendu
un air offusqué: « Je n'ai rien pris! ». L'image
même
de la dignité offensée... Tenons bon !
Olivier revient à l'aide: « J'ai
tout expliqué au chauffeur du taxi, il
a appelé la
police». Le mot provoque une transformation immédiate
de notre innocent, qui blêmit et arbore alors l'attitude
d'un animal traqué.
Fébrile, il tente de nous mettre dehors manu militari,
mais les vélos
sont bien trop lourds pour ce gros lard. Il essaie alors de parlementer,
d'abord avec Olivier: « Tiens, voici 2000 roubles, ne
dis rien à la
police, partez maintenant! ». « Ah non, tu as pris
3000, rends-moi 3000! ». « Mais je n'ai rien pris
! ».
Il s'adresse à présent à Amanda,
changeant de stratégie : avec la fille, essayons la
pitié:
là il
gémit, supplie, puis se met carrément à genoux.
Mais « la
fille » reste tout aussi intraitable. Désespéré,
le voleur décide alors carrément de déserter
les lieux... mais à un
mètre du portail, le fuyard se heurte, au sens propre
comme au figuré...
au bras musclé de la force publique: un policier, qui
l'arrête
net: « eh tu vas où comme ça ! ».
Ouf, quel timing! On se croirait dans un film! Six policiers
débarquent alors dans
le jardin. Étonnamment, pas un n'est habillé pareil
: civil, militaire, gendarmerie, police, inspecteur ? peu importe,
tant qu'ils prennent
l'affaire
en main...
Mais il faudra passer une bonne heure
en palabres interminables avant de se faire donner raison, moyennant
une bonne dizaine de petits dessins et autant de sessions de mimes:
la police non plus ne parle pas anglais! Et notre hôte joue
toujours l'innocence calomniée, avec, avouons-le, un art tout
de même très moyen.
Heureusement, notre chauffeur
de taxi a un coeur d'or et patientera avec le sourire,
alors qu'il est
près de deux heures du matin! Une fois nos roubles enfin
de retour dans nos sacoches, nous ne nous attardons pas, et laissons
notre larron s'expliquer tout seul avec la police: fuyons de cet
endroit lugubre! Notre chauffeur, toujours aussi exceptionnel,
a réussi à faire tenir nos deux vélos, plus
BOB, la remorque, ficelés dans son coffre ouvert: heureusement
que les routes russes ont du bon asphalte, l'ensemble n'aurait
pas résisté à un nid de poule... Nous n'avions
d'ailleurs même pas pensé à la solution du
taxi pour rejoindre Byisk à temps!
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Et
enfin, enfin, nous quittons Gorno-Altay pour rejoindre au plus
vite Byisk, et surtout Krys que nous venons
de prévenir de notre arrivée... matinale. Car
avec tout ça, il est déjà quatre heures
du matin quand «gentil chauffeur» nous dépose
devant l'hôtel de notre ami... Et le voilà! Sa
silhouette familière se découpe sur le perron...
alors soudain, tout va mieux. Çà y est ! Nous
y sommes, nous y sommes à temps, nous avons réussi!
Après
toutes ces journées d'attente frustrée, de SMS
stressés, de voyage affreusement motorisé, la
course contre la montre, entamée il y a presque quinze
jours dans les steppes mongoles, vient enfin de se terminer:
oouufff... |
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1-2 août : retrouvailles et soleil
(presque) noir
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Bien entendu, il est hors de question d'aller
se coucher : nous n'avions pas vu Krys depuis presque trois ans,
et nous avons bien trop à nous
raconter. Lui n'a pas changé d'un chouïa, avec son sourire
grand comme ça, ses yeux bleus qui pétillent, et sa
voix douce qui à elle toute seule rend le monde plus agréable...
Et les surprises ne sont pas finies: le voilà qui déballe
tout un sac qui contenait les effets envoyés par les parents
d'Olivier, et qu'il a convoyés jusqu'ici; comme avec Raph à Ushuaia,
c'est Noël de nouveau!
Des outils, une nouvelle dynamo, des moyeux,
des câbles, mais aussi... des friandises bien sûr! du
chocolat! des bonbons! des biscuits fins! sans compter des lettres
et CD de nos familles... Merci, Krys-le-facteur,
tout ce vient de la maison a une valeur bien supérieure à sa
valeur propre...
Tout en déballant ces nouveaux trésors, nous ne cessons
de parler,
de s'interrompre, de rire : nous ne le répéterons pas assez, l'amitié,
de réelles conversations avec ceux que l'on aime et qui nous connaissent,
sont autant d'éléments qui manquent douloureusement à notre
voyage... Et que l'on retrouve alors avec bonheur!
Mais la présence de notre ami n'est pas le seul élément
qui nous tient encore éveillés, malgré la nuit blanche dont
nous sortons, nous sommes aussi excités par l'imminence de l'éclipse...
avec une pointe d'anxiété: le ciel n'est pas au beau fixe, pourrons-nous
admirer correctement le phénomène ?
En
attendant l'heure fatidique, nous jouons les touristes dans
la petite ville, qui ne vaut pas
vraiment le détour malgré quelques jolis vieux
bâtiments en bois peint, de style presque colonial. L'ensemble
cependant dégage une vague impression de mise à l'abandon:
la ville semble avoir décliné depuis la fin de
l'ère soviétique...
Nous sommes cependant complètement dépaysés:
en quelques heures, nous sommes passés d'un village
mongol avec des yaks dans les rues et sans eau courante (la
routine, quoi!) à une ville «moderne» totalement
occidentalisée, remplie de grands blonds aux yeux clairs, avec supermarchés
et les distributeurs de billets à tous les coins de rue. |
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Nous voici, en un clin d'oeil,
de retour à la «civilisation» que l'on connaît.
En fait, c'est plus la proximité géographique de ces
deux mondes si différents qui choquent nos esprits européens,
pour qui les frontières ne sont que des limites abstraites.
Une heure avant l'éclipse, nos craintes
se confirment: le ciel est de plus en plus gris, et le soleil a
disparu derrière
d'épais nuages: alerte! Nous décidons illico de sauter
dans un taxi pour faire la course avec ce petit coin de ciel bleu en
train de disparaître à l'horizon: plus vite! Mais le
temps presse et à environ 50 km du centre-ville, nous nous arrêtons
au bord de la route pour ne rien rater. Ouf, il y a un peu plus de
ciel bleu!
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Amanda,
qui n'avait jamais vu d'éclipse, est déjà aux
anges de pouvoir observer le croissant doré qu'est devenu
le disque solaire: vive les lunettes à éclipse
! Mais alors que celui-ci s'affine de plus en plus, Krys et
Olivier froncent
les sourcils : qu'est-ce que c'est que ce gros nuage qui s'amène
juste au mauvais endroit? oooh... nooooon !!!! |
Pile
au moment crucial, le soleil éclipsé dans
sa totalité disparaît derrière des brumes grises.
Zut! Quoique... Les mouvements du nuage dévoilent par instants
le soleil noir: çà y est, le voici! La trouée
ne dure que quelques secondes, mais assez pour que Krys capture
l'astre sur son appareil photo.
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Pendant
ce temps, Amanda s'émerveille: la nuit est tombée en quelques secondes,
et la nature, subitement, s'est tue. Même les insectes
ont cessé leurs
crissements. Et l'horizon, dans toutes les directions, a pris
une teinte de coucher de soleil. Tout dégage une impression
magique de fin du monde... |
Mais soudain,
c'est déjà fini. Les couleurs réapparaissent,
le chant des premiers oiseaux vient troubler le silence, et le disque
noir,
happé par les nuages, redevient éblouissant...
Et
voilà! Déjà...
Malgré la légère
déception causée par cette éclipse
trop nuageuse, nous sommes ravis d'avoir pu l'admirer tous ensemble,
et profiterons encore une journée de la présence de
Krys. Mais très vite,
l'heure des au-revoirs sonne, et nous nous retrouvons soudain bien seuls,
avec ce sentiment d'inachevé qui solde toutes les séparations
de ce voyage... Heureusement que nous pourrons garder contact par
sms: nous qui dénigrions
fièrement les téléphone portables, finalement on
devient «accros» à ces
petits messages qui transmettent l'affection d'un bout à l'autre
du monde!
Mais l'heure n'est plus à la nostalgie: allez, il est grand temps
de remonter sur nos bécanes pour aller goûter un peu à l'air
des campagnes russes !
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3 – 9 août : les joies
d'un pédalage estival
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Dès les premiers coups de pédale à la
sortie de Byisk, nous découvrons le plaisir facile du
pédalage
en Russie: de l'asphalte! du soleil! des routes plates. Nous
nous sentons véritablement en vacances. D'autant que l'ambiance
estivale est, elle aussi, à la détente. Ici aussi,
c'est les grandes vacances, et dans ce pays plus riche, elles ont
la même signification que chez nous: soleil, baignade et
farniente! Nous nous attendons presque à entendre chanter
les cigales alors que nous longeons une paisible rivière,
d'où nous parviennent les cris et les rires des enfants
qui jouent dans l'eau.
Sous
le ciel bleu, l'air estival nous offre les 20-25°C parfaits pour le
pédalage. Nous avançons entre des champs de
tournesols ou de blé, saluant parfois au passage le
ballet des moissonneuses-batteuses: c'est le temps des récoltes!
Nous pensions à l'origine rejoindre le Kazakhstan
en stop, car les routes russes, plates et à travers
champs, nous semblaient sans grand intérêt.
Mais nous avions oublié le plaisir simple d'avaler
sans effort les kilomètres, et nous nous laissons
griser par la douceur de ce pédalage facile en atmosphère
estivale. |
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Pour un peu nous nous croirions
de retour en France, quelque part sur ces petites départementales
de campagne. C'était finalement juste ce qu'il fallait à nos âmes
peut-être un peu lasses de trop d'exotisme...
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Seule
la marque des voitures qui nous doublent nous rappelle
que nous pédalons en contrée
ex-soviétique: les moteurs ont remplacé les
chevaux mongols, soit, mais le pays est resté à l'ère
des Lada d'époque! Ces voitures carrées, boîtes à savon
increvables, sont quasiment les seules que nous croisons
sur les routes: uniformité issue du communisme... |
Malgré nos détours volontaires
par les petites routes, avec notre bon rythme de pédalage
(ah, l'asphalte, c'est si...facile !) nous arrivons bientôt à la
petite ville d'Aleisk, à 300 km de la frontière
kazaque. C'est le moment d'aller faire un tour sur Internet!
Internet que nous
mettrons d'ailleurs un certain temps à trouver: la Russie
(dans ce coin du moins!), c'est moderne, mais d'un modernisme
des années 80. La cyber-révolution n'est pas encore
passée par là! On finit tout de même par trouver
notre bonheur à côté de la poste: ben oui,
les télécoms, il fallait y penser!
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Nous
y découvrons un petit
local muni de deux écrans et d'un unique terminal,
surveillés par la jeune et charmante Svetlana. Deux
nattes blondes, une petite robe rose et légère,
et des jambes de top model: c'est ça, aussi, la Russie
! Mais Svetlana ne sera pas la seule
amie que nous nous ferons dans cette petite ville accueillante:
après un petit groupe de journalistes admiratifs, qui
nous offriront un poster et des pin's de la gazette locale, nous
nous lions d'amitié avec une demi-douzaine de garçons
en vacances qui ont décidé de nous guider partout
dans la ville avec leurs vélos. |
Nous
voici donc munis d'une joyeuse escorte! Ils sont remarquablement
polis et enthousiastes, et baragouinent même quelques mots
d'anglais, ce qui est largement plus que la majorité des
adultes rencontrés par ici. A notre départ, les deux
plus débrouillards proposent de nous accompagner sur quelques
kilomètres: avec joie.
Ces
petits sportifs en feront 24 avec nous, soit un aller-retour
de 48 kilomètres
dans l'après-midi! Ils repartiront avec une de nos
casquettes en cadeau, un petit goûter, et une nouvelle
devise qu'ils nous énoncent fièrement : «Vodka,
niet, cigarette, niet, sport, da ! ». Vive la jeunesse
russe! |
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Après trente ans, toutefois,
il semble que le tableau soit moins reluisant, du moins si l'on
se fie à l'échantillon
local, en la personne de Nikolaï, un doux-dingue à la
grande barbe grise qui nous a suivis lui aussi, sur un vélo
du siècle dernier. Alors que nous le persuadons doucement
qu'il ne pourra pas nous suivre jusqu'au Kazakhstan, il semble
très inquiet pour nous: les ennemis rôdent, nous dit-il
en russe agrémenté de force mimiques dramatiques.
Ah bon Oui, ils sont là, regarde: ce sont les corbeaux!
attention aux corbeaux! (ça c'est bien vrai, ces satanées
bestioles nous on réveillés à 6h ce matin,
avec leurs croassements vulgaires!), aux corbeaux... et aux extra-terrestres,
ajoute-t'il. Car le monde est menacé par des envahisseurs
de l'espace reconnaissables à leurs canines pointues, leurs
yeux rouges, et leur amour du rock'n'roll, cette musique satanique...
Il a d'ailleurs un cadeau pour Amanda: des gousses d'ail (de
toute évidence arrachées dans un jardin voisin)
qui nous protégerons des forces du mal... On garde...
Les forces du mal, on sait pas, mais pour la sauce tomate du
soir, définitivement
!
Une fois l'ail protecteur accepté,
on le quitte avant qu'il ne songe à remonter sur son vélo
pour nous suivre: merci quand même Nikolaï, on fera
attention aux corbeaux!
Et nous voilà repartis sur ces belles routes si droites
de la Sibérie
du sud... Le pédalage est si reposant que l'on parvient même à tester
la «lecture roulante»: une main pour le guidon, l'autre pour tenir
le livre, et voilà Amanda qui raconte à Olivier la dernière
nouvelle de son bouquin: ah, combiner deux plaisirs aussi distincts, quel bonheur!
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Le soir,
nous posons notre tente au milieu des champs tout juste
moissonnés, et le
salut des oiseaux dans les incroyables couleurs liquides
du couchant, nous fait presque oublier notre rhume des
foins... |
Les rencontres en chemin, toujours
gaies et enthousiastes, sont à l'image
de cette atmosphère vacancière qui nous suit depuis Byisk. Bon,
la joie débridée de certains passagers des Ladas qui nous klaxonnent
doit peut-être plus à la vodka qu'au chaud soleil estival, mais
on apprécie quand même. Et le bonheur de Xema, ce chauffeur de
camion croisé près de la frontière, ne doit rien à l'alcool:
son premier fils est né hier, et il est en route vers la maternité!
Ces joies-là sont internationales...
Il
offrira à Olivier
un étrange
cadeau, qu'il lui remet pendant qu'Amanda ajuste ses sacoches,
avec un air de conspirateur: « ce sont des racines à faire
bouillir dans de l'eau... mais il ne faut pas trop en mettre!
et encore moins pour ta femme. Ces racines, c'est bien: ça
rend «fort» ! » (Rappelons là encore
que Xéma ne parle que russe...). Ben ça...
des racines... qui rendent «fort»: on a nous
en avait jamais offert! Il faudra tester... , on vous racontera! |
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Mais nous voilà déjà à la frontière kazaque:
ouh là, c'est qu'il y a du monde par ici! Nous ne sommes plus en Mongolie...
Nous croisons notamment un grand nombre de voitures hétéroclites,
mais toutes décorées de multiples autocollants dont celui, commun,
du « Mongol Rallye ». Les occupants d'une Kangoo(!!!) espagnole nous
expliquent: il s'agit d'un projet un peu fou réunissant tous les pays
d'Europe, avec pour but, de financer des associations d'aide à l'enfance à Oulan-Bator.
Le principe: parcourir l'Europe et l'Asie dans son propre véhicule, si
possible déglingué et original, pour terminer la course à Oulan-Bator,
où le véhicule sera revendu (ou ce qu'il en reste !) au profit
de l'association. Retour, bien sûr,... par avion! Nous restons dubitatifs
quant à à la survie de la Kangoo sur les pistes mongoles, mais
lorsque nous croisons... une limousine! (! des Irlandais cette fois), nous ne
doutons plus de rien! En tout cas, l'ambiance à l'air vraiment bonne,
et nous espérons que tous parviendront (un jour ou l'autre...) à destination!
Nous croisons aussi un français
en moto, et son amie japonaise: eux voyagent depuis des années,
et, à en croire les drapeaux-écussons
qui ornent leurs sacoches, ils totalisent une sacrée quantité de
pays à leur actif! Serions-nous donc que de simples... «débutants»?
bon, en moto, c'est quand même plus facile, d'abord... quoique, le
passage des frontières reste meilleur sans moteur! Ils seront en
effet retardés
de longues heures au poste frontière, et nous ne les verrons passer
devant nous que tard dans la soirée...
Nous, en tout cas, rattrapons les aléas mongols par un passage rapide
et ultra efficace, des deux côtés. D'ailleurs, côté kazakh,
nous sommes accueillis par le grand sourire d'un douanier jovial à l'immense
casquette, sourire qui sera aussi sur les lèvres de la «tamponneuse» et
du «douanier de sortie» : ça commence bien!
Dans le soleil couchant, nous faisons donc nos adieux à la Russie, que
nous avons à peine eu le temps de connaître... pour nous plonger
dans les immensités planes de ce nouveau pays : à nous, le Kazakhstan!
Rendez-vous pour la suite...dans les prochains carnets!
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Les
petits détails du quotidien...
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Une fois n'est pas coutume, cette
rubrique restera bien courte: non que la gastronomie russe
soit à ce point
inexistante, mais disons plutôt que les quelques jours
passés dans ce pays ne nous ont guère permis
d'échantillonner autre chose que nos pâtes du
soir.
Citons tout de même le pain rond, moelleux et tendre, assez proche des
nans des restaurants indiens, et qui nous change des pavés secs et plutôt
insipides de Mongolie. Il y a aussi le « bortsh », une soupe épaisse à base
de betteraves, pas mauvaise, mais peu appropriée aux temps cléments
de cette fin de juillet !
Mais nous vous entendons déjà vous impatienter : et, et... les
racines qui rendent fort, alors??? Eh bien... nous avons testé, avec précaution
et parcimonie au début, plus généreusement par la suite,
et nous avons le regret de vous annoncer qu'elles n'ont eu absolument aucun effet
sur notre métabolisme (commentaires grivois s'abstenir)! En revanche,
elles donnent une superbe infusion rose au goût sucré et délicat,
dont nous raffolons à présent : merci Xéma !
- La descente de l'Altay en bus
: nos dents ont grincé maintes
fois à la vue de ce véritable paradis des vélos...
vélos que nous avions remisé en soute !!! raahhhhhhhh.....
- Le vol de nos 3000 roubles par « Gros Lard » et la
nuit blanche qui a suivi
- Le départ trop précoce de notre ami Krys
- heu... ben c'est tout !
- Le passage de la frontière Russe, signant la fin des
galères avec les douanes mongoles
- Les retrouvailles avec Krys et
les conversations à bâton
rompu qui ont suivi
- L'éclipse, bien sûr
!
- Le pédalage si facile dans la campagne estivale
- Les couchers et levers de soleil
chaque jour, si paisibles au milieu des champs habités d'oiseaux
- Les rencontres : Olga à l'agence de voyage de Byisk, Svetlana
la belle étudiante d'Aleisk, Vova et Rouama, les deux garçons
pédaleurs d'Aleisk, Xéma le chauffeur aux racines
magiques,... que de sourires croisés chaque jour !
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Nous n'avons finalement
fait que traverser un minuscule tronçon de ce pays immense,
et ne pouvons donc oser prétendre « avoir vu la Russie ».
Mais la douceur de vivre que nous y avons trouvé, les sourires
rencontrés, nous donneront envie, un jour, d'aller visiter
plus amplement ce joli coin du monde : à bientôt,
la Russie, on reviendra !
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