Globicyclette
en Patagonie
(No english version yet) |
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Zigzags entre
Chili et Argentine
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Bon… le Pérou, fait. Le Chili, fait. La Bolivie, idem.
L’Argentine, itou. Mais, qu’est-ce qu’il reste, au
sud de l’Amérique du Sud ?
Amis voyageurs, Globicyclette, pour vous offrir de nouveaux carnets
de voyage, vous invente aujourd’hui un nouveau pays : bienvenue
avec nous en Patagonie !
Expliquons-nous : de février à mars, vos voyageurs à deux
plus deux roues ont passé leur temps à franchir la
frontière, de l’Argentine
au Chili, du Chili à l’Argentine, au grand dam de
leurs familles qui ne s’y retrouvaient plus : « mais….
vous avez encore changé de pays ? vous êtes où,
alors ? ». Les seuls éléments invariables
sont
leur descente, toujours plus au sud, et la région, commune
aux deux pays rivaux : la Patagonie !
Alors voici le récit
de nos aventures patagoniennes ; vers le sud, toutes !
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23 janvier au 5 février : l’Aventure sur la Carretera Austral
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La Carretera
Austral, c’est le passage obligé pour tout
cycliste aventurier qui veut pédaler en Patagonie.
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Une
longue route, essentiellement de la piste, qui serpente,
solitaire, le long du sud chilien,
dans des régions encore sauvages que la Carretera,
seule, relie au reste du pays. Et nous y voilà, fraichement
débarqués
d’Argentine ! Bon, en préparant notre itinéraire,
on s’était dit : chouette, c’est la toute
fin des Andes, ça ne dépasse jamais
les 1500m, ça va être facile, après
nos aventures boliviennes ! ça devrait être
bien plus plat… Plat ??? plat !!? |
Après
moins de deux kilomètres de pédalage essoufflé,
on réalise
l’étendue (non plate) de notre erreur. Nous allons avoir
droit aux pires côtes de notre voyage, Haut Atlas et Andes
boliviennes inclues ! (posons un voile discret sur notre mésaventure
de la Laguna Khara…). Nos compteurs affichent chaque jour plus
de 1000m de dénivelé positif, et pourtant l’altitude
reste sensiblement la même. C’est que la « Carretera »,
c’est en fait une succession de terribles montées et
délicieuses
descentes…
Mais
s’il y a une
chose que nous commençons à comprendre, c’est
que montées + descentes = paysages vallonnés =
très beau ! Et là… la preuve est faite parce
que c’est vraiment magnifique. Pendant deux semaines,
nous allons évoluer sous un grand ciel bleu (ou presque),
entre des forêts de pins, de sapins, des lacs bleu nuit ou
bleu turquoise, des petites rivières chantantes, et des sommets
couverts de neiges éternelles… Vive la Carretera Austral
! |
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Enfin, nous regrettons
quand même amèrement l'asphalte
laissé derrière nous : que de caillasse ! et qu'elles
sont raides, les montées, par ici ! Parfois, nous devons
pousser à deux
chaque vélo, sur plusieurs centaines de mètres.
Alors que nous faisons notre pause-déjeuner, bien méritée,
au sommet d'une de ces redoutables côtes, on voit arriver
deux cyclistes qui poussent leurs vélos...Aaaah, on se
sent moins seul dans la galère ! (d'autant que nous, on
a réussi à monter
sans descendre de nos vélos). Mais ils ont gardé le
sourire et nous engageons tout de suite une conversation à bâtons
rompus. Johanna et Michaël sont allemands, et voyagent autour
du monde depuis deux ans et neuf mois. On se trouve tout de suite
plein de points communs, depuis l'âge, le voyage, les pays
traversés,
jusqu'à nos goûts pour la dulce di leche ou les
pâtes
du soir. Johanna est vraiment jolie, mais sans en être
consciente, et elle bavarde et rit tout le temps. Michaël,
plus calme, semble avoir un sens de l'humour excellent. Bref,
on sympathise en un quart
de tour, et on se propose de bivouaquer ensemble ce soir. Comme
nos rythmes sont différents, Johanna suggère un
signal « de
ralliement » : un sac plastique blanc, attaché à un
panneau ou un arbre, indiquera aux suivants l'emplacement du
bivouac, car nous, comme eux, sommes souvent invisibles de la
route et voilà,
la « Plastic-Bag Team » est née !
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Selon
les aléas
du chemin et nos vitesses différentes, nous nous retrouverons à diverses
pauses repas et pour pas mal de bivouacs. On finit par pédaler
presque ensemble, et à s’attendre pour les pauses
: c’est que c’est bien sympa à quatre ! On
se raconte nos aventures, on se plaint de concert de cette route
pourrie pleine de caillasse, on compare les contenus de nos sacoches,
on partage nos crêpes, et on rit beaucoup. On a toujours
du mal à arrêter la pause pour remonter sur nos
vélos ! |
Bref, on s’est trouvé de
nouveaux amis, et ces quinze jours ensemble vont passer bien
vite… Après
quelques jours de pédalage, nous faisons le point sur
notre progression… et nous réalisons que le temps
nous est compté :
la dernière étape de la Carretera austral comporte
la traversée d’un lac en ferry, à partir
du minuscule port de Villa O'Higgings. Le problème,
c'est que le ferry ne fonctionne que le mercredi et le samedi
: si nous arrivons à Villa
O'Higgings mercredi ou jeudi de la semaine prochaine, comme
c'était
initialement prévu, nous sommes bons pour deux ou trois
jours d'attente ! il nous faudrait donc y arriver le mardi,
dans moins de
sept jours... un rapide calcul nous amène à la
constatation suivante : si nous voulons maintenir notre planning,
et arriver à temps à Ushuaia,
il va nous falloir faire plus de 70 km par jour, aujourd'hui
compris ! Sur des routes « normales » cela n'aurait
pas semblé être
un grand défi. Mais ici... l'intensité et la
fréquence
des côtes, et la mauvaise qualité de la piste,
doublent la difficulté de chaque kilomètre. Nous
hésitons
: sommes-nous vraiment capables d'arriver à Villa O'Higgings
d'ici mardi prochain ? Tiendrons-nous la cadence sur une semaine
entière
? Oui, parce que sinon, c’est trois jours de « perdus »,
et il nous faudra probablement faire du stop pour rattraper
le retard... Bon, vous savez quoi ? On ne saura jamais si l'on
n'essaie
pas...
alors... c'est parti pour la course au ferry !
Nous expliquons notre
plan à Johanna et Michaël, car on ne veut pas les
obliger à nous suivre à ce rythme. Mais… après
une nuit de réflexion, ils décident de tenter le
coup avec nous : chouette, c’est toujours plus motivant à quatre
! et puis nous n’avions pas envie de les laisser derrière… Les
jours suivants seront donc sportifs. On
se lève avant le soleil,
vers 6h30, et nous partons directement, après un pliage
de bivouac ultra efficace de 30mn. Après 25km, pause
petit-déj ! (on a découvert que la perspective
d’un bol de corn-flakes de bon matin nous fait pédaler
plus vite !). Puis pause–midi à 50km, et bivouac
du soir à 70km. Et c’est reparti le lendemain
! |
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Parfois, le soleil tape
fort, et après
de raides montées,
on savoure la présence de ces innombrables petites
rivières
dans lesquelles on peut littéralement plonger la tête
et boire, à grandes lampées, la meilleure eau
du monde. Vivent les régions à l’écart
de la civilisation… car
la civilisation, ici, se résume à un minuscule
village tous les 100, 150km, des villages tout en bois qui
sont restés à l’époque
des westerns : une simple file de maisons peintes de couleurs
vives, le long de la rue principale en terre battue où vole
une poussière
jaune.
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De
temps en temps, les paysages changent. Ici, on atteint une étrange région
désolée, peuplée d'arbres morts qui dressent
partout leurs silhouettes blanches et biscornues, sur les berges
d'un lac aux eaux sombres. Michaël nous explique que c'est
une immense éruption volcanique, il y a quelques dizaines
d'années, qui a détruit sur place la forêt
et déposé des cendres sur des kilomètres.
Le paysage, un peu triste, a tout de même un charme un
peu irréel... |
Au détour d’un
virage, nous tombons sur l’un des
plus beaux panoramas de la Carretera Austral : le lac Carrera,
et son eau d’un bleu turquoise époustouflant. Avec le
soleil et les petites fleurs jaunes et roses qui bordent le chemin,
on se
croirait dans une peinture kitsch de magasin de souvenirs
: çà n’existe
pas normalement des couleurs pareilles ?! mais nous passerons
toute une journée à longer ce lac fabuleux, et de vallon
en vallon, la couleur reste la même : çà vaut
bien nos efforts sur la mauvaise piste pleine de tôle ondulée
!
Malgré ces beaux paysages, la route reste bien difficile
et l’on se demande régulièrement si nous
allons tenir le coup de ce rythme marathonien pour arriver à temps
au ferry. Nous… et les vélos, aussi!
Olivier est inquiet pour la santé de Philéas ; quelques
jours auparavant, il a constaté un jeu dans le système
d'accrochage du dérailleur arrière au cadre du vélo,
ce qui l'empêche d'ailleurs d'utiliser la vitesse la plus facile
qui fait déraper la chaîne : pas marrant dans les montées
! Philéas va-t-il tenir le coup en franchissant les montagnes
qui nous séparent de Villa O’Higgings ?
Eh bien… oui, çà passe, même si
le dernier jour, nous devons pousser Philéas dès
que la pente se fait trop raide. Mais au dernier soir, la
vis qui soutient le dérailleur
se décroche : le pas de vis sur le cadre est foiré !
et pour le remplacer il faudrait carrément changer
la fourche arrière, chose impossible à faire
ici... Serait-ce la fin du pédalage ? ah non alors
! Olivier a gardé un atout
dans ses sacoches (... ...
Mac Gyver):
le kit de « soudure à froid » ramené par
son papa à Madrid. Une espèce de poudre qui,
mélangée à une
résine spéciale, forme une pâte qui
devient métal
en séchant. Il va donc l'utiliser pour « souder » la
vis dans le pas de vis défectueux : on ne pourra
plus enlever de dérailleur, mais au moins, il est
de nouveau solidement accroché au
cadre ! Ouf, Philéas est sauvé... espérons
que ça
tienne...
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Et
enfin, au matin du 5 février, quelques toits apparaissent au loin : Villa
O’Higgings ! Encore quelques kilomètres …,
et nous y voilà : le point d’arrivée de la
Carretera Austral. Çà y est, on l’a fait
! et le ferry ne part que demain matin, on a même de l’avance
! On prend bien sûr des photos héroïques
devant le panneau de la ville… |
Demain, on prend le ferry,
pour nous retrouver en Argentine. Mais ne parlons pas trop vite,
car demain nous attend aussi un parcours
célèbre chez les cyclo-aventuriers …
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6 février : la Grande Traversée
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Nous l'avons
dit, la « Carretera », c'est-à-dire la route,
se termine à Villa O' Higgings. Mais nous, nous allons plus
loin : la mission en cours, c'est de rejoindre la frontière
argentine, de l'autre côté du lac O'Higgings. Et çà ne
va pas être facile : car il faut compter avec la célèbre
mésentente entre chiliens et argentins qui se sont probablement
rejetés mutuellement la responsabilité d'une route
entre les deux pays dans cette région. Alors, un peu comme
dans le Sahara occidental, c'est un « no man's land » qui
sépare le poste-frontière chilien, près des
berges du lac O'Higgings, du poste-frontière argentin, quelque
22 km plus loin, au bord d'un second lac, le Lago del Desierto. Entre
les deux, une « montagne » à passer, mais cette
fois... pas de piste, pas de route, juste... un chemin de
mules ! tiens, çà ne vous rappelle rien ? Mais ici,
le chemin est bien connu des cyclistes, nous en avions entendu
parler avant même de quitter la France : les enfants, il va
falloir pousser les vélos, les porter même, lorsque
le chemin devient un parcours de randonnée sous les bois !
mais d'autres l'ont fait avant, alors pourquoi pas nous ? Bon, d'accord,
peut-être jamais en vélo couché... avec des sacoches
beaucoup plus basses qu'en vélo droit, dont on nous a dit
qu'elles ne passeraient jamais dans les étroits sentiers creusés
sur plus de 40cm par les passages précédents... Ah,
et on a un autre petit problème : le ferry! encore ?! ben
oui... car cette traversée nous amène au bord du Lago
del Desierto, côté argentin, où nous devrons
prendre un nouveau ferry... qui ne part qu'une fois par jour. Si
nous ne voulons pas «perdre » une journée à attendre,
il va nous falloir faire la traversée du no man's land en
moins de cinq heures, pour attraper le ferry de 18 heures... Aïe
aïe aïe ! Mais là encore, nous découvrons
une solution : le cheval ! Rassurez-vous, nous n'allons pas revendre
Heidi et Philéas contre des canassons, mais plutôt louer
les services de l'un d'entre eux pour transporter nos bagages...
Avec des vélos sans charges, le passage devrait se faire dans
les temps.
Au matin, nous montons
donc sur le premier ferry, celui pour lequel nous nous sommes
tant hâtés : ouf, nous y sommes ! et celui-ci nous
dépose de l'autre côté du lac, sur une berge
déserte si ce n'est un cabanon de carabineros... et Alfredo,
propriétaire de chevaux qui a entendu dire que des cyclistes
pourraient avoir besoin de ses services : merci Alfredo, qui
nous déleste de nos bagages et nous promet qu'ils seront
en Argentine avant nous ! |
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Nos vélos
une fois allégés, nous prenons une grande inspiration,
et nous nous lançons à l'assaut de la montagne, qui commence
par une grande côte pierreuse où nous poussons nos montures
qui dansent gaillardement d'une pierre à l'autre. Loin devant,
Johanna et Michaël, luttent avec leurs vélos encore chargés
de sacoches (cheval trop cher pour eux). Derrière, un autre cycliste,
Marc, un Belge terriblement bavard et un peu bizarre, arrive à nous
raconter sa vie entre deux souffles. Tim et l'autre couple allemand sont
eux restés sur le ferry pour aller visiter un glacier voisin (trop cher
pour nous !). Notre petite équipe de cinq se rejoint après
cette grande montée, dans un sous-bois moins pierreux mais plus
encombré. Et là, c'est l'aventure ! On soulève les
vélos pour passer par-dessus racines et troncs d'arbres morts,
on se mouille les pieds en traversant des rivières ou des
flaques, on dégringole des rochers énormes entre les arbres,
on passe sous les branches,... on est des Indiana Jones en puissance
! Et sans nos sacoches, c'est même plutôt rigolo ! On reste
groupé de manière à aider nos amis, plus chargés, à faire
passer leurs vélos au-dessus des divers obstacles. Parfois, on
peut même remonter sur les vélos, et zigzaguer en descente
sur le sentier minuscule : Globicyclette fait du VTT !
Soudain, au milieu des bois, une clairière... et deux panneaux
: nous voici à la frontière ! on n'aura jamais vu frontière
aussi perdue, et l'on se photographie fièrement devant le panneau « Bienvenue
en Argentine » ! On prendra notre déjeuner exactement sur
la ligne imaginaire qui sépare les deux pays.
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Finalement,
on est allé plutôt
vite, et nous devrions rejoindre le ferry dans les temps. Et
c'est reparti pour le parcours-aventure ! (Dire qu'il y a des
gens qui payent pour faire ce genre de choses !). Sans sacoches,
on arrive à passer en pédalant dans les étroits
sentiers creusés par les mules dont on peut toucher les
bords avec les mains. Qui a dit que les vélos couchés
ne passaient pas partout ?
Finalement, cette Grande Traversée qui nous effrayait depuis la France
se passe à merveille, dans les rires de notre petit groupe d'Indiana
Jones en herbe. |
Et nous arrivons au ferry
quelques minutes avant le départ : juste le temps qu'il nous faut pour récupérer
nos sacoches et faire tamponner nos passeports au poste-frontière
: nous voici de retour en Argentine ! et... quelle vue ! devant nous
s'étend le Lago del Desierto, d'un bleu vif et intense dans lequel
se reflètent les montagnes vertes que nous venons de quitter.
Et
au fond... Un pic montagneux incroyable, en forme d'aiguille,
dresse sa verticalité loin
au-dessus de tout le reste : c'est le mont Fitz-Roy, la fierté des
Argentins et le bijou du parc national le plus fameux du pays,
le parc « Los Glacieres » qui s'étend juste
au-devant de nous. |
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Nous savourons ce paysage
grandiose et incroyable tout au long des 45 minutes que dure la traversée du lac, fatigués, et ivres
de soleil et de soulagement : nous avons réussi ! nous avons
accompli tous ces défis en un temps record, et à présent
plus aucun autre impératif de calendrier ne nous force à faire
encore la course. Nous devons bien rejoindre Raphaëlle le 28 février à Ushuaia,
mais avec l'avance que nous avons pris, cela ne devrait pas être
trop difficile. Bref, le marathon est fini ! Et il faut avouer que nous
sommes tous bien fatigués, une fois que la tension retombe.
Aussi, quand le ferry nous débarque sur la berge opposée
du lac, au coucher du soleil, nous sommes juste bons à se
glisser dans nos duvets. Nous posons notre bivouac, toujours tous
les cinq,
au premier endroit convenable à quelques kilomètres
du lac. Marc nous fait tous un peu peur en allumant un grand feu,
mais rien
ne s'incendie, et nous passons une bonne mais courte soirée...
zou, au "lit" !
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Du 7 au 18 février
: la Patagonie du Sud : Vive le vent, vive le vent !
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Le
jour suivant, nous rejoignons le village le plus proche, El
Chalten, sous
le regard impressionnant
du Mont Fitzroy. Nous voici à présent dans le
parc « Los Glaciares », dont El Chalten constitue
le « camp de base » pour partir en randonnée
ou escalader les fabuleuses montagnes qui l'entourent. Et non
seulement l'entrée du parc est libre, mais il y a un
camping gratuit à El Chalten : vive la politique argentine
du « la nature appartient à tout le monde » !
Toujours pas remis de notre marathon sur la Carretera, nous
nous écroulons donc au camping, pour un après-midi
de farniente bien mérité.
Et ce soir, on célèbre notre traversée
par une soirée crêpes, à la grande joie
de Johanna et Michaël à qui nous apprenons la recette.
C'est que demain, notre petite équipe se sépare
: eux ont prévu de passer quelques jours à El
Chalten pour se reposer et faire des randonnées dans
le parc national. Mais nous, nous devons continuer vers le
sud pour rejoindre Ushuaïa (et notre amie Raphaëlle)
dans les temps. Nous essaierons de nous retrouver sur la route,
mais cela reste tout de même peu probable. Les séparations
sont dures, car ils sont vraiment devenus des amis et ils vont
beaucoup nous manquer.
C'est donc avec un petit blues
que nous nous lançons à l'assaut
de la route, le coeur nostalgique... Mais la route, aujourd'hui,
est une amie, et elle tente l'impossible pour nous consoler
: premier cadeau, l'asphalte. L'asphalte ! si si, après
tant de difficultés sur la Carretera, voici la fin des
tressaillements de roues et dérapages dans la caillasse
: du vrai bon bitume tout lisse comme on l'aime! Voilà de
quoi nous faire esquisser un léger sourire.
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Mais
ce n'est pas tout : le second cadeau est fabuleux :
le vent... un vent puissant,
continu, mais surtout... de dos ! Il s'empare de nos
vélos et diminue de moitié nos efforts
de pédalage, nous propulsant à une vitesse
moyenne de 20 km/h. Que c'est grisant ! Nous n'avions
jamais autant profité des pouvoirs de notre ennemi
régulier. |
A ce rythme, nous enchaînons des journées de
plus de 100 km, battant ainsi nos précédents
records : vive le vent, vive le vent ! Et la route, sous un
temps malheureusement bien maussade, nous emmène en
un rien de temps à la ville suivante : El Calafate,
où la suite de nos découvertes nous attend. Car
El Calafate, c'est la porte d'entrée d'un glacier célèbre
et magnifique, le Perito Moreno. C'est l'attraction incontournable
de quiconque visite l'Argentine : un immense glacier qui, comme
le Jokülsarlon en Islande, se déverse dans un lac,
en y faisant tomber de grands blocs de glace dans des craquements
de tonnerre.
Après une nouvelle grosse
journée de pédalage, nous voilà, à la
tombée de la nuit, devant cette merveille classée
au patrimoine mondial par l'Unesco.
Et
c'est un mur bleuté de 80 m qui
se dresse majestueusement devant nous, réfléchissant
les dernières lueurs du jour. Ouaah! Malgré la
fatigue de ces 98 km de pédalage, nous prenons
le temps de contempler cette merveille du monde. Le site
est presque vide, et seuls les craquements de la glace
troublent le calme des lieux. Même le vent s'est
tu. De temps en temps, un immense bloc se détache
du mur vertical et s'effondre dans l'eau dans un craquement
assourdissant. Derrière le front de glace, le
glacier s'étend jusqu'à l'horizon, énorme
mer blanche et crevassée. |
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Nous restons devant ce spectacle
gigantesque une bonne partie de la nuit, et nous dormirons
tout près, à la belle étoile, sous les
gémissements et grondements du glacier géant...
De retour à El Calafate, nous préparons notre
départ vers le sud, quand une agréable surprise
nous interrompt : « gling gling ! ». Mais... c'est
la sonnette du vélo de Michaël ! Et les voilà,
tout sourires, emmitouflés dans toutes leurs couches
et fatigués par deux jours de lutte contre le vent
de face : ils n'ont pas eu notre chance ! Nous
sommes ravis de ces retrouvailles éphémères,
qui se transforment en deux heures de papotages et rires sur
la pelouse de l'entrée de la ville. Puis nous reprenons
chacun notre route, eux vers le glacier, nous vers la ville
chilienne de Puerto Natales, toujours poussés par le
gentil vent patagonien : filons !
Bon,
le vent ne sera pas toujours aussi clément,
et les jours suivants nous voient affronter vent de
face, pluie en
rafales, pentes... pentues, mais aussi parfois un grand
ciel bleu qui recouvre de soleil l'horizon immense.
La Patagonie nous offre ses grand espaces ! |
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Grands espaces, grand vent, soit,
mais... et pour les pauses ? c'est vrai que déjeuner avec des rafales de 60 km
heure dans la figure, c'est moyen. Mais là encore, la
route nous gâte : nous découvrons que la Patagonie
du Sud possède les abribus les plus mignons et les plus
confortables du monde ! (compréhensible, vues les rigueurs
du climat...). On les prenait au départ pour de petites
chapelles, avec leurs toits bleus et pointus et leurs petites
fenêtres à carreaux. Mais non, ce sont bien des
abribus, avec, point fondamental, une vraie porte ! Les refuges
idéaux de nos pauses repas qui vont du coup devenir
des pauses prolongées : c'est qu'on y est bien, là-dedans,
et nous découvrons les plaisirs d'une partie d'échecs
post-déjeuner, bien à l'abri des rafales qui
font trembler les fenêtres...
Et quelques jours plus tard, Puerto
Natales s'offre à nous à la
fin d'une descente, sur fond d'une baie bleue encerclée
de hauts sommets encore enneigés. Nous sommes tout de
suite charmés par cette petite ville tranquille aux
maisons en bois peint, et élisons nos quartiers dans
son unique camping, étrangement situé en plein
centre-ville. Il est minuscule et mignon comme tout, et nous
savourons les délices d'une douche chaude à forte
pression : on en pleurerait presque tellement c'est bon...Vivent
les arrêts au camping !
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(au fait, il y
a deux jours, c'était la Saint Valentin : oups
! on avait complètement oublié !! on se
rattrape ici par un petit restau en amoureux...). |
Après deux journées bien remplies dans cette
ville qui nous a charmés, il est temps de poursuivre
notre périple austral : c'est reparti ! Et le vent,
de nouveau, nous pousse... ou seraient-ce les « coups
de pousse » de nos amis et familles ? En tout cas, ça
roule bien, et en moins de deux jours, nous voilà à Punta
Arenas, en bordure du célèbre Détroit
de Magellan. En face de nous... la Terre de Feu nous attend
!
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19 – 28
février : Terre de Feu, nous voilà !
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La Terre de Feu étant une île, c'est en ferry que nous
nous rendons sur ce bout extrême du continent. Pendant que nous
ballottions sur les eaux houleuses du détroit, les marsouins
(des laguenorhynques) sont venus nous voir : eux étaient plus à l'aise
que nous dans les vagues et l'écume ! Cette petite visite inattendue
nous ravit, d'autant qu'ils sont accompagnés par des albatros
majestueux qui jouent avec les rafales comme les dauphins avec les
vagues. Pendant un court moment, nous voilà retransportés
dans les Terres Australes...souvenirs, souvenirs !
Arrivés à terre, nous rejoignons le petit village
portuaire de Porvenir, où le patron du cybercafé nous
offre un abri pour la nuit, dans sa maison secondaire en construction.
Avec le vent qui fait rage et les températures bien fraîches,
c'est une vraie bénédiction. Mais... toute chose à son
prix... car notre hôte se révèle être un
incroyable bavard, au point qu'on se demande s'il ne souffre pas
d'hyperactivité. Il parle, il parle, sans laisser un intervalle
pour nos éventuels commentaires, nous attrapant gentiment
par le bras à chaque fois que nous essayons de faire autre
chose. Il est plutôt intéressant : il nous raconte ses
luttes au sein des syndicats ouvriers de Porvenir, ses idéaux
politiques de « socialiste humaniste », son opinion sur
la situation du pays, de la région, et probablement une foule
d'autres choses mais... on n'en comprend que la moitié, voire
moins ! Enfin « on »... Amanda surtout, car Olivier,
plus malin (ou plus lâche !), a fui la conversation derrière
le prétexte facile : «No entiendo bien castillano » et
prépare le repas. Amanda, elle, ne s'en tire pas aussi bien,
car notre hôte a bien vu qu'elle comprend mieux. Mais alors
que minuit approche, repas terminé depuis longtemps, ses connaissances
basiques en espagnol s'évanouissent, et elle écoute,
hypnotisée, sans oser avouer qu'elle ne comprend plus rien.
Les lèvres de son interlocuteur s'agitent, les paroles sortent à toute
vitesse... au secours ! Assommée de fatigue, elle se contente
de hocher la tête et de formuler diverses onomatopées,
les plus adaptées possibles aux expressions faciales du bavard...
Ce qui fera hurler de rire Olivier quand, plus tard, elle lui expliquera
son calvaire : « Mais je croyais que tu comprenais, moi ! » « Comment
veux-tu que je comprenne, avec son débit de cascade et son
accent chilien impossible, à minuit en plus ? ! ! ».
Aaaah, le hasard des rencontres du voyage...
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Les
jours suivants, nous pédalons vers l'est, sur des petits chemins perdus
qui nous font apprécier le caractère désolé de
la Terre de Feu. Des horizons de landes rases et buissonneuses,
un sol de scories volcaniques balayées par un vent continu
: on aime la solitude aride de ces paysages, et leur côté un
peu dramatique. Le soir, divers abris nous offrent des bivouacs
protégés du vent : cabane de pêcheur, ancien
poste de carabineros, bâtiment en construction : tout
mur qui tient debout est une bénédiction pour
nous ! |
C'est ainsi que nous
finissons par atteindre... l'Atlantique ! Tiens, voilà longtemps qu'on ne l'avait pas vu celui-là...
Nous repassons par la même occasion en Argentine, et mettons
alors le cap au sud, direction... Ushuaïa bien sûr
! Peu à peu, le paysage se fait plus montagneux, plus humide
aussi, et le vent se calme un peu. On apprécie le retour d'un
peu de vert dans les paysages qui font à présent plus
penser aux Alpes qu'à la Lune, avec leurs reliefs montagneux
et leurs jolis lacs. Et si le vent nous abandonne, nous retrouvons
les montées, compagnon obligatoire de qui apprécie
les paysages vallonnés ! Et enfin, le 26 février au matin, nous rallions l'extrémité du
continent, la ville la plus australe du monde... qui constitue aussi
l'ultime étape de notre grande descente de l'Amérique
du Sud : nous avons relié le Pérou à... Ushuaia
! Une arrivée symbolique, dans une ville dont le nom seul évoque
déjà l'aventure, le bout du monde, les terres
inconnues...
Nous avons donc le cœur
battant lorsque nous arrivons sous le panneau d'entrée
de la ville : çà y est, on l'a fait ! On est
vraiment au bout du monde ! Nous sommes fiers, heureux, exaltés,
un peu fatigués aussi: tous ces kilomètres depuis
les tropiques ! Et on pose, en héros, devant le panneau
de bienvenue, sous le ciel un peu gris et le regard admiratif
de deux touristes français : c'est l'heure des photos
! On se voit déjà, encadrés sur la commode
de notre maison de retraite : « Mais oui, c'est bien
nous, tu te rends compte, à l'époque ! ».
On ne sait pas, d'ailleurs, si on se rend vraiment compte,
mais on est tout de même plutôt contents ! |
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Encore un petit kilomètre, et nous voici devant un panorama
qui surplombe la petite ville : c'est ça, Ushuaia ! Une ville
posée sur le flanc d'une colline, face au canal de Beagle,
tout bleu, qui étincelle sous le soleil de retour. Une ville
de toutes les couleurs, de bric et de broc, où chaque
pionnier semble avoir construit sa maison comme bon lui semblait,
avec son
style propre.
Nous avons quelques jours d'avance sur
notre rendez-vous avec Raphaëlle,
une amie qui vient nous rejoindre jusqu'ici pour passer ses vacances
avec nous : on a hâte de la revoir. En attendant, nous nous
installons au camping, puis sillonnons la ville de long en large
: pas évident sachant qu'elle est à flanc de colline
! Nos vélos « bizarres » commencent à être
connus en ville, où nous rencontrons des dizaines de touristes...
français ! Serait-ce l'effet « Nicolas Hulot » ?
(tiens, lui, on ne l'a pas trouvé). Le soir, nous savourons
des grillades maison au feu de bois : vivent les campings argentins,
où chaque emplacement possède son propre « coin à barbecue » !

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29 février – 11 mars : Globicyclette... à trois
!
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Et le 29 février, nous retrouvons enfin Raphaëlle : la
voilà, chargée d'un gros sac à dos, avec sa voix
douce, ses jolies pommettes et ses yeux qui pétillent ! Nous
sommes vraiment heureux de la retrouver, d'autant qu'il n'est pas si
facile que ça de nous rejoindre. Bien sûr, on a plein
de choses à se raconter, et nous bavardons longuement avant
de nous mettre enfin en route vers le camping. Raph a aussi rempli
son sac de surprises, de sa part et de celle de nos familles. Alors
ce soir, c'est Noël à Ushuaïa : de la brioche ! du
chocolat Côte d'Or aux noisettes (le préféré d'
Olivier) ! du Nutella ! et encore des dizaines d'autres petits délices...
Sans compter de nouveaux vêtements envoyés par nos familles,
ainsi que des photos plastifiées de nos proches que nous contemplons
longuement... Il y a même des photos de notre mariage: mais qui
sont ces deux mariés si propres et si beaux? Bon, si Raph a
réussi à nous reconnaître, il doit quand même
rester une vague ressemblance... (Olivier tient à préciser
que lui reste dubitatif sur l'identité de la blonde quelque
peu rapiécée qui pédale à ses côtés).
Avec la visite de Raph, nos vélos ont droit à des
vacances prolongées : le programme des deux semaines à venir,
ce sont des randonnées à trois en Patagonie.
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Nous
commençons
par visiter pendant quelques jours le parc national « Tierra
del Fuego », à quelques kilomètres d'Ushuaïa.
On y découvre d'impressionnants paysages de baies et
de lacs entourés de sommets enneigés. C'est superbe
! Et le soir, devant un feu de bois, on contemple en frissonnant
le ciel étoilé de l'hémisphère
sud, absolument magnifique dans ce coin du monde dénué de
pollution lumineuse. |
Malgré la beauté des paysages que nous découvrons,
les randonnées en Terre de Feu argentine restent plutôt
limitées, et en trois jours nous avons parcouru la plupart
des sentiers : nous quittons donc Ushuaïa le 3 mars pour retourner
en Patagonie chilienne, où nous attend le célèbre
parc national de « Torres del Paine ». Cette fois-ci,
cependant nous irons plus vite qu'à l'aller: Globicyclette
prend de nouveau le bus... Ce matin, nous nous levons
donc à quatre heures pour être
les premiers à mettre nos bagages « spéciaux » en
soute : pas question de refaire un autre « Tucuman » !
Cette fois-ci heureusement, nous tombons sur un chauffeur compréhensif,
et un pourboire discret suffira à faire accepter notre chargement:
ouf! Enfin, presque ouf: le bus en question ne nous amène
pas directement à notre destination, Puerto Natales, mais à Punta
Arenas, 150 km plus au sud. Et là, aucun bus pour Puerto Natales
n' accepte les vélos ! Mais si près du but, on ne s'avoue
pas vaincu: pendant que les deux filles se chargent d'acheminer tous
les bagages et sacoches par bus, Olivier tente sa chance en stop
avec les deux vélos « nus »... et ça marche! ça
marche même si bien qu'il arrivera à notre petit camping
de Puerto Natales deux heures avant les filles: elles le trouvent
tranquillement attablé devant des grillades offertes par nos
voisins de tente: « Ben alors, vous en avez mis du temps! Vous
auriez mieux fait de venir en stop! ».
En
tout cas, le délicat
problème du retour de nos vélos du « bout
du monde » est réglé. Il ne nous reste
plus qu'à confier ces derniers au propriétaire
du camping, louer des sacs à dos, et nous voilà partis
pour sept jours de trek à trois au parc de Torres del
Paine, le plus beau d'Amérique du Sud, paraît-il! |
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Chargés de nos énormes sacs (sept jours d'autonomie
oblige), nous redécouvrons le statut de simple piéton
pour qui quelques kilos de matériel sont une véritable
torture pour les épaules. Ah, le vélo, c'est quand
même mieux! Mais Philéas et Heïdi ne nous auraient
jamais suivis dans ces belles vallées raides et encaissées.
Nous suivons le célèbre « parcours en W » du
parc qui nous amène successivement dans trois vallées
découpant le superbe massif de Paine, mi granitique (blanc),
mi sédimentaire (noir) : un massif bicolore !
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Les
matins, nous nous levons à l'aube pour savourer les levers de soleil sur
des paysages grandioses. Nous découvrons les célèbres
tours qui ont donné leur nom au parc: des piliers immenses
de granite, majestueuses dans leur verticalité imposante.
Mais aussi des lacs bleu sombre ou turquoise, des vallées
immenses dominées par des pics acérés
et surtout, surtout, le glacier Grey. |
Le plus grand du continent,
cette étendue
infinie de glace dévale les montagnes pour venir se jeter
dans le lac du même nom, générant des icebergs
bleutés qui nous plongent dans un paysage polaire. Comme le
Perito Moreno, sans les cars de touristes ! Et nous savourons de
longs moments à contempler son immensité, posés
sur des rochers qui le surplombent, dans un silence de cathédrale
seulement interrompu par les sourds craquements de la glace...
Les sept jours de marche passent
très vite, avec pour seuls
bémols les éternelles ampoules aux pieds et les genoux
douloureux: c'est qu'on a perdu l'habitude de marcher! Raph, de son
côté, craignait de ne pas avoir la forme physique pour
nous suivre: que nenni! Elle galope tout autant que nous, et nous
savourons ces instants partagés à trois. Mais il vaut
mieux ne pas regarder l'état catastrophique des chaussures « spécial
vélo » d'Olivier à la fin du trek: non conçues
pour la rando intense, elles tombent littéralement en morceaux.
Seules des vis leur rendront un sursis temporaire!
Et
voilà déjà venu
le moment des séparations : le 12 mars, à l'aube,
Raphaëlle reprend le bus à Puerto Natales pour
l'aéroport le plus proche. Son départ nous laisse
tristes et nostalgiques: avec elle, c'est une partie de nous
qui s'en va... et nous avons vraiment été émus
par tous les kilomètres qu'elle a parcourus pour venir
nous voir... merci pour tout, Raph ! |
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Un départ qui sonne aussi pour nous la fin de notre périple
en Patagonie du sud : demain, nous embarquons sur un ferry pour plusieurs
jours de mer en direction de Puerto Montt, bien plus au nord. Globicyclette
en croisière, on aura tout vu ! Mais ça, c'est l'objet
des prochains carnets...
Que vont penser Philéas et Heïdi de leur mise au placard
temporaire pour trois jours de bateau? Est-ce que l'automne, qui
arrive à grands pas, va se montrer clément et garder
ses réserves de pluie et de froid pour plus tard ? Et surtout...
allons-nous réussir à pédaler de nouveau après
cette longue période de vacances pour nos mollets? rouillés,
les mollets ? Vous saurez ça... ben oui, vous commencez à en
prendre l' habitude : au prochain épisode! En attendant, souhaitez-nous « bonne
mer », car on part sillonner les fjords chiliens : à bientôt,
pour de nouvelles aventures!
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Mangeons gaiement
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Chili,
Argentine, Chili, Argentine... mais c'est que vous savez déjà tout de nos aventures
gastronomiques dans ces deux pays! Qu'ajouter de plus? On ne
peut laisser de côté la visite de Raph, chargée
de victuailles importées de notre cher pays: du chocolat!
(du vrai, avec un goût de chocolat, et non de graisse
sucrée comme ici), de la brioche, du Nutella et même
des fraises Tagada! Bon, d'accord, ce n'est pas très « local »,
tout ça.
Notons tout de même que l'agneau de Patagonie, élevé en
plein air (heu, en plein vent !) dans les grandes plaines de
Terre de Feu, vaut le détour, surtout cuit au feu de
bois...
Ah, et un conseil à tous les campeurs de Torres del
Paine : surveillez vos sacs, les souris sont légion
! et elles ont réussi à manger, hormis tous les
fonds de nos ziplocs avec la nourriture qu'ils contenaient,
plusieurs gélules de notre pharmacie (des anti-constipant...
hi hi hi!), nos lacets de chaussure, et même la doublure
de la casquette d'Amanda ! Bon, tant qu'elles laissent nos
vélos tranquilles...
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Mangeons gaiement
Les moments galère
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- Les
pentes « même-pas-dans-tes-rêves » de
la Carretera Austral.
- Le pas de vis foiré du support de dérailleur de
Philéas: on a eu peur de finir la Carretera à pied.
- Quitter Johanna et Michaël , par deux fois !
- La pluie, de face, dans les côtes, dans le vent, sur des
mauvaises pistes... le démoralisant du cycliste...
- La conversation infinie et unidirectionnelle entre
Amanda et notre hôte de Porvenir (après minuit, car avant,
c'était plutôt sympa).
- Les ampoules aux pieds à Torres del Paine: à en
pleurer! C'est que nos petons sont devenus tout tendres, à force
d'être « en l'air » toute la journée
!
- Le
départ de Raph...
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Les meilleurs moments
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Pour
ce passage en Patagonie, ils seront nettement majoritaires face
aux « galères »! Il est
même difficile de ne pas en oublier...
- Johanna et Michaël bien sûr! et tous les moments passés
ensemble.
- Nos retrouvailles express à El Calafate.
- Les paysages sauvages et splendides de la Carretera Austral,
comme ce bleu inouï du lac Carrera..
- L'arrivée à Villa O'Higgins: « we did it
! »
- Et
celle au lago del Desierto, après la « grande
traversée » : vue inoubliable sur
le Mont Fitzroy.
- La nuit qui tombe en silence sur le glacier Perito
Moreno...
- Les centaines de kilomètres défilant à toute
vitesse, vent dans le dos.
- L'arrivée à Ushuaia, en « vainqueurs héroïques ».
- Raph ! inutile d'en rajouter.
- Le lever de soleil sur les tours du Parc de
Torres del Paine.
- Le glacier Grey
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La Patagonie nous a pris
au coeur. Nous y sommes entrés
encore tout frais de notre gentil séjour en Argentine. Elle
nous a enlevé aux routes asphaltées trop faciles, pour
nous plonger dans un tourbillon de vent et de poussière, entre
ses pistes en montagnes russes et ses paysages à couper le
souffle, nous donnant bien plus que la simple rançon de nos
efforts pourtant terribles. Un pays à l'âme grandiose
qui ne se dévoile vraiment qu'aux coeurs aventuriers, un pays
comme on les aime... et qui nous rappelle à quel point
nous sommes tout petits...
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