|
Globicyclette
aux Philippines
|
|
|
Mabuhay, amis voyageurs!
Marre de la grisaille printanière
et du crachin glacial? Envie d’évasion, de palmiers,
de plages paradisiaques, de soleil? L’agence Globicyclette-Voyages
vous propose, pour un prix défiant toute concurrence, un séjour
cinq étoiles sur le pays aux 7000 îles: les Philippines! Hébergement aléatoire sous la tente, gastronomie
terriblement locale, pédalage sportif, découvertes
au quotidien, décollez avec nous pour l’aventure tropicale!
Où en étions-nous dans notre pédalage? Hé bien,
nous venons de décoller du Vietnam, après plus de six
mois en Asie du Sud-Est: c’est parti pour notre 19éme
pays. Mais… sur quel continent? C’est que nous ne sommes
pas si sûrs du statut asiatique de ce 19ème pays: officiellement,
nous sommes toujours en Asie du Sud-Est… mais une Asie qui n’a
plus rien à voir avec ses voisins: ici l’anglais est
seconde langue nationale, les Espagnols puis les Américains
ont laissé une empreinte occidentale majeure, et une grande
partie de la population est chrétienne. Encore du dépaysement
en perspective: allons voir ça de plus près!
|
|
|
|
5
avril, 642ème
jour: Manille: vive le couchsurfing!
[Vietnam —> Manille
]
|
Les Philippines vues du ciel, c’est déjà tout un
programme: eau, îles, cocotiers, bananiers: ça nous plaît! On atterrit non à Manille, mais dans l’aéroport
secondaire, à plus de 100km de la capitale (seul défaut
d’Air Asia…). Pas le choix, surtout vu l’état
d’Amanda: on prend le bus! Première surprise: les chauffeurs
ne sont absolument pas horrifiés par nos vélos, nous aident à les
charger dans la soute avec un grand sourire, et nous facturent le prix
officiel… pas un peso de plus! Ah ben ça… après
les déboires du Vietnam, c’est inespéré… on
sent qu’on va aimer les Philippines! d'autant qu'absolument tout
le monde, même le marchand de clémentines du terminal de
bus, parle très bien anglais: un véritable plaisir après
six mois de mimes et de petits sourires contrits: «je ne comprends
rien! ».
Pour trouver un hébergement à Manille, nous avons eu recours
au fabuleux système du «couchsurfing»(allez voir
ici: http://www.couchsurfing.org/?user_language=fr).
Et nous y avons rencontré (par internet) deux philippins très accueillants,
Neilkriss et sa colocataire, Frances. Prévenus par sms de notre
arrivée, ceux-ci nous attendent à la sortie bus avec deux
petites bouteilles d'eau fraîche: «Bienvenue aux Philippines! Mabuhay! ». Ils sont tous les deux bruns, petits, fluets et
adorables. Neilkriss parle très bien français, Frances
l'anglais.
Les deux nous mettent, avec nos vélos, dans deux taxis qui nous
ramènent «à la maison ». Et quelle «maison!
une luxueuse résidence avec parking, gardien et piscine, dans
laquelle ils partagent un petit appartement coquet et propre comme un
sou neuf. Sur les deux chambres, celle de Neilkriss nous est attribuée
malgré nos protestations: ils y ont même posé une
corbeille d'osier avec les clés, deux serviettes, des brosses à dents,
du savon et des shampooings individuels luxueux, plus un petit mot de
bienvenue avec les coordonnées de la maison et de l'ambassade
de France.
|
Eh
bien! encore mieux qu'à l'hôtel... et ce n'est pas fini! les voilà qui
entreprennent de nous préparer un goûter de nems
de banane et thé glacé... Eux-mêmes y touchent à peine: «on
est au régime! ». ben pourquoi? en fait, ce sont
des «Fashion Victims », de vrais citadins adaptes
de la mode et de la déco! Ils sont bavards, souriants,
terriblement attentionnés: c'est que nous sommes leur
premiers «couchsurfeurs», et ils semblent ravis de
nous avoir là. C'est évidemment réciproque!
Décidément, ce voyage nous aura appris que l’hospitalité et
la gentillesse que l’on peut recevoir en route sont inépuisables… |
On finit la journée en bavardant,
en préparant notre futur
itinéraire aux Philippines, en rangeant nos sacoches, et en
comatant pour la malade qui déplore à présent
une toux caverneuse et asthmatiforme: pas de bol!
|
|
6,
7 et 8 avril, 643-5ème jours:
On profite des délices d’un «chez nous »
[
Manille—> Mandaluyong City]
|
Quelques journées au calme pour rattraper la fatigue des
deux jours précédents: grasse mat (C’est qu’on
ne se couche pas avant 2h du mat!), internet, super petit déj
préparés par Neilkriss, et quelques courses dans
les immenses «malls»(centres commerciaux) de la
très moderne Manille. Neilkriss nous y guide avec aisance
et nous découvrons le métro aérien, les grands
buildings, les boutiques luxueuses «comme chez nous »,
où l’on vend même (hors de prix) des baguettes
ou du fromage! retour intégral à la civilisation,
d’autant que toutes les enseignes sont en anglais, la 2ème
langue du pays.
On reçoit la visite d'un collègue belge de nos amis,
Rolph, qui nous abreuve de conseils pour notre itinéraire.
Ce dernier se précise
un peu: nous abandonnons notre idée de visiter le nord de la plus grande île,
Luzon, où nous nous trouvons: les rizières y sont, paraît-il,
fabuleuses (patrimoine mondial etc...) mais il nous faudrait 15 jours pour
en faire un «petit»tour, et il ne nous resterait plus de temps
pour le reste. En revanche, tout le monde nous conseille d'aller sur l'île
de Palawan, perdue loin à l'ouest de l'archipel et que nous avions l'intention
d'ignorer: «surtout pas!» s'inquiète Neilkriss qui y
a passé une année. C'est que l'île est immense mais encore
très sauvage et, disent-ils, paradisiaque, avec plages, jungle, cascades
et rivières souterraines... Bon, ben c'est parti pour Palawan alors!
Que l'on programme pour la fin du voyage, les ferries s'y prêtent mieux.
Dans tous les cas, nous repasserons par Manille, ce qui va nous permettre de
laisser ici pas mal d'affaires inutiles: Bob va avoir droit à un mois
de repos! On laisse, mais cette fois sans regret, toutes nos affaires chaudes
ou presque, et même l'ordinateur: les cybers abondent partout, paraît-il.
Nous voilà tout légers! Mais même sans aucun poids, Amanda
ne serait pas encore en état de pédaler pour le moment: elle
traîne une très grosse crève, cette fois! Sinusite, bronchite,
trachéite, etc... Signal d'un besoin urgent de... repos!... en tout
cas, on est choyés par nos hôtes, et on a bien de la chance d'être
tombés sur eux...
|
|
9
avril, 646ème jour: Départ
un Jeudi Saint
[Manille—> Cardona ]
|
Allez, cette fois, c'est parti pour
de vrai! ou presque. Le moyeu avant d’Heidi pousse des cris d’alerte, une petite
opération avec nettoyage et graissage des roulements lui
redonnera de quoi tenir encore un mois. De retour à Manille,
on changera le tout, et bien d'autres pièces encore! Mais
là, pas moyen: c'est la semaine sainte et dans quelques
heures tout commerce va s'arrêter jusqu'à lundi prochain: ici, Pâques, c'est du sérieux!
Et ça tombe bien, du coup pour notre départ les rues
sont beaucoup moins encombrées que d'habitude, nous offrant
une sortie de la ville moins catastrophique que prévu:
profitons-en! On fait nos adieux à Frances et Neilkriss,
en les remerciant de tout cœur pour ce havre de repos bien
nécessaire.
On
découvre
les rues de la mégalopole, ses grands buildings, et
surtout ses incroyables «jeepneys», des minibus
en tôle argentée brillante décorée
de peintures psychédéliques qui clament «God
bless us!» ou «Jesus is our Lord» sur leurs
pare-chocs en lettres artistiques flashy. Chaque jeepney
est unique et tout aussi incroyablement décorée
que ses consœurs, mais personne n'y prête plus
attention: elles font partie de la «couleur locale!
Quel look, tout de même! |
|
Sur la route, c'est la fête:
tout le monde sourit, nous klaxonne ou nous fait de grands
signes: «Hey
Joe!» c'est
comme ça qu'ils interpellent les «blancs »,
héritage de la colonisation américaine… Ou
parfois «Hey Ma'am!» pour Amanda, suivi en général
de «I like your style, man! », ou «Hey,
niiice, biiike!» de cette voix un peu traînante,
un peu nasillarde qui sent bon les îles. Quelle ambiance!
Sur le bord de la route, on vend des cacahouètes grillées
et diverses boissons étranges et colorées.
On croise aussi des dizaines de «tricycles»,
des motos équipées
d'un «promène-passager» sur le côté:
des espèces de touk-touk, mais en largeur cette fois.
Conducteurs ou passagers nous saluent aussi au passage où nous
prennent en photo avec leur téléphone portable
(l'accessoire indispensable de tout Philippin).
On découvre très vite un nouvel atout de ce pays
fabuleux: les boulangeries! Dans leurs présentoirs sont
exposées des dizaines de petites pâtisseries, en général
des petits pains sucrés ou fourrés d'une pâte
brune épaisse qui se vendent pour 1 ou 5 pesos, selon la
taille (soit 1/60e ou 1/10e d'euro!!). On en commande des dizaines
de toutes les sortes avec la même fascination gourmande que
des gamins devant la marchande de bonbons: «deux comme ça,
trois comme ça, un, non, deux comme ça, et puis là un
de chaque! ». Youhou! En revanche, les villages se suivent
sans interruption, et aucun site isolé de bivouac n'apparaît à l'horizon: où allons nous dormir? On se balade dans les rues à la
recherche d'une maison avec jardin... tiens, une procession! Immense,
elle occupe toute la grand-rue, immobilisant tout le trafic pour
au moins une demi-heure. Des hommes, puis des femmes, tous en blanc,
marchent lentement en psalmodiant des prières sur un ton
un peu lugubre. Hé ben, c'est pas gai le jeudi saint,
vivement dimanche!
Nous, on trouve enfin notre bonheur: une famille aux nombreux
enfants acceptent de nous laisser planter leur tente dans leur
jardin et nous donne même du riz au poisson pour le soir.
On est observés de toutes parts, surtout de l'autre côté de
la grille du jardin où se presse tout le quartier, mais à la
nuit tombée on nous laisse notre intimité: ah, quel
pays parfait, on n'avait pas vu ça depuis...ouh! Le Kirghizistan? Et ça tombe bien, car Amanda n'est guère
en forme: repos et calme, juste ce qu'il lui fallait!
|
|
10 avril, 647ème jour: Auto-flagellation… beuh…
[Cardona—> Pageanjan: 62km – 523m ]
|
Amanda rajoute à sa sinusite-bronchite une mini gastro-entérite
ce matin... juste pour continuer les rimes en ite? la voilà gorgée
de nouveaux comprimés, qui heureusement permettront d'enrayer
rapidement les crampes de ventre... mais la progression matinale
reste lente... surtout que ça monte dur!
|
À midi, on
atteint l'orée d'un col (enfin!) quand Olivier croise
une famille qui pique-nique au bord de la route. Illico,
le voilà avec une assiette dans les mains et un pilon
de poulet frit à la bouche! Nous avons donc droit à un
délicieux pique-nique, avec un dessert au riz, sucre
et taro (ce tubercule violet sombre) plutôt succulent.
Merci la famille: on dirait que dans ce pays, tout le monde
passe son temps à faire la fête…et à nous
le faire partager! |
Et puis enfin la montée cesse,
tant mieux car Amanda ne pouvait guère faire plus. Et
nous revoilà en bas
de la colline, dans les rizières en pleine récolte.
En fin de journée, comme la veille, une procession bloque
le trafic... mais celle-ci a un niveau d'intensité supérieur:
derrière les marcheurs, voici des statues de saints, de
la vierge que l'on transporte avec fleurs et vénération,
et derrière encore... des auto-flagellants. Nous en avions
d'ailleurs croisé quelques-uns dans la journée:
toujours des hommes, en général jeunes, masqués
(foulard ou cagoule) et torse nu, ou avec un T-shirt déchiré dans
le dos. Et ils se fouettent, en général avec une
corde munie à son extrémité d'un espèce
de balai de petits cylindres de bois. Rien de bien méchant,
pourrait-on penser. Sauf que leur acharnement est tel qu'on finit
par voir leur dos se marbrer de rouge, ou, bien pire, se mettre à vif.
Ainsi certains «possédés» que l'on
croise sont carrément dégoulinants de sang, leur
dos n'étant plus qu'une plaie béante et à vif.
On apprendra plus tard qu'ils accélèrent en fait
les choses en se scarifiant avec des morceaux de verre... brrr!
beuh! Nous restons bouche bée devant ce sanglant défilé de
ce qui nous semble plus être des machos/masochistes que
des fidèles en extase... Partage-t-on vraiment la même
religion? On apprendra plus tard qu'en fait l'église catholique
désapprouve fermement ces rituels: aucun prêtre
catholique n'est impliqué dans ce type de procession...
Toujours est-il que nous ne nous attardons pas trop à observer
ce navrant spectacle qui nous met mal à l'aise (nous verrons
même
quelques auto-martyrs s'évanouir et se faire emporter
vers une voiture de premiers secours...). De toute façon,
c'est l'heure du «bivouac », ou plutôt de demander
comme la veille l'hospitalité dans un jardin (toujours
pas de coin isolé ici): mission accomplie en quelques
minutes, et cette fois nous avons même un jardin rien que
pour nous, le propriétaire nous le laisse pour la nuit!
|
|
11 et 12 avril, 648-9ème jour: invitations
en série et échec du stop
[Pageanjan—> Gumaca—>Pilli: 40km – 390m]
|
Invitation au petit déjeuner
par notre «voisine: café, gâteau, toujours
l'hospitalité philippine,
et les sourires qui vont avec... on savoure le fait de pouvoir
discuter avec tout le monde en anglais, ce qui nous permet tout
de suite un contact et des conversations intéressantes.
Le soir du même jour, le bivouac sera d’ailleurs encore
plus facile à trouver que d’habitude: sur le bord
de la route, une famille nous tend carrément les bras;
en nous arrêtant pour nous offrir des biscuits, elle finira
par nous offrir l'hospitalité dans leur jardin, le repas,
et la douche! Le tout dans le sourire et la bonne humeur: vive
les Philippines!
Vu l’état toujours peu
probant de la malade, et les grosses nationales qui nous attendent,
nous décidons de
nous avancer en faisant du stop. Mais ce n’est pas si facile:
personne ne s’arrête! On tente même notre
chance à la gare des bus de la ville de Naga City, mais
avec le week-end de Pâques, il y a une foule de voyageurs
et pas de place dans les soutes pour nos montures… On finit
donc par repartir... en vélo! parce que finalement, avec
tout le temps perdu à chercher un transport, on aurait
presque aussi vite fait d'y aller par nous-mêmes. Alors
on pédale,
jusqu'à la sortie de la petite ville de Pilli. Ce soir
comme les autres, on a à peine le temps de s’arrêter
sur le bord de la route pour se concerter sur les possibilités
de bivouac: nous voici en quelques minutes invités par
une gentille famille, avec une adorable petite fille de deux
ans, une douche et du riz au poisson!
|
|
13 avril, 650ème jour: Vive le halo-halo!
[Pilli—> Donzol: 90km – 543m]
|
Tant pis pour le stop qui nous a assez
fait perdre de temps: aujourd'hui, on pédale, et on verra bien où ça
nous mène. Et le pédalage est plutôt agréable: la malade va mieux, et ça fait du bien d'avancer enfin!
À notre gauche
se dessinent des volcans de plus en plus hauts qui se détachent
sur l'horizon plat des rizières en moisson (en «récolte?).
Bientôt, on voit apparaître le plus beau, le
plus grand, le célèbre volcan Mayon, toujours
actif avec son panache de fumée blanche au sommet:
un gigantesque cône presque parfait! |
|
Après un pédalage
bien sympa à l’ombre
du volcan, nous arrivons au village de Daraga: nous voici à l'embranchement
qui mène, tout droit, au sud de l'île, et à droite,
au petit village côtier de Donzol, célèbre
pour ses... requins-baleines! À droite, toutes! La route
est absolument charmante, toute en ondulations marquées
mais courtes qui nous font passer de colline en colline, sur
une route sinueuse bordée de cocotiers bien entretenus.
On dirait presque qu'ils poussent sur du gazon tellement le «sous-bois» est
dégagé, et c'est joli comme tout. On découvre
aussi un nouveau plaisir des Philippines: le «halo-halo», équivalent
glacé-sucré du jus de canne cambodgien: 10 pesos
(1/6 d'euro), et voici une grande coupe remplie de glace pilée,
lait concentré, sucre, et morceaux de gélatine
aux couleurs gaies. Plus, selon le préparateur, des graines
diverses, morceaux de coco, ou même des cacahouètes.
Mmmh! un vrai dessert de goûter d'enfant, et rafraîchissant
en plus!
Et nous voici à Donzol, sur une jolie plage bordée
de «resorts» (stations balnéaires) pour touristes:
aah, le Pacifique, ça faisait longtemps! On réserve
une place pour aller voir les requins-baleine demain matin au «Shark
interaction center». Les gérants sont sympas comme
tout, et nous laissent même dormir sur leur terrasse, directement
sur la plage: le bivouac de rêve! Après un coucher
de soleil à tomber, on s'endort au bruit des vagues, sous
la moustiquaire et sous les étoiles... vous avez dit…paradisiaque??
|
|
14 avril, 651ème jour: requin-baleine!
[Donzol—> Sorsogon: 20km – 147m ]
|
Réveil avant l'aube, embarquement à 6
h 30 après
un joli lever de soleil sur la mer... Direction: les requins-baleine!
ou «Butanding» en tagalog, la langue nationale.
|
Nous
embarquons avec quatre autres touristes (japonais et philippins)
sur une
très jolie pirogue à balancier décorée
de couleurs vives. Nous longeons la côte un moment
(tiens! le volcan Mayon à l’horizon!), jusqu’à ce
que le pilote repère la «bête»:
approche rapide, et… tout le monde à l’eau!
Et là... wow... indescriptible. Que d'émotion,
que le cœur bat vite à la première rencontre!
Surtout qu'on a presque plongé dessus... Et que de
près, c’est tout de même énorme,
ces bestioles. |
Mais passée
la première frayeur, on découvre le plaisir fabuleux
de nager aux côtés de ce paisible Léviathan.
Nous y resterons pendant plus d'une heure, palmant de toutes nos
forces pour se maintenir à son niveau, tandis que les autres
touristes remontent sur le bateau, qui s’avance plus loin
puis les remet à l’eau... mais pour nous pas question
de quitter la bête! Inoubliable... Seul bémol, l’attitude
plus que médiocre du guide qui nous accompagne: alors que
nous avons eu droit à terre à tout un laïus
sur le respect de l’animal, en mer c’est une autre
histoire. Le guide se fiche complètement des consignes pourtant
données par WWF qui sponsorise le tout: alors qu’il
faut respecter nos distances et ne pas entraver la progression
de l’animal, le guide n’hésite pas à s’accrocher à son
aileron ou à photographier son œil au flash, et encourage
les touristes à faire de même! On finira nous-mêmes
par râler pour que le guide laisse enfin la bête tranquille… On
a par la suite envoyé un mail à WWF, qui nous en
a remercié: faites-en autant si vous constatez ce type
de comportement sur des espèces pourtant protégées!
Petite sieste au retour pour se remettre
de nos émotions,
puis on repart sur nos bécanes, infatigables qu'on est!
Bon, on refait quand même la route en sens inverse en
jeepney jusqu'à Daraga (les vélos? sur le toit!),
puis un peu en vélo, puis de nouveau jeepney (c'est
notre jour de chance) jusqu'à la ville de Sorsogon,
et encore un peu de vélo jusqu'au coucher du soleil
qui nous attrape un peu plus loin sur la route. Ce soir, au
village, on nous conseille
d'aller voir le «Capitan» du «barangay»(=
du village)... qui, à notre demande de dormir dans
la cour de l'école, répond «non, mais ici,
oui! ». Encore une nuit chez l'habitant, ici carrément
dans la chambre réservée aux visites des enfants
(le Capitan n'est plus tout jeune): repas délicieux,
douche, véritable lit, quel luxe! On dormira comme des
souches, usés par nos émotions du matin...
|
|
15 avril, 652ème jour: Changement
d’île
[Sorsogon—> Allen: 78km – 646m ]
|
|
Très beau
pédalage ce matin, sur une petite route côtière
peu fréquentée et bordée de cocotiers
et bananiers... (et plate!). Partout sur la route, les
villageois font sécher le riz fraîchement
récolté, directement sur l'asphalte brûlant.
Ce qui nous oblige parfois à rouler carrément
dessus! on dirait presque du sable doré... |
Bon, ça se gâte quand soudain la route prend un
virage inattendu vers les terres: mais où est passé le
chemin côtier? On ne saura jamais... car ici, on s'éloigne
de la mer et, ouh! ça grimpe drôlement! C'est qu'on
file droit vers le volcan voisin, pas aussi haut que le Mayon
mais quand même... On râle un peu d'avoir quitté les
plages pour cette satanée pente, mais on finira par en
venir à bout en début d'après-midi, avec
une Amanda encore en petite forme: ses sinus n'ont pas vraiment
apprécié les «butandings »…
Après la grosse montée, un chemin plus vallonné,
toujours dans les terres, et enfin, la descente sur la ville
de Matnog: nous voilà à l'extrême sud de
l'île de Luzon et c'est le moment de prendre notre premier
ferry. On quitte Luzon pour notre seconde île, celle de
Samar! Mini-croisière de moins d’une heure devant
un joli coucher de soleil à bord...
Nous nous retrouvons de nuit sur l'île de Samar, juste
en face, et décidons d'aller directement trouver la police
pour solliciter un bivouac. Après un refus (un peu sec!)
de l'église juste en face, où ils nous avaient
renvoyés, les policiers acceptent de nous laisser dormir
sur la «terrasse» du commissariat: nuit un brin
bruyante et sous les lumières, mais au moins, nos vélos
sont bien gardés!
|
|
16 avril, 653ème jour: Route côtière
= du dénivelé!
[Allen—> ferry: 74km – 623m]
|
Réveil matinal et départ à 7 h 30, après
un super petit déjeuner dans l'une de ces fabuleuses pâtisseries
que l'on trouve partout. De quoi affronter gaiement la route qui
va suivre: malgré sa situation en bord de mer, elle n'a
rien de reposant et on alterne de vigoureuses montées et
descentes.
Mais
l'effort en vaut la peine: que c'est joli, ces vues sur
l'eau transparente
et turquoise, ces villages aux pirogues à balanciers
peintes de couleurs vives, ces cabanes de bois et de bambou
entourées de cocotiers, et toujours le sourire de
tous ceux que l'on croise! |
|
À
midi, on s'arrête en général dans une «Eatery» qui
propose des plats maison dans des casseroles, un peu comme au Cambodge:
ici, rien de pimenté, mais toujours du riz, agrémenté de
ragoût de porc, de poissons grillés, ou de légumes
en sauce. On mange pour 1,50 € pour deux! (sans oublier le
halo halo au dessert...).
Amanda a toujours les sinus douloureux et la chaleur de four
n'arrange rien... mais on avance quand même pas si mal et en fin d'après-midi
nous voici déjà à Calbayog, port côtier
où nous attend notre ferry pour Cebu (3ème île,
déjà!).
Ferry plus conséquent que le précédent, puisqu’on
va y passer la nuit. Quelques courses, un micro-tour sur Internet,
et nous embarquons au (très beau) coucher du soleil. Par
chance, on se trompe sur nos billets et nous sommes guidés
jusqu'à la classe B, alors que nous étions en classe économique:
on ne le regrette pas car on a droit à la clim et à un
peu de calme: la pièce est grande, mais rien à voir
avec le pont supérieur, entièrement rempli de petites
couchettes et à l'air libre! Il y a même accès à une
douche: que demander de plus?
|
|
17 avril, 654ème jour: Journée «ferry »
[ferry—> Bohol,
Clarin: 16km – 212m]
|
Arrivés à Cebu, on nous fait patienter sur la jetée
un bon bout de temps pour finir par nous présenter une facture
de 30 pesos pour le «handling» (sic) de nos vélos,
c'est-à-dire leur transport dans et hors du ferry... que
nous avions effectué nous-mêmes! soupir... mais c'est
l'administration du port, intraitable. On fait ensuite le tour
des compagnies qui pourraient nous conduire en ferry jusqu'à notre
réelle destination, l'île de Bohol. Ça prend
un moment! Queue, malentendus, refus de prendre les vélos
ou tarifs hors-budget...
|
On
y passe la matinée,
mais on trouve enfin (sur un cargo «lent»!),
et à 16 h 30, nous voilà sur Bohol, non sans
avoir accumulé une liasse impressionnante de divers
papiers administratifs, tous des factures, pour: les billets
- les frais de terminal passager - les frais de terminal
pour les vélos - les billets des vélos - le «handling» des
vélos - les frais de la capitainerie du port pour
les vélos, bien sûr à chaque fois un
exemplaire par vélo...! En fait nous avons dû passer
par la même procédure que pour transporter...
une voiture! et dire que nous pensions que le ferry serait
bien plus simple que l'avion... |
Enfin bon, nous voilà donc à Tubigon,
Bohol: ouf! Nous pédalons jusqu'au coucher du soleil,
en nous enfonçant
peu à peu dans les terres en direction des célèbres «Chocolate
Hills», des collines coniques étranges que nous
voudrions visiter demain. Ça monte un peu, mais rien à voir
avec les prédictions terrifiantes des locaux (qui doivent être
seulement habitués aux routes plates du bord de mer!).
Le problème, c'est plus le ciel... qui aujourd'hui nous
crachine dessus! On se pose juste avant une grosse averse,
dans le joli jardin d'une jeune femme qui vit dans une belle
maison
avec ses deux adorables petites filles. Son mari travaille
en Alaska: américain? En tout cas elle nous laisse envahir
sa pelouse avec le sourire... Espérons que la tente
tienne la pluie!
|
|
18 avril, 655ème jour: Comment ça,
elles sont pas en chocolat???
[Clarin —> Loboc: 61km – 552m]
|
Nuit bien humide: nos craintes sont
confirmées, la tente
est bien moins étanche qu'avant! Mais tout sèche
au soleil du matin pendant que nous prenons douche et petit déjeuner
chez la jolie maman.
En route pour les «hills»! Mais ça va prendre plus
de temps que prévu car c'est la journée des grosses averses
tropicales... La première nous surprend loin de tout abri, et
nous passons une demi-heure à nous faire goutter dessus, sous
l'abri dérisoire de notre bâche (qui elle non plus n'est
plus étanche!) entre les deux vélos... On finira trempés! Heureusement que ça sèche vite...
Mais
le soleil revient, et juste au bon moment, sur le point
de vue très
touristique (et payant) des Chocolate Hills. C'est surprenant,
tous ces cônes qui s'étalent à nos
pieds jusqu'à l'horizon! Ils sont issus de l'érosion
de sédiments calcaires provenant des récifs,
mais on a tout de même du mal à s'expliquer
comment l'érosion a pu modeler ces formes géométriques...
Admirons, et prenons des photos! (en même temps
que des dizaines d'autres touristes, surtout philippins,
venus
faire leur sortie du dimanche...). |
|
À peine est-on redescendu
du point de vue que le déluge s'abat
de nouveau sur nous... ouf, cette fois on a un abri! Amanda en profite pour
téléphoner à Marseille, où tout va bien. Le soleil
revient... filons avant la prochaine averse! À présent la route
descend plus qu'elle ne monte et après un magnifique passage dans une
jungle luxuriante et bruyante qui nous cache même le ciel, nous voici à la
petite ville de Loboc. On trouvera refuge pour la nuit dans sa très «vieille» (17ème
quand même) et très belle église, dont l'un des prêtres
nous laisse dormir sous un escalier, avec garde de la sécurité et
douche, tout de même! Et vu ce qui va tomber cette nuit, nous sommes
raaavis de ne pas être sous tente!
|
|
19 avril, 656ème jour: Des tarsiers!!s
[Loboc —> Biking (Panglao): 44km – 370m]
|
Ce matin on a rendez-vous avec l'un
des plus petits primates au monde: le tarsier! Deux heures
de très beau pédalage
sous le soleil (enfin!) nous amènent au Tarsier Visiting
Center de Corella. C'est très bien aménagé,
avec énormément d'informations, et surtout un très
grand enclos entourant une portion de forêt dans laquelle
vivent une dizaine d'individus.
|
Un
guide nous en fait faire le tour et va nous présenter... ses habitants...
qu'il parvient à débusquer sous le feuillage.
En voilà un! minuscule, évidemment, avec
deux yeux immenses écarquillés en un regard à la
fois curieux et halluciné. Peu farouches, ils restent
tous presque immobiles devant nos appareils photo et le
guide vérifie que nous ne les dérangeons
pas trop. Nous en verrons quatre dont une femelle avec
son bébé de deux jours réfugiée
au sommet d'un arbre, dont on ne verra que les fesses...
Un joli moment en résumé! |
On poursuit par un pédalage jusqu'à la «grosse»ville
de Tagbilaran, nous nous achetons notre billet de ferry pour
Cebu. De là, nous rejoindrons, en ferry encore, l'île
de Palawan. Les ferries pour cette dernière n'étant
pas tous les jours, nous pouvons rester sur Bohol jusqu'au 22,
soit encore deux jours complets: chouette! On va en profiter
pour aller faire le tour de la toute petite île de Panglao,
au sud de Bohol, accessible de Tagbilaran par pont: il paraît
qu'il y a de belles plongées à y faire... Pour
le moment, on se contente juste d'y pédaler quelques kilomètres
car le soir tombe déjà. Nous comptions trouver
une plage pour y bivouaquer, mais en fait toute la côte
que nous longeons est bordée de falaises. Nous finissons
par nous arrêter manger des brochettes de poulet au bord
du petit chemin où nous pédalons, et la cuisinière
nous proposera gentiment de poser notre tente juste à côté,
dans son jardin. Parfait! Mais on aura encore mieux: sa maman,
qui habite juste derrière, nous interrompt dans nos installations: ah non, vous n'allez pas dormir là: vous risquez de
vous prendre une noix de coco sur la tête, c’est
très dangereux! Venez donc chez moi! ». Et une
tribu d'enfants mignons comme tout (ses petits-enfants) se charge
de monter toutes nos sacoches dans la chambre d'amis où est
installé illico un ventilateur. Quel accueil! On s'endort
bercés par les chants atrocement faux qui s'échappent
d'un karaoké voisin: les Philippins adorent le karaoké et
n'ont aucun complexe de voix, pour sûr!
|
|
20 avril, 657ème jour: Journée
pourrie!
[Biking—> Alona
Beach: 32km – 160m]
|
Pas de bol: alors que nous voulions
nous lever à l'aube
pour aller plonger, une nouvelle pluie torrentielle nous bloque
jusqu'à huit heures... Soyons tout de même heureux
d'être au sec! et dans une famille bien sympa dont la grand-mère
nous a préparé un fabuleux petit déjeuner,
avec pain, café, poulet grillé et patates douces
du jardin. On est gâtés dans ce pays...
Vu le temps exécrable, on remet la plongée à demain
et on décide de retourner à Tagbilaran pour faire
prolonger nos visas: ce sera ça de fait! Ce qui nous prend
la matinée, plus 100 € tout de même, pff... On
fait aussi réparer nos pauvres sandales qui partent en lambeaux,
plus un tour dans un cyber pour tenter (en vain) de reformater
notre disque dur qui déraille. Quand on sort la tête
de tout ça, la journée est déjà presque
finie: que c'est frustrant de perdre son temps pour ces choses
inintéressantes quand on a des récifs coralliens
juste à côté qui n'attendent que nous! Grr...
et pour couronner le tout, une nouvelle grosse averse nous accueille à notre
retour sur Panglao: nous voilà trempés! Sale journée...
On pousse quand même jusqu'au bout de l'île, où se
trouve la célèbre plage d'Alona Beach, riche en cafés
et clubs de plongée: on en dégotte un encore ouvert
et nous réservons une plongée pour demain sur l'île
minuscule de Balicasag, au large de la plage, dont on a entendu
des merveilles... En fait, ce sont deux plongées (ou rien)
qu'on nous propose car le bateau part pour la journée. hmm...
on hésite: ça fait cher pour notre tout petit budget! Mais un SMS des parents d’Olivier vient, à point
nommé, nous convaincre de céder: «faites-vous
plaisir! ». Pour nos anniversaires, ils nous offrent les
plongées... merci les parents!
Reste enfin à trouver
où dormir... dans ce coin ultra touristique, ce n'est
guère évident. Nous attendons un peu que les
cafés se désemplissent... puis nous dressons
la tente à deux pas, sur la plage, en espérant
qu'on ait le droit? un type de la sécurité semble
trouver ça tout à fait normal (sauf nos vélos
qui l'interloquent!) donc tout va bien! |
|
On pourrait presque bien dormir si ce n'est la petite averse
du milieu de la nuit… Cette fois-ci, nous voici littéralement
sous les cocotiers! (enfin à 2 m près, on a bien
appris notre leçon chez la dame d’il y a deux jours:
pas envie de se prendre une noix de coco sur la tente!).
|
|
21 avril, 658ème jour: Les Philippines,
version sous-marine
[Alona—> Doljo
Beach: 22km – 6m]
|
Dès cinq heures, la plage s'agite:
les premières
pirogues à balancier viennent s'amarrer juste à côté de
notre tente pour embarquer des touristes matinaux en promenade
de «Whale Watching»: c'est qu'il y a plein de dauphins,
au large! On a droit à un joli lever de soleil sur la mer...
|
Nous,
c'est un peu plus tard qu'on embarque: à 9 h 30, nous voilà sur
notre «pirogue de plongée », en route
pour les récifs de Balicasag! Petite appréhension
avant de se jeter à l'eau: c'est que ça fait
plusieurs années (quatre pour Olivier, cinq ou six?
pour Amanda) que nous n'avons pas plongé... mais tout
revient instantanément et nous sommes tout à fait à l'aise
dans notre petite palanquée de cinq. Que c'est beau,
les coraux et toute cette faune colorée! La seconde
plongée sera la plus spectaculaire, avec une tortue
qui nous passe presque sous le masque dès le début
de l'exploration, des rascasses volantes et d'énormes
poissons argentés qui forment en banc des colonnes
creuses immenses et animées: impressionnant et magique... |
On en
ressort ravis, un peu glacé pour Olivier et tout rêveurs:
vivement les prochaines plongées! et vive le café chaud
servi dès notre remontée à bord...
On rentre en début d'après-midi et après avoir
tout rincé et rangé, nous quittons cette plage bien
trop touristique à notre goût (mais que lui trouvent-ils
de si spécial?) pour aller à la recherche de coins
plus tranquilles... Et de l'autre côté du cap, c'est
effectivement bien mieux! Comme à Alona, sable blanc, cocotiers
et eau turquoise... mais la plage est plus grande, plus large et
surtout dénuée de tous ces bars, dive centers et
hôtels qui enlevaient tout charme à Alona Beach!
et il n'y a quasiment personne... En revanche, pas moyen de planter
la tente gratuitement: nous sommes sur le «territoire» d'un
hôtel, mais nous pouvons «louer» une petite
hutte de bambous 150 pesos (2,5 euros): ça nous va! avec
un gardien en plus, parfait. Ce qui n'empêche pas tout le
village de passer nous voir, ou plutôt voir les vélos...
pour un peu d'intimité, il faudra je crois attendre l'Australie! «Rappelle-toi
qu'on est toujours en Asie du Sud-Est»explique
Olivier à Amanda, «patience...». Lui passera
une partie de la soirée à discuter avec un jeune «prêtre» baptiste
de 27 ans qui lui pose pas mal de questions (et essaie au grand
désespoir d’Amanda de nous convaincre que l’évolution
n’existe pas… aaaargh). Olivier réparera aussi
le siège cassé d'Heidi sous le regard curieux de
ses «admirateurs». Réparation qui finira par
une amputation, faute de résine suffisamment solide: on
coupe un bout du siège à la scie, et finalement ce
n'est pas plus mal! Puis tout ce petit monde nous laisse enfin.
Avant de nous endormir, nous assistons à un étrange
ballet d'embarcations devant la plage. Mais... que font-ils?
Oh! les ordures, ils pêchent à la dynamite! (illégalement
bien entendu). Nous assistons, impuissants, au douloureux spectacle
de la dégradation irréversible des coraux... damned!
heureusement, ça ne dure pas bien longtemps...
|
|
22-24 avril, 659-61ème jour: ferry
encore et encore
[Doljo—>Palawan: 40km – 49m]
|
Visite à 6
h 30 du jeune «prêtre» de la veille...
qui revient avec des cadeaux: une bible en anglais (mais...
c'est lourd, ça!) et de très beaux coquillages
polis. Nous sommes touchés, même si nous ne
partageons pas les mêmes idées! Petite baignade
avant de partir: la pauvreté de la faune et flore
témoigne des ravages de la pêche à la
dynamite... Seuls quelques morceaux de coraux cassés
ont échappé au carnage.
Nous ne restons pas trop dans l'eau: de minuscules méduses invisibles
(du plancton?) nous laissent des petites cloques brûlantes sur la peau:
fuyons! |
|
À 10 heures, nous voilà de
retour à Taldigaran: c'est l'heure de reprendre notre
ferry pour Cebu.
Et à Cebu, en début d'après-midi... c'est
l'heure de prendre notre ferry (nocturne) pour Ilo-Ilo et les Palawan.
Rien de bien passionnant, et encore une course aux divers papiers
autorisant le transport de nos chères bécanes...
(564 pesos rien que pour leur place sur le bateau: ouch, le budget!).
Cette fois, on s'offre pour de bon la classe «touriste»:
avec la clim! Et on a bien fait, car il fait une de ces chaleurs!
Escale à Ilo-Ilo le lendemain matin, par une chaleur déjà terrible.
On y passe une bonne partie de la journée, au frais (relatif)
dans un cybercafé sympa. On tombe aussi sur un magasin de
vélos: tiens, ils ont des dérailleurs arrière
pas trop chers, Shimano Tournay (ça on connaît pas,
mais Shimano, ça devrait être bien non?). Ouaiis,
Heidi va avoir droit à un nouveau dérailleur! Plus
des nouvelles gaines, les siennes étant complètement
H.S. (Amanda hier passait ses vitesses à l'arrêt,
avec ses deux mains pour tirer la manette!). Olivier s'occupe
de la chirurgie pendant qu'Amanda cherche sur le Web des infos
sur l'Australie, notre prochain pays: on a un itinéraire à fabriquer...
|
À 16 heures, on embarque
pour le dernier tronçon du voyage: Ilo-Ilo? Cuyo?
Puerto Princessa, à Palawan. La nuit à bord
sera plutôt calme, même si pas très intime:
nous sommes les seuls «blancs », donc tout le
monde nous observe du coin de l’œil, mais toujours
avec respect et politesse. On arrive le matin à Cuyo
où le ferry fait une escale de 5h: on en profite pour
aller se baigner sur la très jolie plage qui longe
l’embarcadère. Que c’est paisible, que
de soleil, d’eau et de couleurs! Ambiance des îles,
avec bien sûr un fond sonore de karaoké très,
très faux. On est bien, sur cette petite île
perdue au milieu de nulle part…A 13h, le ferry repart,
nous avec: patience, encore une nuit et on en a fini avec
les ferries pour un moment! |
|
|
25 avril, 662ème jour: Une île
de plus!
[ferry —> Babyan
(Palawan!): 55 km – 356m]
|
À 8 h 30 du matin: ça y est, on arrive! Débarquement
rapide et sans souci. Puis Olivier s'installe à l'ombre,
trousse à outils en main: il faut vérifier le moyeu
arrière d'Heidi (encore et toujours), et sa roue arrière
est à plat... Pendant ce temps, Amanda part à pied à la
pêche aux informations sur l'île, les routes, et surtout
les possibilités de ferry, locales ou pour Manille. Les
locales semblent terriblement limitées ou alors terriblement
chères: on va peut-être renoncer à aller visiter
le bel archipel des Busuangas, au nord de Palawan: trop compliqué,
trop long, trop cher... autant prendre plus notre temps sur Palawan
et plonger sur le célèbre site d' El Nido, au nord
de l'île, face à l'archipel de Bacuit. Ah, c'est toujours
dur de choisir et de décider qu'on ne peut pas tout faire! Et enfin, en fin de matinée, on se remet en route: ça
fait du bien de retrouver nos vélos! La route est belle,
asphaltée, toute en montées-descentes. On regrette
juste qu'elle ne longe pas la côte, malgré ce qu'on
pensait: adieu, nos rêves de pédalage ponctué de
baignades sur plages désertes! Mais c'est bien joli quand
même... On dégotte pour le soir une cabane en bambous
sur pilotis dont le propriétaire nous laisse libre accès.
On va être bien! (Et on a trouvé du chou: youpi,
on en avait marre des pâtisseries).
|
|
26 avril, 663ème jour: Promenade
côtière
[Babyan—> San
José: 65 km – 552m]
|
Joli lever de soleil avec silhouettes
de cocotiers... Mais on retombe endormis encore un moment: tout
ce ferry nous a décalés! On se met donc en route un peu trop tard, vers huit heures, et
déjà le soleil tape fort. La journée va être
chaude! et la route nous gratifie régulièrement
de petites côtes assassines à 10 % qui nous mettent
en nage... en nage? justement, ça tombe bien, nous revoilà sur
la côte, et les virages nous offrent des vues alléchantes
sur une eau turquoise et scintillante... On finit par trouver un
accès à la plage: pas si facile, car la route est
bordée d'habitations, ou pire, de ces «resorts» pour
touristes, souvent bien vides, et qui nous «volent» nos
baignades... grr!
Mais nous voilà devant un bout de plage rien qu'à nous,
eau bleue et cocotiers compris: à l'eau! ça fait
un bien fou à nos cuisses fumantes («pshiiiii! »).
Mais sous l'eau, on réalise qu'on est cerné par d'innombrables
petites méduses transparentes: zut! ça pique, ça? on n’ose pas tester, et on finit par opérer une
prudente retraite sur le sable. Tant pis pour le «snorkeling »,
de toute façon il n'y avait guère de récifs
par ici!
Philéas cependant témoigne de son mécontentement:
lui n'a pas pu se baigner et il râle: un maillon de chaîne
cassé! (40 minutes de réparation en plein cagnard),
un câble de dérailleur cassé! (30 minutes,
mais à l'ombre, ouf!). On n'avance guère avec ça! Mais la route est belle, avec ses vues sur la mer à droite,
les montagnes à gauche, les champs de cocotiers partout! Et comme toujours quand la route belle, ça grimpe raide...
mais joyeusement!
Alors
que le soleil tombe, on se fait inviter par une famille
au
bord de la route à qui
nous demandions notre chemin. Lui est le prêtre baptiste
du village... comme le prêtre précédent,
il est très souriant, très accueillant, et...
très prosélyte! Nous avons droit à une
grande discussion sur l'existence du paradis, de l'enfer,
et le danger des théories darwiniennes... Amanda
retient sa langue avec difficulté, mais en fait
il s'agit plus d'un monologue... plutôt fanatique.
Argh. (heureusement que nous avons dit que nous étions
chrétiens,
sinon nous y serions encore...). Mais à part ça,
la famille est adorable et la maman particulièrement
gaie et hospitalière. Nous partageons leur |
|
repas (prière
avant et après bien sûr) puis passerons la nuit
dans une cabane adjacente de la leur. Ils sont assez démunis,
mais toujours enthousiastes. Si seulement ils pouvaient ne pas
mentionner «The Lord» à chaque phrase, on
serait plus à l'aise! Ah, la religion...
|
|
27 avril, 664ème jour: La plage qui
se mérite
[San
José —> San Vicente: 60km - 652m]
|
Départ après le petit-déjeuner
en famille, et avec un livre sur «la maturité de
la foi» dans
nos sacoches... Ça plus la Bible: on va lancer une bibliothèque
baptiste!
On hésite au carrefour suivant: à 22 km, à gauche,
il y a Port Barton, dont on nous a dit des merveilles... mais ça
nous fait un aller-retour, soit 44 km de mauvaise piste avec plein
de dénivelés... et à chaque fois qu'on nous
vante un endroit, on découvre ensuite qu'il s'agit d'un
site «à touristes», avec bars et «resorts»:
pas trop notre truc!
Tant pis, on passe sur Port Barton,
on va plutôt essayer
San Vincente, pas du tout connu, au carrefour suivant: cette
fois, seulement 13 km de mauvaise piste: allez, on tente! À mi-chemin,
on regrette notre choix: la route est horrible! Pentes à 10
% sur caillasses dérapantes, chaleur de four, qu'est-ce
qu'on fiche ici?
|
On
pense à rebrousser
chemin, mais un motard de passage nous affirme que dans 1
km, ça descend... osons-nous le croire? allez... effectivement,
2 km plus loin, ça descend enfin: ouf! et on arrive à San
Vincente juste à temps pour le coucher du soleil...
sur une plage à tomber par terre! Déserte,
blanche, immense (au moins 2 km!!), bordées de cocotiers,
bref, paradisiaque... On ne regrette pas nos 13 affreux kilomètres,
finalement! et pas un touriste à l'horizon... |
Ce soir, on dort dans une immense maison
déserte en construction
(qui appartient à un allemand) dont les gardiens (philippins)
nous laissent l'accès avec une gentillesse un peu perplexe:
aucun philippin n'en revient de voir des touristes aussi bizarres
qui fuient tant le luxe: «But, there are no beds! but...
it's dirty!»«but, there is wind! »: no
worries!...
|
|
28 avril, 665ème jour: Les vagues, ça
crève!
[San
Vicente—>?:
30km - 450m!]
|
La plage de nos rêves nous attend au réveil... après
un petit déjeuner de noix de coco tout juste coupée
dans l'arbre par les gardiens (avec un coupe-coupe attaché à une
tige en bambou de 10 m!), on passe la matinée à jouer
dans les vagues, seuls avec notre plage comme des Robinsons. Le
pied!
Puis retour vers la «vraie»route,
par un autre chemin qu'on nous indique et qui nous évite
un aller-retour: on gagnera 8 km, mais la route n'est pas pour
autant plus facile que
la veille: on bat le record de pente avec 17 %! (et on pousse
quand c'est encore plus raide...).
Après le soleil sur la plage, l'après-midi est bien
couvert, et on a droit à pas mal de petites et grosses averses... À une
pause sous un arbre, surprise: une famille de singes traverse
la route à 200 m de nous! Nos premiers singes vraiment
sauvages... La suite, c'est beaucoup moins drôle: la pluie
a transformé la route en un champ de boue collante intraversable
(on a laissé l'asphalte à Roxas, hier): on ne parvient
même plus à pousser nos vélos, car la boue
se colle en énormes paquets dans les freins et bloquent
les roues... damned! Ajoutons que la matinée dans les vagues
nous a épuisés: on n'en peut plus!
On
finit par demander l'hospitalité à la première maison qui
apparaît enfin: chance, on va tomber sur un «ange »:
Roméo, un homme de notre âge avec son jeune
fils Paulo, six ans, nous invite illico chez lui avec une
joie communicative: lui aussi fait du vélo, il en
a même trois chez lui, et la boue, il connaît!
Nous voilà ses invités de luxe, dans une maison
de bois très bien construite et très coquette
qui nous impressionne: il a réussi à y intégrer
tout le confort possible sans électricité ni
eau courante! En fait, sa femme est en voyage à Manille
mais il semble se débrouiller parfaitement en «homme
au foyer»: la maison est impeccable et il nous mitonne
un repas délicieux. Son fils est aussi mignon que
sage et nous regarde avec de grands yeux... |
|
Ce soir, on dort «à l'étage », sous
le toit, dans une mezzanine adorable qui manque juste un peu d'étanchéité au
centre du plafond: c'est que la pluie a repris de plus belle et
durera toute la nuit: aïe aïe aïe, encore plus
de boue demain, ça va être infranchissable! Bon,
qui vivra verra… en attendant, on s'endort au son de la guitare
de Roméo qui en plus est très bon musicien et chante
tous les soirs avec son fils: c'est vraiment joli... Encore un
de ces moments magiques...
|
|
29
avril, 666ème jour: Pluie tropicale!
[? —>15km
d’El Nido: 44 km – 416m]
|
La pluie ne cesse qu'au petit matin...
pas moyen de pédaler
sur cette piste détrempée (même les bus ont du
mal...). Après un délicieux petit-déj, on fait
du stop sur la route avec Roméo qui nous dégotte en
10 minutes un pick-up «du gouvernement» qui peut nous
emmener jusqu'à Tay Tay, à 30 km. Après, promet-il,
la route n'est plus boueuse et nous devrions pouvoir rouler. Merci
Roméo! Et bonjour à Lena, la propriétaire du
pick-up: non seulement elle nous emmène à Tay Tay
mais elle nous invite dans un restaurant plutôt classe: nous
nous délectons d'un poisson à se damner (plus du poulet
frit, plus du bœuf!). Elle doit être un personnage important
de Tay Tay, car elle ne paie pas et sur sa demande, l'un des serveurs
nous escortera en moto jusqu'à la sortie de la ville: traitement
VIP! Merci Lena!
|
En
plus, il ne pleut plus et effectivement la route est praticable.
L'après-midi,
malgré pas mal de crachin, sera un vrai régal
de pédalage: on nous avait dit à Puerto Princessa
que la route entre Tay Tay et El Nido était une calamité («You?
by bicycle? to El Nido? Nooo!»), mais une fois de plus,
les gens n'ont pas idée de ce que peuvent faire nos
vélos... et la route est en fait une petite merveille,
avec d'horribles petites montées mais jamais bien grandes
et de fabuleux paysages que nous sommes (enfin!) tout seuls à savourer.
Arriverait-on enfin dans une zone vraiment isolée
des Philippines? youpi! |
Sauf que... à 17
km d' El Nido, alors que nous nous disions justement que nous allions
pouvoir y arriver avant la nuit, le crachin
s'épaissit... se transforme en averse... qui se transforme
en déluge... qui devient un véritable cataclysme!
Avant la dernière étape, chance, une maison isolée
apparaît au creux d'un virage: nous nous réfugions
in extremis sous son porche, complètement trempés,
sous le regard amusé d'une mamie qui y tricotait paisiblement: «mais
oui, venez à l'abri!». Ce qui tombe
ensuite est impressionnant, un vrai orage tropical, grandiose.
Il n'est que 17 heures (coucher du soleil à 18 h 15) mais
il fait déjà presque noir et le bruit de l'eau exclut
toute conversation.
Ce
qui n'empêche
pas «gentille mamie», accompagnée de «gentil
papy frêle»et de leur jeune «fils ado souriant»(si
si, ado et souriant et terriblement gai et prévenant
avec ses vieux parents !) de nous servir café et biscuits
sous le porche. Encouragés par leur gentillesse, nous
attendons une accalmie pour leur demander l'hospitalité pour
le soir : la tente ne tiendrait jamais sous un déluge
pareil ! Pour eux, la question ne se pose même pas
! |
|
Ils sont juste très gênés
car ils n'ont pas de viande ni de pain (et avec ce temps pas moyen
d'aller faire les courses évidemment); on leur explique
que c'est nous qui sommes désolés de nous imposer
et on leur offre tout le contenu alimentaire de nos sacoches: c'est
maigre (pâtisseries, sardines en boîte, mangues, café :
c'est qu'on avait laissé tout le reste à Roméo!),
mais ils en font un festin avec riz et délicieux légumes
inconnus (courgettes géantes vert pâle?) en sauce.
Miam ! On est juste très gênés quand ils nous
servent avant eux et attendent qu'on ait terminé le repas
pour se servir à leur tour... heureusement qu'on en a laissé tout
plein, prévoyant le coup !
Ils nous installent ensuite un lit de rois dans leur «salon» et
la nuit sera très bonne, malgré le bruit toujours
tonitruant de la pluie qui ne cesse pas (mais d'où vient
toute cette eau??).
|
|
30
avril, 667ème jour: Arrivée au bout de la route
[avant El Nido —> El
Nido: 18 km – 250m]
|
La pluie
cessera enfin à l'aube
et nous ne tardons pas à nous lever: la maisonnée
s'est réveillée à 4 h 30 du matin, ils sont
encore plus matinaux que nous!
L'avantage, c'est
qu'à sept heures, nous sommes déjà sur
les vélos (avec
café et œufs et riz dans l'estomac), et à huit
heures, nous voici... à El Nido! C'est très
joli, malgré le crachin, tout en majestueuses falaises
de calcaire gris et noir finement découpées
qui nous rappellent un peu la Baie d'Halong (serait-ce l'effet
du crachin?). |
|
On part se renseigner sur les ferries pour Manille (comme prévu,
le nôtre part le 2 à minuit, ce qui nous laisse trois
jours ici), sur les plongées (on en réserve deux pour
après-demain, dans un club très sympa), et sur les possibilités
de visites de la baie de Bacuit où El Nido se blottit, célèbre
pour ses eaux cristallines et ses récifs: on réserve
la journée de demain pour faire du «Island Hopping»,
au principe simple: une pirogue à balanciers nous emmène
(avec d'autres touristes) d'île en île et de plage en lagon
secret, avec à chaque fois une grande pause pour visiter l'endroit
en palmes, masque et tuba. Là encore, c'est assez cher (12 € par
personne!) mais c'est le seul moyen de vraiment visiter ce coin paradisiaque:
on craque aussi!
Le reste de la journée, on le passe avec Marielle et Marc, un
couple de notre âge croisé au comptoir du «Island
Hopping» avec qui nous sympathisons tout de suite: on mange
ensemble, puis ils nous guident jusqu'à leur «guesthouse»,
une cabane loin du village, dans la baie voisine, dont les propriétaires
acceptent de nous laisser dormir sur la terrasse d'une maison en construction
pour 100 pesos: c'est qu'on est dans un site touristique, ici, pas
d'invitation! Mais au final on ne pouvait avoir mieux: bivouac sur
la plage et à l’abri de la pluie, que demande le peuple?
On tente tous les 4 une sortie «snorkeling» de la plage
sur laquelle donne «notre» terrasse, mais avec toute
cette pluie, la visibilité est absolument nulle: on ne voit
même pas ses pieds! Tant pis, on aura au moins nagé un
peu, et une pirogue de pêcheurs qui passait par là nous «prend
en stop» pour le retour (toujours sous la pluie): sympa! pourvu
qu'il fasse plus beau demain…
|
|
1er
mai, 668ème jour: Snorkeling sous la pluie
[El Nido]
|
Eh ben
non, il pleut toujours! Amanda a sûrement dû offenser
les dieux en échangeant
notre Bible baptiste et notre livre fanatique sur la foi contre deux
gros romans au «book exchange» du restau du coin, oups… ce
qui ne nous empêche pas d'aller passer la journée sur
notre pirogue de «island hopping », en compagnie de Marielle
et Marc. Malgré le temps maussade, on découvre des
plages désertes «à la Robinson», absolument
paradisiaques et des lagons cachés dignes de films hollywoodiens.
C'est superbe! et quand la pluie se fait vraiment trop forte, c'est
sous l'eau que l'on savoure le spectacle: la visibilité est
bien meilleure qu'à El Nido et nous visitons des jardins de
corail merveilleux... On verra notamment des étendues de
corail bleu, d'un turquoise surprenant!
|
À midi, barbecue
sur une plage déserte ou presque: son occupant, un
gros varan d'un mètre, viendra faire du «tourist
watching»! Bref, journée bien chouette malgré le
temps: finalement, être sous l'eau, c'est la meilleure
chose à faire ici quand il pleut! |
Bonne nouvelle du soir: Amanda a sa dispo pour 2009-2010: youpi,
un gros souci en moins! |
|
2
mai, 669ème jour: I’m diiiiiving in the rain!
[El Nido]
|
Toujours
la pluie, encore la pluie, mais on ne se laisse pas abattre:
aujourd'hui, on plonge! et grâce
au temps exécrable, nous sommes les seuls sur le bateau: on
a droit à deux plongées «en amoureux» avec
José, le propriétaire du club, un américain
sympa comme tout qui réalise ici son rêve (heu, avoir
un centre de plongée, pas longer avec nous sous la pluie,
hein!). On part sous le déluge, on plonge sous le déluge,
on rentre sous le déluge: les combinaisons en néoprène
ne seront pas utiles que sous la surface! Mais... quelles plongées!
L'eau est cristalline et nous découvrons une diversité incroyable
de coraux, de couleurs, de vie! Nous n'avions jamais vu ça
et même si aucun «gros poisson» ne vient nous
tourner autour, nous faisons ici deux de nos plus belles plongées.
La seconde est d'ailleurs célèbre de par les films
de Cousteau, tombé amoureux des «cabbage corals» qui
y fleurissent: d'immenses coraux en feuilles et en volutes qui
nous donnent l'impression de visiter une autre planète.
On
restera sous l'eau jusqu'à la dernière minute (1h15!), partageant
l'air de la bouteille d'Amanda quand celle d'Olivier se vide
trop. Le paradis: c'est dur de remonter enfin à l'air
libre! (et au déluge qui n'a pas cessé). On
rentre déjeuner au club qui fait aussi restaurant
et inclut le repas avec les plongées: on a droit à...
du crabe! un délice... et plein de café brûlant
pour réchauffer nos lèvres bleues et transies...
Bref, on est ravis... |
|
La mauvaise nouvelle en revanche,
c'est notre ferry: suite à l'annonce
d'une dépression (ça alors, ferait-il mauvais temps en
ce moment??), le départ est retardé à une date «indéfinie»!
aaargh! et notre avion pour l'Australie, le 7?? d'autant qu’au
club de plongée, on nous a expliqué que la dépression
n'était vraiment pas méchante (d'ailleurs le vent est
vraiment minimal!), mais les compagnies de ferries redoublent de précautions
depuis un affreux naufrage il y a deux ans. Toujours est-il qu'on s'inquiète
quand même: comment allons-nous rejoindre Manille? «Vous
avez essayé l'autre compagnie de ferry? ». Heu... non:
cet autre ferry partait hier? oui... mais... il n'est pas encore parti,
lui non plus, et... il part dans une demi-heure! pour Coron
(l'île au Nord d'ici), d'où il attendra la météo
avant de mettre le cap sur Manille. OK, ça nous va, même
s'il attend à Coron, c'est déjà la moitié du
trajet de gagné! Fonçons! Olivier part en vélo à toute
allure récupérer nos affaires sur «notre» terrasse,
pendant qu'Amanda va réserver deux places et vérifier
que le bateau ne part pas sans nous: ouf, c'est bon, on y est! et
on a même réussi à croiser Marielle et Marc entre-temps
pour leur dire au revoir. Heureusement qu'on n'avait pas acheté nos
billets pour l'autre ferry!
Le nôtre n'est pas bien grand, tout en bois, avec un confort
très minime et des lits pliants entassés bord à bord
sur le pont intermédiaire. Mais on n'en a cure, d'autant qu'on
y retrouve un français sympa qui nous avait fait partager son
enthousiasme pour nos vélos. Et finalement, on est ravis de
quitter El Nido, toujours caché derrière la pluie, pour
d'autres horizons: demain, Coron! On a même un minuscule aperçu
du soleil alors que celui-ci se couche: ça faisait longtemps!
|
|
3
mai, 670ème jour: Attente à Coron!
[El Nido —> Coron]
|
Le bateau
navigue de nuit et arrive à Coron
vers 3h30 du matin. Nous, on roupille, et à 8h, après
le petit-déj (riz au poisson servi par l’équipage),
on part faire un petit tour des environs avec notre nouvel ami, un «Olivier» aussi.
Une ascension de la colline voisine nous donne une jolie vue de l’archipel
des Busuangas où se cache Coron, tout en îles montagneuses
et en eaux turquoises. On a même un miracle… du soleil!
(ou presque). Puis retour en hâte au bateau avant qu’il
ne reparte… mais en fait ça ne sera pas pour tout de
suite: on va passer la journée à quai, attendant un
départ sans cesse repoussé: la météo,
toujours la météo!
On s’occupe en faisant (enfin) sécher toutes nos affaires
(les sursacoches n’ont pas parfaitement résisté au
déluge continuel), en espérant que l’odeur de moisi
qui commençait à gagner nos affaires disparaisse un peu…
|
|
4
mai, 671ème jour: Opération vélo-jouvence
[Coron —> Manille: 15km, 150m ]
|
Les tours
modernes de Manille arrivent en vue en fin de matinée, après un joli lever de soleil
et même quelques dauphins venus saluer notre bateau. Amanda
aura aussi l’occasion de voir les marins jeter la poubelle
par-dessus bord (ce qu’ils nieront sans vergogne quand on
les confrontera): il y a des sales pollueurs dans tous les pays!
A Manille, le ciel est, enfin, d’un
beau bleu et on retrouve aussi la chaleur… On ne peut pas
tout avoir! On fait nos adieux à Olivier
et on se met en route vers… le magasin de vélos du
centre. Car nous allons profiter de nos derniers jours aux Philippines
pour
faire une remise à neuf de nos bécanes qui en ont
bien besoin: la dernière date de la Nouvelle-Zélande,
il y a presque un an et plus de 10 000km!
|
On
a donc une liste grande comme ça de matériel à renouveler:
moyeux avant, moyeux arrière, chaînes, dérailleurs
arrière, freins, gaines de câbles, et on en passe.
Et comme tout ici est moins cher qu’en Australie, on
en profite! On restera à l’atelier tout l’après-midi,
car les «mécaniciens» en profitent aussi
pour nettoyer les vélos: ça tombe bien, les douaniers
australiens n’aiment pas les vélos sales! Ils
parviennent aussi à refaire un pas de vis sur la fixation
du dérailleur arrière de Philéas, problème
grave qui nous suivait depuis la Carretera |
Austral (cf carnets
précédents!): nous
avions perdu espoir de pouvoir y faire quelque chose! Comme
le temps passe, on finit par laisser
nos vélos au magasin, qui
ferme: nous irons chez Neilkriss en bus et viendrons récupérer
les bébés demain midi quand ils seront remis en état.
On préfèrerait surveiller leurs remontages de plus
près,
mais on ne peut pas rester derrière les mécaniciens
en permanence!
Nous arrivons donc à pied chez
Neilkriss et Frances qui nous réservent bien entendu un
accueil «VIP », avec
petit plat de pâtes, serviettes moelleuses et lit tout
juste fait. On est, sans même compter ce confort bien agréable,
vraiment contents de les revoir, même s’ils n’ont
définitivement pas le profil «routard! eux doivent
encore se demander comment on a survécu sans hôtel
ni restaurant dans ces endroits affreusement sauvages… Encore
une preuve que le courant peut passer au-delà des cultures,
des langues, et des loisirs: on les adore, ces deux-là,
justement parce que nous sommes si différents!
|
|
5
mai, 672ème jour: Vélo en ville
[Manille: environ
20km, 200m ]
|
Matinée sur Internet pour
trouver des vols Australie-Madagascar: c’est pas gagné!
tant pis, on verra ça en Australie, même si on est un
brin stressés de débarquer sur ce grand continent sans
avoir aucune idée de comment en ressortir! Puis c’est
parti pour un après-midi en ville. On part chercher nos vélos
au magasin où nous constatons, un peu déçus,
qu’ils ont faits les derniers montages à la «va-vite »:
freins mal réglés, dérailleur idem, Philéas
moins bien nettoyé que Heidi (faite la veille), et réparateurs
occupés à d’autres choses et peu disponibles
pour nos sollicitations. On a pourtant beaucoup dépensé chez
eux! tant pis, on refera les réglages nous-mêmes plus
tard…
Dans la même rue, on fera aussi ressouder une pièce importante
et mettre un coup de peinture antirouille sur les protège-dérailleur
arrière qu’Olivier avait bricolé à Palawan.
Allez, avec tout ça, on est repartis pour au moins 15000 autres
km!
On rentre presque de nuit à l’appartement où nous
retrouvons Neilkriss (qui a trouvé un nouveau travail au centre
d’appels de Nokia), puis Frances (qui elle travaille toujours à l’heure
européenne), et leur ami Rolph (collègue de Frances)
qui nous avait gentiment prêté un masque. On se couchera
encore bien tard, mais la soirée est sympa!
|
|
6
mai, 673ème jour: Comment peuvent-ils adorer les «malls?
[Manille]
|
Aujourd’hui, Frances nous
propose de nous inviter au restau à midi, pour ne pas être
en reste avec Neilkriss qui nous a mitonné des petits plats
pour tous les autres repas. Inutile de dire que nos protestations
n’ont eu aucun effet, ni sur l’un, ni sur l’autre! («C’est l’hospitalité philippine »,
expliquent-ils).
Après une matinée sur internet
et surtout à ranger
nos sacoches, nous suivons donc Frances pour un nouveau tour en
ville: elle nous propose de nous amener au «Mall» voisin
de son bureau, un immense centre commercial ultramoderne où elle
va souvent manger à la pause-repas avec ses collègues.
Mais que peuvent-ils donc trouver à ces «malls» bruyants,
royaumes du monde de la consommation? Mais il faut avouer qu’après
l’Asie Centrale et même l’Asie du Sud-est, ces
endroits modernes et luxueux nous apparaissent un peu comme des
cavernes d’Ali-Baba.
Bon, malgré ça, on ne peut pas dire que ce soit vraiment «notre
truc»! Nous nous promenons donc dans les allées ultra-propres
et lumineuses qui bordent les boutiques, dans la fraîcheur
de l’air climatisé. Nous pensions que Frances nous
emmènerait
dans un self service, mais pas du tout, nous voici (on aurait dû s'en
douter) dans un restaurant italien assez chic: les pâtes
y sont délicieuses! Merci Frances, même si... il ne
fallait pas! (nous n'avons pas mérité ce traitement
de princes...).
Nous la laissons gagner son travail et
de notre côté,
profitons du «mall» pour faire des courses pré-Australie:
profitons une dernière fois des bas prix asiatiques! Nous
en ressortirons exténués mais avec un nouveau lecteur
MP3, un mini haut-parleur (le notre était HS), une souris
pour notre ASUS, des photos de nous à donner aux familles
qui nous hébergent, et tout un tas de babioles. C’était
la minute shopping de Globicyclette!
Notre dernière soirée se
fera avec Neilkriss mais nous sommes tous exténués
par les courtes nuits précédentes
(deux heures?six heures!), et notre hôte ne tarde pas à se
mettre au lit. Nous, on termine nos rangements de sacoche:
c'est qu'on prend le bus à l'aube demain pour l'aéroport!
On s'écroulera
sur notre lit avant le retour de Frances, mais on lui avait
déjà dit
au-revoir à midi. On est... crevés!
|
|
7
mai, 674ème jour: L’enfer des aéroports…
[Manille —> Australie
]
|
Réveil difficile à 4h30… A
5h, nous faisons nos adieux à Neilkriss qui s’est levé exprès
pour nous, et l'on se met en route sur nos vélos, dans le
noir et sous un petit crachin: direction, l'arrêt du bus pour
l'aéroport! (pas moyen d'y aller en vélo, car il y
a plus de 120 km à faire!).
On commence à démonter
et emballer nos vélos en
attendant le bus, et, comme ils nous l'avait assuré, les
chauffeurs ne poseront aucun problème pour charger nos vélos
en soute: ouf! un souci de moins...
Le stress suivant, c'est le passage des vélos à l'enregistrement
des bagages, un peu plus de deux heures plus tard. C'est que nos vélos
ne sont pas censés faire plus de 15 kilos... et ils en font
20!... Mais Olivier qui les maintient habilement sur la balance, parvient «l'air
de rien» à les alléger jusqu'au poids limite...
ouf! ça passe!
Les transits aériens sont en fait
une somme de stress qui s'empilent les uns sur les autres... Voire
de stress imprévus, comme celle
de «taxe de départ» à payer, de 10 € par
personne, mais en pesos philippins seulement. En aurons-nous
assez? tout juste, moins dix pesos que le guichetier nous offre:
c'est gentil!
On n'a plus un peso!
Notre cœur se serre en décollant
de ce 19e pays, où le
pédalage n’a jamais été aussi agréable… mais
la pluie battante sur le tarmac nous fait dire que nous partons
vraiment au bon moment: vive l'aride «outback» australien!
|
|
Les
petits détails du quotidien...
|
La nourriture
philippine rassemble, à l’image
du pays, des influences de toutes parts: asiatiques, avec
la prédominance du riz dans les plats,
mais aussi plus occidentale, avec l’apparition de plats
cuisinés
style «ragoûts»issus de l’influence
espagnole, et puis, îles oblige, le poisson est
incontournable… les
fruits bien sûr n’étant pas en reste!
On note la disparition du thé, omniprésent
dans les autres pays d’Asie du Sud-Est. Ici, on préfère
le café (toujours instantané), ou les sodas
ou bières locales (il paraît que la bière
philippine, la San Miguel, est l’une des meilleures
au monde… en tout cas c’est l’une des moins
chères!).
Le plat national, c’est notre ami Neilkriss qui nous
y fera goûter: l'adobo, une sorte
de ragoût
de porc (parfois poulet ou même poisson) cuit dans
divers épices, du vinaigre, de l’ail, et caramélisé au
beurre. On l’accompagne de pommes de terre aussi en
sauce, le tout arrosé de sauce soja. Ça sent
presque comme le filet mignon au vinaigre de framboise de
la maman d’Amanda, et c'est à tomber.
Hormis les bons
petits plats cuisinés par Neilkriss
(pâtes en sauce, nems de banane, pankakes), chez
l’habitant
nous avons surtout mangé le plat quotidien, du riz
au poisson: le poisson (du bangus, du lapu-lapu
ou du tilapia) est simplement grillé, plus rarement
servi avec une petite sauce à l’ail ou aux
oignons, et posé sur
une grosse assiette de riz. Et c’est aussi le cas
au petit-déjeûner!
Sur le bord de
la route, on trouve de nombreuses «Eatery », des
petites gargotes locales où l’on
choisit dans les quelques plats placés sur les présentoirs,
un peu comme au Cambodge: ici, rien de pimenté,
mais toujours du riz, agrémenté de ragoût
de porc (avec pommes de terre et sauce tomate:
on appelle ça
le «menudo »), de poisson
grillé, ou
de légumes en sauce (sauce soja,
vinaigre, tomate et épices divers). On trouve parfois
aussi des grillades,
le plus souvent du poulet en petites brochettes. Et tout
cela à prix très réduit: on mange
pour 1,50 € pour deux!
Pour les en-cas,
le rêve du gourmand abonde sur les
routes: les boulangeries! Dans leurs présentoirs
sont exposées des dizaines de petites pâtisseries,
en général des petits pains sucrés
ou fourrés d'une pâte brune épaisse
qui se vendent pour 1 ou 5 pesos, selon la taille (soit
entre
1/60e et 1/10e d'euro!). On en commande des dizaines de
toutes les sortes avec la même fascination gourmande
que des gamins devant la marchande de bonbons: «deux
comme ça, trois comme ça, un, non, deux comme ça,
et puis là un de chaque! ».
On complète
l’apport calorique avec l’inévitable «halo-halo », équivalent
glacé-sucré du jus de canne cambodgien: une
grande coupe remplie de glace pilée, lait concentré,
sucre, et morceaux de gélatine aux couleurs gaies.
Plus, selon le préparateur, des graines diverses,
morceaux de coco, ou même des cacahouètes.
Mmmh! un vrai dessert de goûter d'enfant, et rafraîchissant
en plus!
Les
moments galère
- La pluie en continu à El
Nido, avec disparition totale du soleil: la frustration
de regarder les belles couleurs turquoises de l’eau… sur
les cartes postales!
- Le temps incroyable perdu
dans les paperasses administratives absurdes pour charger
nos vélos sur les ferries
- La nécessité, tout de même, de
passer presque un jour sur quatre sur des ferries: on
préfère pédaler!
- La grosse crève d’Amanda
- La boue aux Palawan:
pas tant que ça, mais
qu’est-ce qu’on déteste!
- Les processions de fanatiques
et le prosélytisme
lourd des nombreux «pasteurs» que
l’on
a rencontrés: ce n’est décidément
pas notre truc!
- Le stress des transits
aériens avec les vélos,
mais ça, c’est pas vraiment lié au
pays!
- Heu… c’est tout?
Les meilleurs moments
- Nager avec les requins-baleine…
- L’hospitalité débordante de tous
les Philippins croisés en route… sans exception!
- Le sourire et la joie
de vivre des Philippins («Hey,
Joe! »)
- Les bons moments passés avec Frances et Neilkriss,
choyés par toutes leurs petites attentions
- Le pédalage le long des plages paradisiaques
- L’eau turquoise, les cocotiers, le sable blanc,
les couchers de soleil… comment ça vous nous
détestez??
- LA plage paradisiaque
des Palawan, rien qu’à nous,
inoubliable
- Les halo halo au bord
de la route, en-cas parfait du pédaleur surchauffé!
- Les superbes plongées des Palawan
|
|
Les Philippines semblent se résumer à une
succession de ces «meilleurs moments »: du pédalage
de rêve, des paysages de rêve, des plages de rêve,
des gens de rêve, serions-nous vraiment réveillés?
Finalement, heureusement que la pluie s’est abattue sur nous
pour les derniers jours, histoire de ne pas nous faire trop regretter
ce fabuleux pays… mais on a bien envie d’y revenir un jour! |
|
|